chapitre sept

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Aujourd'hui, Gabriel et Jordan allaient prendre la parole.

L'un stressé, l'autre en était habitué.

"- Ça va bien se passer, ne t'inquiètes pas."

Gabriel prenait toujours le temps de rassurer le plus jeune. Ce dernier lui en était toujours très reconnaissant.

- Je ne m'en fait pas, je vais gagner le cœur de mes chers Français, ils vont tous m'aimer et adorer mon élocution !"

Attal appréciait l'entrain de Bardella, même s'il parvenait toujours à déceler cette par d'appréhension.

**

"- D'après nos sondages, l'immigration doit être la première des priorités de l'Union Européenne. C'est à vous de commencer Jordan Bardella.

Débuta la présentatrice.

- Tout d'abord on est peut-être là sur l'un des sujets les plus...

- comté.

- Parce que contrairement à vous, je pense que...

- Reblochon.

Un silence pesant s'installa durant quelques secondes. Jordan reprit:

- Le modèle...

- Cantal.

- Que défend...

- Roquefort."

Un nouveau silence planait.

Les deux protagonistes se regardèrent. Gabriel rigolait bien de son côté, alors qu'un rictus s'emparait des lèvres de Jordan.

Jamais du débat leurs yeux ne se quittèrent. N'importe qui pourrait penser qu'il s'agissait là d'une histoire d'amour. Eux qui souhaitaient être discrets, les voilà à papillonner devant des milliers de spectateurs.

d'un regard ils communiquaient ô combien ils s'impatientaient que ce débat se finisse. Ils n'en avaient que faire de qui le gagnerait, ils souhaitaient simplement la présence de l'autre.

D'un sourire ils exprimaient cette joie que l'autre leur apportait. Qu'est-ce qu'ils s'aimaient. D'un amour fougueux et unique.

C'est hors caméra et dans la bibliothèque du bâtiment qu'ils se retrouvaient loin des yeux d'autrui. Ils appréciaient particulièrement ce moment. Attal se retrouvait souvent embarrassé et gêné par la proximité de l'autre homme. Il faut dire que Jordan ne se privait pas de laisser traîner ses mains sur la taille fine de Gabriel.

Ils avaient conclu de ne jamais exposer cette complicité devant les caméras, mais Jordan ne pouvait s'empêcher de sourire en repensant à toutes ces entrevues dans cette salle.

Ils s'attiraient tels des aimants, cherchant toujours les yeux de l'autre.

Une tension s'était installée.

Un sourire par-ci, un clin d'œil par-là.

Ils s'imaginaient déjà se retrouver. S'embrasser à perdre le souffle tout en se tenant la main. Ils pourraient susurrer l'immensité de leur amour, n'ayant jamais assez de mots pour être explicite.

Diable qu'ils s'aimaient.

Et jamais ils n'avaient songé à cet homme qui les regardaient de l'autre côté de son écran. À ses dents qui grinçaient. Ses mains dont la jointure blanchissait. Et ce regard épris de haine.

"- Je t'obtiendrai. Qu'importe la manière et quand.

Il n'était pas compliqué de sentir sa haine débordante. Aucune once de pitié ne l'effleurer.

S'il ne pouvait acquérir celui qu'il aime, alors il ne souhaitait le revoir.

Son choix été fait, et il ne reculera nullement face à la douleur qu'il provoquera à ces deux jeunes hommes.

- Si je n'ai pas le droit au bonheur, vous n'en aurez pas le droit non plus."

Sur ce, il referma brusquement son ordinateur, se lever précipitamment, toujours les points fermés.

Il fit les cent pas dans son énorme bureau, à la recherche d'un plan B.

Le trouvera-t-il seulement ?

À la recherche de tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant