Quatre.

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{Pdv d'Aki}

Cette journée était trop étrange, je n'ai clairement pas l'habitude que quelqu'un veuille se rapprocher de moi ainsi, et puis avec ma phobie sociale, je n'arrive pas à concevoir puis cet après-midi surtout, pourquoi j'ai parlé avec lui ? Pourquoi lui ai-je même donné l'autorisation d'aller dans ma chambre ? Pourquoi je suis con comme ça ? Je sais pertinemment comment ça va aboutir, comme toutes les autres fois, pourquoi je ne l'ai pas plus rejeté sachant qu'il est comme les autres ? Surtout que hier même...hier même, ce même garçon m'a menacé de me frapper. Pourquoi ? Pourquoi il s'intéresse à moi d'un coup ? Pourquoi ça ? Et j'ai ri...Oh mon dieu j'ai ri avec cet individu lors de notre conversation sur la lecture. Je pense que c'est à ce moment-ci que j'ai baissé ma garde. Je n'aime pas ça ... Cette sensation de nouveauté...Surtout que je me resocialise. Je ne le fais pas parce que je sais comment ils sont, les humains, remplis de vis, moi-même je le suis. Mais lui, il était complètement menaçant la veille et maintenant, trouve le besoin de venir se rapprocher de moi. Pourquoi ? Cela fait trop de pourquoi pour mon faible esprit.

Je comptais alors, quand l'autre serait parti, de reprendre mon chapitre en cours, et de me reposer, mais bien sûr, il faut que Kylie arrive lorsque l'autre s'en va.

Et comme habituellement, Kylie ne va pas me laisser me reposer, c'était évident.

-Aki ?! Qu'est-ce qu'un client faisait dans ta chambre ? Putain qu'est-ce que tu as foutu comme ça ? elle s'écria directement

-Mais...Je n'ai clairement rien fait, c'est lui qui est venu vers moi et veux devenir mon ami, moi je n'ai jamais voulu, je tentai de me justifier

-Quoi ? Quelqu'un veut être ami avec toi ? Laisse moi rire ! s'exclama Kylie

Je ne lui répondis même pas, et elle sortit simplement de ma chambre, mais dès qu'elle franchit la porte, de longues gouttes d'eau s'échappèrent de mes yeux, j'en ai marre, vraiment marre. Je connais déjà la réalité de ma pauvre vie, ce n'est pas la peine de me le rappeler.

Finalement, je pris simplement un livre dans ma bibliothèque, pendant que les larmes s'écoulèrent toujours, déposant alors de précieuses gouttes de vie sur les pages plus ou moins sèches. Voulant essuyer, je ne fis qu'empirer la chose en étalant le liquide le long de la page. Je n'arrêtais pas de trembler, mes jambes bougent sans cesse sans que je n'y puisse prendre le contrôle, je mordillais le bout de mes lèvres déjà rongées par la souffrance de ma malheureuse existence. Finalement, j'essayais de déchiffrer les mots de ma page mais mes paupières tombèrent avant la fin de celle-ci. Je m'endormis alors, assis sur mon lit, un livre dans les mains, livre aux pages humides, de la faute de mes pleurs tombantes de mes gracieux yeux dont les contours sont rouges, démontrant la tristesse de cette scène.

J'espérai au fond de moi ne plus me réveiller, rester dans le monde des rêves pour toujours, où l'imagination est l'autrice, m'offrant des scènes, des sentiments jamais ressentis dans ce monde réel, ne serait-ce donc pas ça la mort ? Je suis persuadé d'être plus heureux une fois défunt, même si je n'ai jamais encore tenté, je préfère prier pour qu'un évènement tragique cause ma mort et que je n'en sois pas le responsable.

Je suis dans un champ de coquelicot, un rouge flamboyant vient décorer le paysage, la lumière du soleil couchant ne fis qu'émerveiller la scène, le vent frais vint s'ajouter à la tendre chaleur qui m'enveloppe si agréablement. Mes yeux admiraient sans répit la magnificence du paysage, et mes paupières viennent refermer ce délice, me délivrant à une froidure indomptable, j'essayais tout de même de les rouvrir, mais je ne fus que balancé devant cette sombre avenue qu'est l'intérieur de mes paupières. Ici il fait froid, glacé même, et il fait noir, aucune lumière ne vient se rabattre, le noir total s'abat actuellement. Et puis, une lumière tamisée fait son apparition, je découvris de plus en plus la scène, je suis debout, devant un miroir, et je me fixe. C'est vraiment un ancien miroir, décoré d'un cadre semblant premièrement composé d'or, mais à regarder plus vivement, tous les défauts du bois peint d'un doré puissant se révèlent. Ce cadre révèle une sculpture de personnages religieux, des anges aux coins supérieurs, accompagnés d'une...chose, un œil, qui me fixe sans scrupule, la pupille tellement profonde qu'elle réveillerai quelqu'un d'un long coma. Je baisse enfin le regard, et observe. C'est moi, bien sûr, mais...quelque chose d'étrange se dévoile de plus en plus. Des cicatrices se révèlent, puis deviennent des plaies ouvertes, envahissant l'entièreté de ma peau, dont on en voit plus la couleur originelle, mais qu'un puissant rouge sang. Puis, sans prévenir, une main dotée d'un tissu blanc vient recouvrir mes plaies, et les fait disparaitre si simplement. A côté de cette main apparait un poignet, et un avant-bras, et se forme toute une présence autour de moi, je sens cette personne maintenant derrière moi, seul son bras se révèle à ma vue. Tout logiquement, je me retourne pour identifier cet individu, et voilà que je remarque une coiffe blonde se déposant jusqu'au niveau du cou, des cicatrices s'ajoutent en rythme sur le corps de la personne, puis le visage apparait enfin, des yeux en amandes d'un brun puissant, des sourcils à peine plus foncés que les cheveux, un nez plutôt doux, mignon dirais-je, qui finit simplement au-dessus de cette bouche d'un rose tellement pure, et d'une forme la rendant plus ou moins sexy. Après avoir noté tout ces éléments, je comprends enfin. Ne serait-ce pas Sharron. Mais que fait cet individu si soudainement dans cette scène d'une étrangeté sans nom. Cette image absurde m'oblige à ouvrir mes paupières de force et je me retrouve de nouveau dans ma chambre.

Red Autumn •Poppy Seed•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant