Chapitre 4 : James

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C'est l'heure de partir, avec Mia, nous avons décidé que nous utiliserons ma voiture, alors je me gare devant chez elle et elle m'y attendait déjà avec ses valises. Son regard se pose sur la voiture puis sur moi et elle me sourit. Je descends de la voiture, ouvre le coffre, porte sa valise pour la ranger et me dirige vers elle.

— Prête ?

— Oui, et toi ?

— On n'a pas le choix.

Je lui ouvre la portière et elle s'y installe en me remerciant.

Elle me sourit et s'installe dans la voiture.

Sur la route, les musiques passent aléatoirement et nous chantons et rions à tel point que je ne vois pas le temps passer.

— On est arrivé. Voilà New-York.

Wow. Les lumières des gratte-ciel scintillent telles des étoiles urbaines, les rues grouillent d'énergie et de vie, même à cette heure tardive. L'atmosphère est électrique, vibrant au rythme incessant de la ville qui ne dort jamais. C'est vraiment fascinant, on dirait un tableau vivant, les taxis filent à toute vitesse, et une énergie unique flotte dans l'air, sur l'un des panneaux, Mia en fait la publicité.

— Tu es vachement connue ici.

— En tant que mannequin, ça va, on est moins embêté que les acteurs.

Le métier de Mia ne devrait pas m'impressionner, sa beauté et son charisme sont la représentation même d'un mannequin, mais le fait qu'elle soit restée aussi humble et naturelle m'impressionne. Elle me guide jusqu'à chez elle.

Une fois arrivé, Mia me fait une courte visite et me montre la chambre d'ami dans laquelle je vais dormir.

— Je te laisse, je vais aller me coucher. Fais comme chez toi, tu as une salle de bain dans la chambre et si tu as faim, sers-toi, n'hésite pas, la cuisine est là pour ça. Bonne nuit.

Elle me sourit et je lui retourne son au revoir et part dans la salle de bain me préparer pour dormir. Sous la douche, mes pensées divaguent à tel point que je ne sais pas combien de temps je reste planté sous l'eau chaude, mais à en croire la buée, trop longtemps.

Le lendemain, je suis réveillé en sursaut par ce même cauchemar encore et encore, je revois les trolls attaquer le village, tuer nos amis... Il est 5 h et c'est à peine perdu pour retrouver le sommeil... Cette journée commence vraiment mal... Je m'habille vite fait et descends me faire un café, voire plusieurs, il va m'en falloir pour tenir debout. L'appartement de Mia est plutôt grand et composé de plusieurs pièces. J'essaie tant bien que mal de retrouver mon chemin, mais lorsque j'ouvre une porte, je tombe sur un bureau au mur : il y a plein d'articles de journaux, de magazines, des photos. Poussé par une curiosité, je m'approche du mur le plus proche pour regarder de plus près. Ces articles parlent de Mia, en plus d'être mannequin, et elle se bat pour les droits des femmes et pour les animaux. Elle occupe tout son temps à son travail ou à des associations, elle a fait de grands discours auprès de personnes très importantes. Je comprends enfin pourquoi mon père a dit qu'elle ne passerait pas inaperçue et je comprends aussi pourquoi elle est si pressée d'en finir avec la mission que lui a donné mon père, qui voudrait laisser une vie comme la sienne pour retrouver un homme qu'elle déteste.

— Je peux t'aider ?

Je sursaute, pris sur le fait, je n'ai rien à faire là et je le sais... Je ne voulais pas entrer dans son intimité et je n'ai aucune excuse d'être ici. Elle me fixe attendant une réponse que je suis obligé de lui donner.

— Je... Désolé, je ne voulais pas, je cherchais la cuisine, mais je me suis perdu et... Ces articles ont attisé ma curiosité, je te demande pardon...

— La cuisine est en bas, prend la porte à gauche, tu tomberas sur l'escalier.

Elle me quitte tandis que moi, je me fais tout petit, honteux de ne pas avoir contrôlé ma curiosité et d'avoir fouillé dans ses affaires.

Mia réapparaît pendant que je vide ma troisième tasse de café. Elle s'est préparée, elle a mis une tenue sobre. Elle se fait du thé et sort de quoi déjeuner, et moi, je n'ose rien dire, encore remplie de honte.

— Que dirais-tu de visiter la ville ?

— Ça me ferait très plaisir, j'ai toujours vécu à Ostaria et découvrir un nouveau monde, ça serait cool !

Elle prend les clés et je lave les tasses que nous venons d'utiliser et la rejoint dans la voiture. Sur la route, elle remet la musique et recommence à chanter, puis elle s'arrête d'un coup.

— Comment tu as fait pour connaître la musique d'ici ?

— Ça fait déjà une semaine que je suis ici et crois-moi, je n'ai rien eu à faire à part écouter la musique. On a la radio, mais aucun livre, aucune bibliothèque, c'est l'horreur.

Elle rigole.

— Je comprends, je crois que sans livres, je ne survivrais pas. Mais si ça peut te rassurer, il y a des bibliothèques à New York, tu pourras y découvrir de bons auteurs.

Nous arrivons devant une boutique, mais celle-ci se trouve être fermée pendant une semaine.

— Et bien tant pis, allons à la bibliothèque.

J'acquiesce d'un signe de tête et la suit. Nous allions traverser quand une voiture fonce sur Mia, j'attrape son bras et la recule, elle insulte le conducteur qui ne s'arrête même pas.

— Quel connard ! Tu vas bien ?

Elle remarque seulement ma main sur son bras que j'enlève aussitôt.

— Merci...

— Et si on rentrait ?

Elle me fait un signe de tête et nous reprenons le chemin jusqu'à la voiture.

Nous sommes assis sur le canapé, le dîner en face de nous. Tout est calme.

— Ça serait trop indiscret de te demander si je te demandais pourquoi toi et mon père ne vous entendez pas ?

— Ton père m'a appris la magie et a pensé pouvoir avoir une emprise sur moi. Il voulait que je devienne le même monstre que lui et j'ai refusé.

— Mon père n'est pas un monstre.

— Il l'était à l'époque et tu le sais, sinon tu ne l'aurais pas quitté.

— Oui, mais il a changé. Il a trouvé l'amour et ça l'a changé. Alors vous pourriez... vous réconcilier ?

— Quand j'ai rencontré ton père, il me parlait beaucoup de toi et me racontait combien il cherchait à te récupérer. Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ?

— Lorsqu'il a maîtrisé la magie, il est devenu... mauvais, attention, pas avec moi, mais avec les autres, il tuait pour un regard de travers. Je ne pouvais plus supporter ça et accepter, alors un soir en rentrant de l'école, je lui ai dit que s'il ne changeait pas, je partirais, je partirais chez les parents d'Álvaro.

Je marque une pause avant de reprendre.

— Il a finalement continué et je suis parti.

— Mais vous vous êtes retrouvés et tout va mieux.

— Oui, et j'en suis très heureux. J'aime mon père et j'espère qu'il ne reviendra jamais l'homme qu'il a été.

— Je l'espère pour toi.

— Ostaria te manque parfois ?

— Pas vraiment non, je n'avais rien de bien là-bas.

— Tu viens d'Ostaria, mais c'est bizarre : je ne t'ai jamais vu. On doit avoir approximativement le même âge et pourtant, je n'ai aucun souvenir de toi.

— J'étais plutôt discrète. Je vais me coucher, je suis fatigué.

Elle monte et je comprends que je viens de toucher à un sujet sensible... Encore une gourde de ma part. Je monte moi aussi me coucher après avoir jeté les emballages du fast-food qu'on avait commandé. 

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant