Dix.

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{Pdv d'Aki}

Mon dieu j'ai osé, j'ai osé, osé lui dire, osé lui avoué, à lui, Sharron. « Je t'aime », je lui ai dit, sans réfléchir, et mes mots ont payés, j'en suis heureux, je suis en couple, avec mon sauveur, Sharron. Je le veux dans mes bras, je le veux à mes côtés, je le veux dans mon esprit, je le veux avec moi. Surtout, je veux être important à ses yeux, je veux être celui qui lui remonte le moral, je veux être celui qui hante ses esprits, je veux être celui dont il rêve sans pudeur. Je suis égoïste de vouloir autant de choses, mais ce que je veux, c'est lui rendre la pareille, qu'il soit heureux avec moi comme je le suis inversement, Sharron, lui qui me fait oublier mes problèmes, lui qui me tourmente l'esprit, lui dont mes lèvres crient douleur quand elles ne le rencontre pas, lui qui éveille une confiance aveugle dans mon âme, lui qui m'a fait goûter au bonheur, sentiment que je considérai autrefois comme lointain souvenir, lui qui provoque un manque en moi lorsqu'il disparait de mon champ de vision, surtout, lui, qui hante sans répit mes rêves des plus malsains, des plus étranges. Sharron, je t'aime, et je n'arriverai jamais à te libérer de mon amour.

J'étais endormi, sur le canapé avec Sharron, afin de laisser sa sœur dormir sur un lit confortable, et...je ne suis pas tout à fait endormi, c'est comme si j'avais une partie de moi dans un sommeil, et l'autre partie était toujours dans le monde réel. J'avais...une sensation désagréable qui pesait en moi, je me sentais observé. Dans ces cas-là, j'ai juste à ouvrir les yeux et me rassurer de ce mauvais sentiment. Je m'exécutai alors, en soulevant durement les volets qui essayaient tant de bien que de mal de me garder dans le monde des rêves, et qu'ai-je vu ? Je pense qu'actuellement, c'est la pire chose qui puisse m'arriver. Kylie était rentrée, et un regard vide traversait le mien, des pupilles dilatées, un teint rougeâtre envahissait son dur visage, je ne dois vraiment pas l'ouvrir vu dans l'état dans lequel elle est actuellement. Je refermai alors immédiatement mes paupières.

-Tu penses vraiment que je suis assez bête pour me dire que tu es endormi ? Aki...prononça mon bourreau comme j'aime l'appeler

Aucun son n'osait vraiment s'échapper de ma bouche, je déniai. Je n'eus même pas le temps de penser plus qu'une brute sensation vint entourer mon cou. Il ne m'eut pas fallu deux secondes pour réaliser que Kylie essayait de m'étrangler. Qu'est-ce que...

Je sentais ses doigts sur ma pomme d'Adam, elle commençait à bien m'étrangler. J'essayais de l'en empêcher, mais j'étais figé, je n'arrivai pas à faire le moindre mouvement, tandis que je subissais la douleur. Quelques gémissements venaient décrire ma souffrance actuelle, je ne pouvais même pas penser correctement. Je commençais vraiment à avoir mal, ma tête tournait, pendant que mon ouïe me faisait entendre les respirations bruyantes de ma sœur.

Est-ce donc maintenant que je dois mourir ?

Non...je ne veux pas...

Qu'est-ce qui se passe ?

Pourquoi moi qui voulait tant mourir, je me retrouve à craindre la faucheuse ? Sa faux que je désirais trancher ma gorge, le plaisir d'enfin voir ses yeux dans l'ombre de sa capuche sombre et effrayante, le toucher du métal aiguisé traversant ma peau, la libération de mon âme s'en allant de ma couverture corporelle. Je le voulais tellement, pourquoi ai-je peur ? De quoi ai-je peur ?

Si, j'ai peur.

Des griffes ancrées dans mes chevilles depuis un petit moment essayent de m'enfoncer dans le sable mouvant qu'est la vie. Elles me retiennent, m'emparant d'une douleur malsaine, déposant dans mon sang un sentiment qui ne pourra plus jamais disparaitre, un sentiment qui se retrouve dans toutes les veines de mon corps. Je sens que j'apprécie cette douleur, je l'envie, de plus en plus qu'elle m'envahit, je la désire, elle éveille en moi des effets que la science est incapable de prouver, plus elle est là, plus je souhaite qu'elle s'amplifie, qu'elle s'amplifie, qu'elle s'amplifie jusqu'à ce que je sois incapable de penser, de ressentir autre chose. Cette douleur, elle se nomme. Elle se nomme Sharron. Depuis que tu es arrivé Sharron, je ne pourrais plus, mais vraiment plus détacher tes griffes de ma cheville, je veux que tu m'enfonces dans ce sable mouvant, n'ayant les poumons remplis qu'à moitié, la bouche obstruée de sable humide. Un sable dont chacun des grains se remplie d'un souvenir précieux que la mort ne saurait garder.

Red Autumn •Poppy Seed•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant