Chapitre 6

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Cinq jours. Cinq jours étaient tout ce qu'il me restait avant ma "transformation"...

Les événements de la semaine passée avaient ébranlé chaque fibre de mon être, comme si chaque moment avait été une épreuve de survie intense. Échapper aux griffes des lycanthropes, ces créatures dont la seule mention faisait frémir même les plus courageux, avait été un miracle que je ne pouvais pas encore totalement saisir. Chaque nuit depuis mon retour au village, je revoyais leurs yeux jaunes brillants dans l'obscurité de la forêt, leur souffle rauque et leur appétit pour la chair humaine.

Pourtant, malgré ces visions terrifiantes qui hantaient mes rêves, retrouver enfin le chemin de mon village avait été une bénédiction. Le simple fait de revoir les maisons familières, les rues pavées que je connaissais depuis mon enfance, avait fait fondre une partie de la glace qui s'était formée dans mon cœur. Mais la vraie joie, le véritable soulagement, étaient venus lorsque j'avais retrouvé ma famille.

Leur accueil chaleureux, mêlé de soulagement et de préoccupation, m'avait fait fondre en larmes. Mes parents avaient serré leurs bras autour de moi avec une tendresse renouvelée, comme s'ils redécouvraient l'importance de chaque étreinte. Mon frère avait tenté de masquer son inquiétude derrière un sourire encourageant, mais je savais qu'il avait vu la cicatrice sur mon visage. Une cicatrice physique et bien plus profonde, témoignage silencieux des horreurs que j'avais traversées.

La nuit où je leur avais raconté ce qui s'était passé avait été difficile. Les mots avaient peiné à sortir, coincés dans ma gorge comme des ombres indésirables refusant de se montrer. J'avais décrit la peur viscérale, l'adrénaline pulsante dans mes veines alors que je courais pour échapper à mes poursuivants. Chaque détail était comme un morceau de verre à manipuler avec précaution, redoutant de rouvrir des blessures encore fraîches.

Pourtant, malgré tout, ils avaient écouté avec une attention silencieuse, absorbant chaque mot comme s'ils cherchaient à partager le fardeau de mes souvenirs. Leurs visages avaient oscillé entre l'incrédulité et la compassion, oscillant entre l'horreur de l'histoire et le soulagement palpable que j'étais rentrée à la maison saine et sauve.

Maintenant, alors que je me tenais devant la fenêtre de ma chambre, regardant la lune argentée glisser à travers les nuages, je me demandais comment ces événements allaient façonner mon avenir. La cicatrice sur mon visage était un rappel constant de ce que j'avais survécu, un témoignage muet de ma résilience et de ma détermination à ne jamais oublier. Et bien que je préfère taire les détails les plus sombres de cette semaine cauchemardesque, je savais que chaque battement de mon cœur serait désormais marqué par la gratitude d'être de retour parmi les miens, dans le cocon protecteur de mon village.

La soirée de célébration s'était déroulée dans une atmosphère à la fois euphorique et chargée d'une tension sourde. Les villageois avaient transformé la place centrale en un tableau vivant de joie et de soulagement apparent, leurs rires et leurs chants résonnant dans les ruelles étroites. Pour beaucoup, c'était comme si un poids immense avait été levé de leurs épaules, ignorant totalement la véritable menace qui avait rôdé dans les bois qui entouraient leur paisible hameau.

Les tables étaient dressées avec des mets fumants et des breuvages pétillants, chacun essayant de noyer les réminiscences des nuits où la terreur était devenue leur compagnon nocturne. Les enfants jouaient à cache-cache entre les adultes qui s'adonnaient à des danses folkloriques endiablées, comme si la simple action de bouger pouvait effacer les sombres souvenirs qui hantaient leurs esprits.

Pourtant, au milieu de cette effervescence feinte, il y avait le vieux prêtre, Père Albar, un homme dont les rides témoignaient de nombreuses années passées à apporter réconfort et sagesse à sa communauté. Il avait observé le déroulement de la soirée avec une attention particulière, ses yeux scrutant les visages des villageois avec une acuité presque surnaturelle.

EveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant