Le jour ainsi que l'élément déclencheur reste vague dans mes souvenirs. Je me rappelle seulement d'une grande lassitude comme si ce jour était l'apogée de toutes mes souffrances.Cela faisait déjà des mois que j'y pensais, que je considérais cette lame dans mon tiroir. Combien de fois auparavant avais-je déjà passé mon doigt sur le tranchant du couteau me demandant quelles seraient les conséquences si je passais à l'acte ? Mais à chaque fois un frisson de peur ou plutôt d'appréhension me faisait ranger ce couteau.
Seulement ce jour-là, un jour pluvieux du mois de mai, suite à une journée plus éprouvante que les autres, je me suis à nouveau retrouvée face à cette lame.
Mes pensées confuses se bousculaient dans ma tête. J'avais besoin de réconfort, réconfort que je retrouvai bientôt dans la douleur et la vue du sang coulant sur ma jambe.
En y repensant. j'aurais donné le monde pour qu'une personne me prenne dans ses bras à ce moment précis, me retire cette lame des mains et m'apporte le réconfort dont j'avais besoin.Mais c'était juste moi face à mes idées noires et ce couteau. Et alors une phrase fantôme résonna dans mon esprit comme un écho : “Juste un trait, ça ne peut pas te faire de mal”.
J'étais tellement désespérée que j'ai écouté cette voix et lentement en appuyant autant que je pouvais (pour être sûre de réussir), j'ai tracé cette ligne qui a rapidement pris une teinte rouge. Ce serait ironique de dire “une teinte rouge sang” car je saignait bel et bien.
Suite à mon geste, j'ai relâché un souffle que je ne savais même pas que je retenais et tandis que la douleur aiguë s'estompait j'avais enfin l'impression de respirer.
C'était comme si l'étau qui resserrait mes poumons auparavant était enfin parti.
Puis comme si rien ne s'était jamais produit j'ai continué à vivre. Je n'avais jamais ressenti un tel soulagement.Seulement celui-ci fut de courte durée et je me retrouvais à nouveau 3 jours plus tard face à cette lame.
Mais la peur de la douleur n'était plus là pour m'empêcher de recommencer car je connaissais à présent cette douleur. Ainsi de nouveaux traits vinrent se rajouter à celui déjà existant.Mais je sombrais petit à petit en pensant m'en sortir. Je redessinais ces traits rouges à la moindre contrariété et au bout de seulement 3 semaines je ne pouvais plus vivre sans. Même les jours où tout allait bien, l'appel de la lame était trop fort.
Alors voilà où j'en suis à présent et je suis désolée. Je suis désolée de chercher du réconfort auprès de la douleur plutôt que de me confier à quelqu'un. Je suis désolée car pour l'instant je ressens un tel soulagement en faisant ça que je ne veux pas arrêter. Je suis désolé enfin pour les quelques personnes qui tiennent à moi (ironique de dire cela car moi-même je ne tiens pas à moi), je ne veux pas vous inquiéter ni vous blesser.
Je pense cependant être suffisamment bien placé pour parler aux personnes qui pensent, qui se sentent prêtes à confier leur vie à une lame. Au début on commence en se disant que l'on pourra s'arrêter à tout moment, que ce ne sont pas trois traits qui nous plongeront dans cette addiction mais je vous assure que c'est beaucoup plus rapide qu'on ne le pense.
Alors s'il vous plaît prenez soin de vous, soyez égoïste ou jetez vous dans les bras d'un ami mais ne vous confiez pas à une lame aussi petite soit elle.