Une nuit de printemps, une brise chaude me caressait le visage, un petit sourire commençait à se dessiner sur mon faciès.
Assise sur une chaise que j'avais approchée de ma fenêtre, je regardais de loin un magnifique paysage. Une scène douce et chaleureuse, un tableau a réchauffé un cœur glacé, un magnifique cadre de famille.
Une mère qui rigolait au plein éclat, entourée de ces enfants qui accordaient leur rire à celui de leur génitrice.
Cette mère était la mienne et ces enfants étaient mon frère et ma sœur. Ils se souriaient, rigolaient, se taquinaient. Ils étaient dans leur petite boule que j'enviais tellement, et que je ne pouvais que rêver. Aucun d'eux n'avait remarqué mon absence comme d'habitude et devaient pas mal s'en foutre.
Je sentis un petit pincement au cœur, l'ignorance que je vivais à leur égard me faisait si mal, je sentais déjà mon menton trembler, mes yeux s'humidifiaient, je serrais mon poing jusqu'à planter mes ongles dans ma chair, pour m'empêcher de verser une seule larme. Ça ne valait pas la peine, surtout pas pour une telle « famille ».
Si je venais à regarder cette scène une seconde de plus, je pense que je viendrais à me jeter par la fenêtre.
Je décidais enfin de fermer cette fenêtre, je tirais sur mes rideaux pour me plonger dans le total noir, je me dirigeais vers mon lit sur lequel je m'allongeais dessus. J'arrivais à le localiser dans le noir, c'était devenu si facile qu'à force de le faire, on se familiarisait rapidement. Drôle de situation, n'est-ce pas ?
Je levais la main vers le plafond puis la serrai en un poing, je ne saurais dire pourquoi, peut-être pour attraper ce fantasme de vouloir à tout prix faire partie de cette famille. Oui, ce n'était qu'un fantasme, rien d'autre et rien de plus. Je sentais encore les larmes me monter aux yeux, j'essayais tant bien que mal de les retenir, mission plutôt difficile.
Toujours la même histoire, il suffisait que je voyais tout le monde réuni pour que je perde tous mes moyens. Pourtant, depuis toute petite, je vis cette situation, rien de nouveau, c'est une image normale que je voyais constamment et que j'allais continuer à voir, c'était normal, et ça devait l'être !
Je pris mon casque qui se trouvait sur ma table de chevet, que je connecte à côté de mon téléphone. Je mis « hurts so good » d'Astrid S, que j'allais écouter en boucle jusqu'à ce que le sommeil me trouve.
J'écoutais cette chanson sans réellement l'entendre, c'était juste une manière pour moi de fuir la réalité et de n'y pas trop penser à ce qui vennait de se passer. Je fixais le plafond sans vraiment le voir...
Pourquoi je devais être la seule à vivre cette injustice ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour vivre ça ? Pourtant, je suis une des leurs...
Quand je pensais au passé, un drôle de sentiment m'enveloppa.
J'avais crispé la bouche et fermé brièvement les yeux sans m'en rendre compte pour échapper à ses pensées qui me hantaient depuis.
J'avais si mal que j'avais arrêté de respirer, mon corps s'était immobilisé, mon cœur battait à la chamade, je retenais toujours mon souffle comme si c'était le responsable de cet affolement que mon esprit vivait.
Les battements de mon cœur étaient devenus si fort soudainement, que je les entendais dans chaque parcelle de mon être, je les entendais tambouriner dans mes oreilles, je les entendais palpiter sous ma peau. Mon sang ne fit qu'un tour dans mon corps. Je sentais des perles de sueurs se former sur mon front, des tremblements prirent possession de ce corps déjà très fragile.
J'ouvris les yeux directement, j'étais toujours en possession des spasmes qui me faisaient frissonner, j'avais besoin de respirer, je sentais que je m'étouffais, comme si j'allais me noyer dans un océan profond.
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Anastasia
AcciónAnastasia, la fille du parrain de la mafia Russe, issue d'une mère et d'un père russes. Elle est l'enfant oublié, le fantôme de la famille, l'enfant dont on n'en parle presque jamais. L'enfant qu'on laisse de côté, l'enfant qu'on laisse s'éduquer...