Cela fait une semaine depuis ma dernière tentative d'évasion, et ce soir, ils vont me présenter officiellement comme la fille du roi. Ce soi-disant père que je n'ai vu que très peu de fois depuis mon arrivée ici. J'ai compris que je fais partie d'un plan, mais lequel ? Pour le moment, je ne suis que le souffre-douleur de son fils.
Julia prépare ma robe pendant que je suis derrière le paravent, apportant les dernières retouches pour que je sois parfaite ce soir. Une fois ma robe enfilée, je me regarde dans le miroir et je peine à me reconnaître.
Mes cheveux sont longs et cette robe, bien que très serrée, me donne une taille plus fine. J'ai moi-même l'impression d'être devenue une fille fragile. Quand je me moquais de ces filles auparavant, je comprends maintenant que je n'aurais pas dû. Tout n'est que camouflage. L'habit fait beaucoup, je pense en regardant cette image.
La robe couvre tout mon corps, ne laissant paraître qu'un subtil décolleté carré, recouvert d'une fine dentelle remontant jusqu'à ma nuque, oppressante. Ce n'est clairement pas avec cette tenue que je pourrais m'échapper. Se mouvoir dans cette robe est difficile, je me demande même comment je vais pouvoir danser.
Chose que je devrai faire, si j'ai bien compris ; j'ai eu trois cours de danse cette semaine pour apprendre les bases. J'aurais aimé en avoir plus, j'appréciais ces moments. Mais ce n'est pas moi qui décide.
« Parfait ! Vous êtes parfaite dedans ! » tonne Julia, me sortant de mes pensées.
« Merci. Dites, est-ce que vous pouvez desserrer un peu le corset ? »
« Euh... Vous savez, mademoiselle, c'est comme cela que cela se porte... Vous êtes sûre ? »
« Oui, je préfère respirer qu'être dans la norme. »
« Bien, comme vous souhaitez. »
Julia desserre légèrement le corset, rendant la robe un peu plus confortable. Elle s'occupe ensuite de ma coiffure, relevant mes cheveux et les décorant de bijoux. J'ai aussi droit à des boucles d'oreilles super lourdes.
Elle me dit que j'ai de la chance, que mon frère a choisi de magnifiques pierres précieuses. Je ne la comprends pas, elle a déjà vu mon corps plusieurs fois après mes punitions, mais elle joue toujours à l'ignorante. J'ai voulu aborder le sujet plusieurs fois, pensant faire d'elle une alliée, mais elle a un filtre magique qui ne laisse passer que les informations qu'elle veut bien entendre.
TOC TOC
On frappe à la porte, Julia part ouvrir. C'est Jean.
« C'est l'heure », dit-il.
« Parfait, je viens de terminer ! » répond Julia. Elle récupère quelques affaires avant de me laisser seule avec mon garde du corps.
« Venez, je vais vous accompagner. Monsieur se joindra à vous avant votre entrée dans le hall. »
Je commence à le suivre et, en chemin, je lui demande : « Que vous a-t-il demandé l'autre soir ? »
Il tourne la tête vers moi et répond : « Comme d'habitude. »
« C'est-à-dire ? » J'insiste, mais aucune réponse ne vient.
Je descends avec difficulté les premiers escaliers. Je parie qu'il m'a fait m'apprêter ainsi pour que je ne puisse pas fuir. Car ce soir, il y aura beaucoup de monde, les gardes auront plus de travail que d'habitude.
C'est tentant, mais le tas de muscles à côté de moi me rattraperait aussi vite que j'aurais fait un pas dans la mauvaise direction. Il faudrait que j'arrive à me séparer de lui, comme lors de ma dernière escapade, lorsqu'il avait été appelé par un autre garde. Une histoire d'intrus. Merci à ces intrus de revenir ce soir, s'il vous plaît !
VOUS LISEZ
Le Baiser du Tyran
RomanceDans une ville labyrinthique où chaque ruelle cache un danger, Bianca Valendris tente désespérément d'échapper à une vie de captivité et de terreur. "Je cours aussi vite que possible, slalomant entre les petites rues, mais je ne vois personne dehors...