Tu l'as tué ?

Chapitre 5

Chapitre 5

Greg ne dormait pas, il s'effondrait d'épuisement et était hanté par le souvenir des derniers mots de Nick, ceux qui l'avaient poussé à l'impensable, l'irréparable. Il était en colère contre lui-même, désespéré par ce qu'il avait commis et trop atterré pour questionner ce souvenir. S'il s'était au départ récrié et avait nié la possibilité qu'il commette une telle atrocité, à présent, il l'avait acceptée et en était accablé.

La médecin passait le voir et le félicitait d'accepter ainsi la réalité, elle lui disait que c'était une avancée vers la guérison et sa sortie de l'hôpital. Il n'en avait rien à faire, ni de quitter l'hôpital pour atterrir dans une cellule, ni de guérir, il savait qu'il ne pourrait pas continuer à vivre avec ce qu'il avait fait. Il ne pourrait jamais reprendre sa vie en sachant que Nick n'y serait plus et que c'était de sa faute.

Dans ses périodes éveillé, il se mettait à contempler l'idée de rejoindre l'homme qu'il aimait. Il analysa les outils qu'il pourrait utiliser pour ôter sa propre vie. Il réalisa assez vite qu'il n'y aurait que deux possibilités s'il concrétisait cette idée : s'ouvrir les veines avec les dents ou manger son oreiller. Il ne pensait pas avoir assez de courage pour en réaliser une des deux. Il avait beau être désespéré, se détester, il ne pourrait le faire que si ça allait vite. Il n'était pas encore tombé assez bas dans le puits de la détresse.

Il fut interrompu dans ses projets macabres et dans la destruction du peu d'estime de soi qu'il lui restait par l'entrée du médecin qui lui fit prendre son traitement avant de s'asseoir sur le rebord de son lit.

''Monsieur Sanders, votre état s'est suffisamment amélioré ces derniers jours pour que vous puissiez assister à votre procès. Celui-ci est prévu demain, voulez-vous contacter quelqu'un ? Un avocat ?''

L'idée même de chercher à prouver son innocence ou à réduire sa peine lui semblait être une insulte à la mémoire de Nick et à sa famille. Se présenter au procès et affronter le regard de ses collègues, des proches de Nick, de ses propres parents lui sembla inenvisageable.

''Je ne veux pas d'avocat, répondit-il. Je ne veux pas me défendre, ils peuvent juste me condamner à mort.''

Greg savait qu'il ne pourrait pas échapper au procès, ni aux regards, et ce constat lui donnait envie de disparaître.

''Un agent de police viendra dans quelques heures pour vous amener au tribunal.''

Greg ne l'écoutait déjà plus, il ne voulait pas aller à ce procès et faire face à ses actes devant ses proches et ceux de Nick. Il avait honte de lui, il n'arrivait toujours pas à expliquer son geste même si le souvenir de cette nuit-là tournait en boucle dans son esprit. Il ne prêta aucune attention à la médecin qui quitta la pièce, trop perdu dans ses pensées.

Il fut cependant pris d'angoisse après que la médecin soit revenue lui donner son traitement et lui annoncer l'arrivée de la police. Il ne comprit pas ce qu'elle lui dit par la suite, seuls sa peur de voir ses proches et son désespoir d'être responsable de la mort de Nick résonnaient en lui à ce moment-là. Il reprit contact avec ce qui l'entourait lorsqu'une policière se saisit des menottes qui encerclaient son poignet droit. Il réalisa alors que la médecin avait quitté la pièce et que plusieurs agents attendaient à l'extérieur de sa chambre.

Greg se mit à trembler de tous ses membres, l'idée de devoir faire face à la mort de Nick et à sa culpabilité lui sembla insurmontable. Il ne méritait pas de vivre alors qu'il avait pris la vie d'un homme formidable, un homme qui avait le cœur sur la main, un homme aimé par tous ceux qui le rencontraient, un homme qui allait manquer à tous ceux qui l'avaient connu. Il avait pris la vie de l'homme qu'il aimait, il lui manquait déjà terriblement, et se sentait plus bas que terre. Il ne méritait pas d'être en vie alors que Nick ne l'était plus.

Lorsque son poignet droit fut détaché du lit, le regard de Greg tomba sur l'arme de service à la ceinture de l'agent. Il y vit là sa porte de sortie. Le jeune homme se concentra, il savait qu'il n'aurait pas de seconde chance. Il attendit, tremblant, les larmes dégringolant le long de ses joues, que la policière fasse le tour du lit pour libérer son poignet gauche. Elle attacha ses deux poignets ensemble, devant lui et lui demanda de se lever.

Greg eut toutes les peines du monde à s'asseoir, ses muscles étaient faibles et il était resté allongé pendant plusieurs jours. Elle attendit qu'il soit stabilisé pour lui demander de se mettre debout. Le jeune homme perdit l'équilibre dès que ses pieds touchèrent le sol. Il s'appuya de tout son poids sur la policière et posa ses mains sur sa ceinture. Il récupéra l'arme sans soucis, avant de se laisser tomber au sol.

A genoux, en pleurs, mais certain de ce qu'il s'apprêtait à faire, il posa le canon de l'arme sous son menton. Le visage de Nick apparut devant lui, il l'appelait. Greg n'avait pas peur de mourir à cet instant, il voulait rejoindre son homme. Il avait peur de se louper, de ne pas réussir à se tuer du premier coup. Il n'aurait pas de seconde chance, il le savait.

Déjà la policière tentait de l'en dissuader. Ses collègues étaient entrés dans la chambre, elle lui parlait d'une voix calme.

Greg retira le cran de sécurité et ferma les yeux, prêt à rejoindre Nick.