On volait déjà depuis plusieurs heures, de Moscou à Bogotá, il fallait compter 14 h 09 minutes de vol...
Stanislav se reposait, tandis que j'avais le regard perdue dans le ciel.
À travers le hublot, je voyais mon reflet, une expression sans émotions. À vrai dire, qu'est-ce que je pouvais ressentir à ce moment-là ?
De la tristesse ? Parce que je venais de me faire abandonner par une famille qui me méprisait depuis mon premier jour dans ce monde.
De la colère ? Envers moi-même, qui n'a pas su me faire accepter par ma famille.
De la peur ? De ce qui allait m'arriver dans cette nouvelle aventure.
J'étais perdue et je ne savais vraiment pas quoi sentir !
Je me sentais dépourvue de sentiments...
La discussion entre Stanislav et moi me revient à l'esprit, avant que le sommeil ait raison de lui.
— Pourquoi tu as accepté de venir avec moi ? Tu es l'indispensable de mon père.
Il me regarda droit dans les yeux, son air moqueur réapparu.
— Ce n'était pas une proposition, je me suis porté volontaire, c'est vrai qu'il était très surpris aussi — il s'arrêta dans sa narration, levant les yeux au ciel comme pour se remémorer de la scène — il n'était pas réellement d'accord au début, mais j'ai réussi à le persuader.
Je fronçais des sourcils, il avait négocié lui-même pour venir avec moi ? J'avais du mal à le croire...
— Pour quelle raison ?
Il me sourit tout simplement.
— Parce que je le voulais et même, je ne suis plus d'utilité au patron, tu sais, Anastasia, je vieillis, je ne suis plus comme avant...
Il afficha un visage mesquin à la fin de sa phrase.
Je ne le croyais pas un gramme de ce qu'il me racontait et le savait parfaitement.
— Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ?
— En effet.
Stanislav eu un sourire au coin des lèvres.
— Anastasia, Anastasia, Anastasia - Après l'énumération de mon prénom, il lâcha un long soupir, en jetant sa tête en arrière - Pourtant tu devrais, je me suis porté volontaire, car je voulais être à tes côtés, je t'ai vue grandir, j'ai tout vu de mes propres yeux, dont l'enfer que tu as vécu... - Il reprit son sérieux, noyant son regard dur dans les miens - Je n'ai pas pu te défendre comme il fallait, et quand j'ai entendu cette histoire, je l'ai vue comme une opportunité, pas pour me rattraper, mais pour faire ce que je devais faire plutôt.
Je fronçais des sourcils, je trouvais son but ridicule, me protéger ? Pourquoi ? Il ne l'a pas fait quand il le pouvait alors pourquoi maintenant ? Surtout contre un gang que lui-même désignait de « sauvage », « meurtrier »...
— Je sais que tu n'es pas convaincu, mais je te le prouverais, coûte que coute !
Je ne fis pas de commentaire après cette phrase...
Un long silence s'était installé après notre conversation...
J'avais vraiment mal à la tête, tout s'était passé tellement rapidement que je n'avais même pas eu le temps de respirer un bon coup d'air. Des déclarations sur déclarations, des mots blessants sur mots, les pièces se mettaient en place doucement à présent.
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Anastasia
AçãoAnastasia, la fille du parrain de la mafia Russe, issue d'une mère et d'un père russes. Elle est l'enfant oublié, le fantôme de la famille, l'enfant dont on n'en parle presque jamais. L'enfant qu'on laisse de côté, l'enfant qu'on laisse s'éduquer...