Chapitre 3

1 0 0
                                    

Je me réveillai dans une petite maison en bois, le grincement d'un fauteuil à bascule berçant doucement le silence. La lumière douce du matin perçait à travers les rideaux de dentelle, créant des motifs délicats sur le sol en bois, comme des ombres dansantes qui semblaient raconter des histoires d'antan. Les murs, recouverts de cadres anciens et de tapisseries usées, ajoutaient une chaleur nostalgique à la pièce. Une vieille horloge murale égrainait lentement les secondes, son tic-tac se mêlant harmonieusement au grincement du fauteuil.

Une vieille femme, au visage marqué par les années mais aux yeux encore vifs, veillait sur moi. Ses cheveux argentés étaient noués en un chignon soigné, quelques mèches rebelles échappant à la rigueur de sa coiffure. Elle portait un tablier par-dessus une robe en laine grossière, dont les couleurs délavées témoignaient des nombreuses lessives et des années passées. Ses mains, ridées et légèrement tremblantes, étaient occupées à tricoter, les aiguilles cliquetant doucement à chaque mouvement. Le parfum subtil de lavande et de pain frais flottait dans l'air, apportant une sensation de confort et de sécurité.

La vieille femme leva les yeux de son tricot et me sourit, un sourire empreint de douceur et de sagesse. "Tu es enfin réveillé," dit-elle d'une voix douce mais ferme. "Tu es resté endormi pendant un bon moment. Comment te sens-tu?"

Je me redressai lentement, les draps rugueux glissant de mes épaules, et jetai un coup d'œil autour de moi. Les meubles simples mais solides, la cheminée où des braises rougeoyaient encore, et les étagères remplies de livres et de bibelots anciens, tout contribuait à l'atmosphère sereine et rassurante de cet endroit. C'était comme si le temps s'était arrêté, me permettant de reprendre des forces dans cette oasis de tranquillité.

Confuse, je tentai de me redresser, mais une douleur aiguë me transperça le crâne, me faisant grincer des dents. La pièce autour de moi sembla tourner un instant, et je dus fermer les yeux pour ne pas être submergée par un vertige nauséeux. En portant la main à mon visage, je réalisai avec horreur que je ne voyais plus d'un œil. Mon cœur s'emballa, et une vague de panique monta en moi.

Mes doigts tremblants rencontrèrent des bandages rugueux couvrant mon œil gauche. Le tissu était imbibé d'un onguent médicinal qui dégageait une odeur de plantes et de résine, un mélange piquant et terreux qui m'était vaguement familier. Je pouvais sentir la texture granuleuse de l'onguent à travers le bandage, une sensation à la fois apaisante et étrange.

Des fragments de souvenirs me revinrent en mémoire : une chute brutale, des éclats de lumière aveuglante, et des cris lointains. Je me souvenais d'avoir heurté quelque chose de dur, puis d'avoir sombré dans l'inconscience. Mais les détails restaient flous, comme un rêve dont on ne retient que des bribes.

La vieille femme dans le fauteuil à bascule cessa de tricoter et se pencha vers moi, son regard empreint de sollicitude. "Ne t'inquiète pas," dit-elle d'une voix douce mais assurée. "Tu es en sécurité ici. Le bandage est temporaire, pour protéger ton œil pendant qu'il guérit. Nous avons utilisé un remède ancien, très efficace, à base de plantes de la forêt."

Elle prit ma main dans la sienne, une main chaude et réconfortante, et continua : "Tu dois te reposer encore un peu. Ton corps a besoin de temps pour se remettre de ce qui t'est arrivé." Ses mots, bien que réconfortants, n'atténuèrent pas entièrement l'angoisse qui m'étreignait. Je savais qu'il me faudrait du temps pour comprendre pleinement ce qui m'était arrivé et retrouver ma sérénité.

— Ne t'inquiète pas, mon enfant, dit doucement la vieille femme en s'approchant avec une agilité surprenante pour son âge. Son dos légèrement courbé ne semblait pas entraver ses mouvements, et elle se déplaçait avec une grâce étonnante. Tu as été blessée la nuit dernière. Mon petit-fils t'a trouvée dans la forêt et t'a ramenée ici pour te soigner.

EveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant