Chapitre 8

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La journée avait été longue et épuisante, passée à arpenter les sentiers sinueux de la forêt dense aux côtés d'Aaron. Le crépuscule s'était insinué à travers les frondaisons épaisses, et nous avions enfin regagné sa maison, qui avait été autrefois la mienne avant que tout ne change. Le besoin de provisions fraîches et de vêtements propres nous avait ramenés là où nos chemins s'étaient séparés.

En franchissant le seuil, épuisée mais soulagée, je fus accueillie par une scène des plus inattendues. Face à moi, dans le salon jadis familier, se tenait ma belle-mère, les yeux grands ouverts de surprise et de peur. Mon cri de surprise résonna dans l'entrée, alertant tout le voisinage endormi à cette heure tardive. Les secondes s'étirèrent alors que le choc s'insinuait dans chaque fibre de mon être.

Elle avait dû entendre le bruit de la porte qui grince, pensant peut-être à un intrus dans la maison. Pourtant, c'était moi qui était l'intruse maintenant, dans ce qui avait été mon foyer autrefois. Les mots restaient suspendus dans l'air chargé d'émotion, aucun de nous n'osant briser le silence tendu qui s'était installé entre nous.

Les souvenirs affluaient, mélange de chaleur familière et de douleur oubliée. Cette maison avait été le théâtre de tant de joies et de peines, un endroit où les rires et les larmes avaient résonné dans chaque pièce. Et maintenant, après tant d'années d'absence forcée, je me tenais là, confrontée à celle qui avait été une figure maternelle autrefois, maintenant une étrangère dans ma propre vie.

Les lumières du voisinage commencèrent à s'allumer timidement à travers les fenêtres, répondant à mon appel involontaire. La réalité de la situation s'imposait lentement, et je réalisai que ce retour, ce moment si attendu, était bien plus complexe que je ne l'avais imaginé.

Je me suis précipitée hors de la maison, mais les villageois s'étaient déjà rassemblés autour de moi, formant un cercle serré qui semblait se refermer inexorablement. Chaque visage exprimait une curiosité mêlée de méfiance, leurs yeux scrutant chaque geste, chaque expression sur mon visage. J'étais piégée, incapable de m'échapper, et l'idée même de retourner dans cette cage de secrets et de non-dits m'a terrifiée au plus profond de mon être.

Puis, soudain, une commotion éclata à l'entrée de la rue principale. Une bête noire surgit dans la foule, bousculant les villageois déjà armés et alertés par le cri perçant de ma belle-mère. Ses griffes étincelaient dans la faible lumière des lampadaires, et ses yeux luisaient d'une lueur sauvage et indomptée. Elle se débattait avec une force désespérée, tentant de se frayer un chemin à travers la marée humaine qui la cernait.

Les cris et les exclamations fusèrent tandis que les villageois tentaient de contenir la créature, un mélange chaotique de peur et de fascination remplissant l'air nocturne. Certains brandissaient des torches, d'autres des outils de travail transformés en armes improvisées. La tension montait rapidement, la situation échappant à tout contrôle alors que la bête tentait désespérément de se libérer de cette étreinte humaine de plus en plus oppressive.

Pour un instant, le monde sembla suspendu dans une danse hésitante entre la panique et la résolution. Leur réaction à la bête était une distraction bienvenue pour moi, offrant une précieuse seconde d'incertitude où je pourrais peut-être trouver une voie de sortie. Mes yeux cherchaient frénétiquement une échappatoire dans le labyrinthe de visages crispés et de corps agités qui m'entouraient, alors que la bête continuait à lutter, ses rugissements résonnant dans la nuit comme un cri de liberté désespéré.

Plus la bataille avançait, plus le soleil déclinait à l'horizon, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes qui contrastaient étrangement avec la tension palpable dans l'air. Les ombres s'allongeaient, étirant les silhouettes des villageois en une danse grotesque de lumières et de ténèbres.

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