Entre deux mondes

Chapitre 5: Mia

Je me réveille et découvre que les restes du repas d'hier ont été jetés. J'occupe donc mon temps à préparer du café pour James et un chocolat chaud à la cannelle pour moi, je dépose ça sur la table basse de mon salon. J'y dépose des biscuits pour accompagner le tout. C'est à ce moment-là que mon colocataire de courte durée fait son apparition, à peine réveillé. Nous déjeunons dans le calme, calme qui ne tarde pas à être rompu par son téléphone.

— C'est mon père, tu paries qu'il veut savoir où ça en est ?

Il met le haut-parleur et nous écoutons.

— Bon alors, vous avez ce qu'il faut ? Vous rentrez quand ?

— Papa, on est là depuis hier seulement.

— On n'a qu'un mois pour tout préparer. Ce n'est pas un jeu !

— Oui, papa, je sais aller, bisous.

Il se raccroche au nez de son père et se lèvre pour se débarrasser, je limite.

— Qu'est-ce qu'on doit trouver déjà ?

— Une plume de hibou, une digitale, une rose et de la menthe.

— Super, et où est-ce qu'on peut trouver ça ?

— Il nous faut juste trouver une plume de hibou, le reste, j'en ai.

— C'est une chance que tu es tout, comment ça se fait ?

— Ce monde n'est pas dépourvu de magie, ici elle est juste... différente. Avec ces fleurs, on peut faire bon nombre de rituels et avec plein d'autres ingrédients naturels.

— De la magie ? Ici ? Mais pourquoi mon père cherche à la faire venir s'il y en a déjà ?

— Parce qu'ici, c'est différent, la magie ne vient pas de nous, mais de la nature et des objets. Nous sommes juste là pour guider les énergies et les mener là où on veut qu'elles soient.

— Tu crois que ça va fonctionner ? Je veux dire comment pourrait-on faire venir quelqu'un chose dans un monde qui en est dépourvu ?

— Par un portail, nous allons connecter Ostaria à... Comment s'appelle la ville que ton père a créée ?

— Je ne sais pas du tout.

— Enfin bref, tu as compris les principes.

En début d'après-midi, je propose à James de sortir prendre l'air. Il accepte, lui qui a hâte de découvrir New York. Je l'ai emmené à Central Park et nous avons beaucoup marché. Nous nous sommes arrêtés pour admirer les canards dans les lacs, on aurait de vrais touristes. Nous sommes allés prendre une glace et nous sommes installés dans l'herbe. Nous avons parlé de tout et de rien et nous avons beaucoup rit.

— Au fait, je suis désolé pour hier soir, je n'aurais pas dû me mêler de tes affaires.

— C'est rien, ne t'en fais pas. Je peux comprendre que tu te poses des questions. J'apparais de nulle part et tu apprends que je connais ton père, que je suis une sorcière et qu'en plus, je viens du même village que toi, alors qu'on ne l'a jamais vu. Ça fait beaucoup en une semaine.

— Mon père m'a toujours caché des choses, et ce n'est pas surprenant qu'il m'ait caché avoir eu une élève avec qui il n'était plus en bon terme. C'est à cause de ça que tu es parti ? À cause de mon père ?

— En partie, mais pas que. Je voulais fuir, fuir une vie qui ne me correspondait pas, une vie qui m'avait été tracée par mes parents sans que j'aie mes mots à dire.

— Donc tu as aussi fui tes parents...

— Exacte, oui, et, à vrai dire, c'est le meilleur choix que j'ai fait de toute ma vie.

Il me regarde, mais pas avec un air de pitié comme toute personne l'aurait fait, c'est avec curiosité qu'il me regarde, comme si j'étais un mystère qu'il devait percer. Au fond, c'est amusant, sa curiosité n'est pas malsaine, j'en suis sûr, il veut juste savoir. Il commençait à se faire tard et nous avons décidé de rentrer terminer la soirée chez moi autour d'un bon repas. Il s'est proposé pour cuisiner et il a tellement insisté que je l'ai laissé faire.

— J'espère que tu n'as pas empoisonné mon assiette ou mon verre.

Il me regarde avec un sourire de psychopathe.

— Tu as découvert mon secret, je vais devoir te tuer tout de suite.

Nous avons encore bien ri pendant ce repas. Il m'a raconté ce qu'il avait fait lorsqu'il a quitté son père quand il ne s'entendait plus, comment s'était chez Alvaro et plein d'anecdotes.