Le Baiser du Tyran

Chapitre 8

« Adam ! Qu'est-ce que... » dit M. Baldwin.

Nous venons d'arriver. Je suis déposée au sol et je me tourne face à M. Baldwin.

« Pourquoi avez-vous envoyé ce rustre me chercher !? » m'énervai-je contre lui.

Le rustre derrière moi répète le nom que je viens de lui donner dans sa barbe.

« Bianca, ce n'est pas ma faute, il voulait venir te chercher lui-même, en guise de remerciement », répond M. Baldwin.

« Me remercier ? ... Quoi, attends... Vous avez dit : Adam ? »

« Ça veut dire que c'est lui à qui j'ai donné la pierre ? » demandai-je.

Il n'a pas le temps de me répondre que celui qui m'a porté sur son épaule passe devant moi et se penche à mon oreille.

« Exactement, merci encore pour ce collier », dit-il en tripotant le dit collier.

Pourquoi n'y ai-je pas fait attention plus tôt ? Mais en même temps, il paraît bien jeune pour quelqu'un qui est resté plus de 20 ans en prison. Ah, mais c'est vrai, la prison est magique.

« Recule. » dis-je en poussant 'Adam'. Il se décale largement, me permettant de faire face à M. Baldwin.

« Bien, maintenant qu'il est sorti, vous devez tenir votre promesse et m'aider à quitter ce pays », j'annonçai la tête haute.

« Eh bien M. Baldwin, quelle petite commandante ! Elles sont toutes comme ça, les jeunes femmes de nos jours ? » rigole Adam.

Je me tourne vers lui et le regarde en levant un sourcil.

« Bon, allons-y, tu vas monter avec moi », m'annonce M. Baldwin alors qu'il monte sur son cheval et me tend sa main.

« Merci, où allons-nous ? » dis-je en prenant sa main.

« Chez moi », répond Adam, empêchant M. Baldwin de me répondre. Il monte à son tour sur un cheval, puis nous rejoignons un groupe d'hommes. Je reconnais l'ami de M. Baldwin qui l'accompagnait au palais.

Nous nous mettons donc en chemin. Je reste silencieuse et m'accroche au vêtement de M. Baldwin. Je suis derrière lui.

***

Voilà plusieurs heures que nous chevauchons, j'ai terriblement mal aux fesses. Je vois Adam, qui était en tête de file, s'arrêter.

Nous avons enfin le droit à une pause.

M. Baldwin descend de cheval. Je n'avais jamais monté à cheval, je ne pensais pas que c'était aussi fatiguant.

« Bianca ! » m'appelle Adam. Je le rejoins, il me tend un bout de pain. Je le remercie et pars m'asseoir dans l'herbe un peu plus loin. J'apprécie cette pause. Chacun mange un en-cas, ils ont l'air joyeux, alors que leurs vêtements font peur ; la plupart sont tachés de sang. Les personnes ici présentes sont toutes des meurtriers. Est-ce ma faute ? je me sens coupable aussi...

Je vais profiter d'eux pour quitter le pays, c'est tout.

Mais je ne peux m'empêcher de penser aux vies prises lors de l'assaut du palais. Des gardes, des serviteurs, des gens qui ne voulaient que protéger ou servir. Les cris de douleur, les visages déformés par la peur... Ces souvenirs me hantent. Malgré tout, je dois rester forte. Il faut que je m'en sorte.

***

La pause n'a pas duré longtemps, et nous sommes ensuite repartis. Maintenant, la journée touche à sa fin et nous venons d'arriver dans un petit village au bord de la mer. Je suppose que nous prendrons un navire demain.