Chapitre 6

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Trois semaines se sont écoulées, et ma cheville va beaucoup mieux. Je peux maintenant me déplacer avec une canne sans trop de difficulté. J'ai fait part de mon envie à Alaric de me joindre à lui lors de sa prochaine visite à la forteresse d'Ébène. Je lui ai dit que j'aimerais vraiment voir le bâtiment, car cette prison existe depuis très longtemps et figure dans de nombreuses histoires. Il y a même des légendes à son sujet. Rien d'étonnant à ce que je lui en fasse la demande. 

Pourtant, il n'a pas été d'accord au départ. J'ai usé de charme : un beau sourire, l'appeler par son prénom, un bisou sur la joue suivi d'un câlin. Je savais qu'il apprécierait. Ainsi, j'ai obtenu son accord pour l'accompagner la prochaine fois qu'il irait.

Mais maintenant...

« Mademoiselle, vous êtes prête ? » tonne Jean à la porte.

Je dois me rendre à son bureau. Que me veut-il ? J'espère qu'il n'a pas changé d'avis. Une fois prête, je me rends donc à son bureau. Jean toque, puis nous entrons après en avoir reçu l'ordre.

Alaric se lève de sa chaise et vient à ma rencontre.

« Ma belle Bianca a bien dormi ? » demande-t-il en s'approchant.

« Oui, merveilleusement bien », réponds-je avec un faux sourire.

« Super, viens me dire bonjour comme il se doit. » dit-il en s'arrêtant à deux pas de moi et en écartant les bras. Je comprends qu'il veut que je l'enlace.

« Bianca... » dit-il.

Je joue mon rôle et l'enlace comme il le souhaite. Une fois cette embrassade terminée, il me dit que je peux rester avec lui pendant qu'il travaille. Sous-entendu, mieux vaut que j'accepte cette proposition.

Je passe donc la journée avec lui. À midi, nous mangeons dans son bureau. Nous échangeons des banalités pendant cette pause puis il continue son travail. Plusieurs personnes viennent déposer des dossiers ou rapporter des faits. J'apprends qu'il y a toujours des intrus en ville et qu'il est important de les capturer.

Il paraît qu'une autre personne est morte la nuit dernière. C'était le seul sujet intéressant de la journée.

En fin d'après-midi, je me rends, accompagnée de mon garde, dans ma chambre pour prendre une veste et revêtir quelque chose de plus simple, sur ordre d'Alaric. Nous sortons ce soir. J'espère que nous allons enfin à cette prison. Je prends donc le collier avec moi, le cache dans mon décolleté avant de mettre le châle qui le couvre.

Effectivement, j'avais raison, nous sommes devant cette prison. 

Le bâtiment est vraiment impressionnant. Nous avançons entre deux colonnes de marbre noir. Au centre de ces colonnes se trouve une porte d'une hauteur que je n'avais jamais vue. Émerveillée par cette grandeur, je me demande comment peut bien être l'intérieur.

Alaric échange quelques mots avec les gardes, puis la porte s'ouvre devant moi. L'intérieur est sombre, il n'y a pas de lumière. C'est vrai que de l'extérieur, je n'ai pas vu de fenêtres. Les prisonniers ne peuvent donc pas savoir l'heure de la journée. C'est astucieux, pensai-je, comme si j'allais un jour ouvrir ma propre prison.

« Allons-y ! » me signale Alaric en me tendant son bras.

Je fais un pas et pose ma main sur son bras. Nous entrons. Jean nous ouvre la voie, tenant la lampe à gaz. Plus nous avançons, passant entre une multitude de couloirs, plus je comprends pourquoi on dit qu'il est impossible de sortir de cette prison. C'est un vrai labyrinthe.

« Où allons-nous ? » finis-je par demander.

« Je vais te montrer le plus bel endroit de cette prison », affirme Alaric avec un sourire effrayant.

Le Baiser du TyranOù les histoires vivent. Découvrez maintenant