Chapitre 17 : Goliath

9 2 0
                                    

T.W : Torture
Goliath, le lendemain matin— Qu'ya-t-il de mieux pour commencer une journée ? J'interroge Sarinahen entrant tel un mammouth titan affamé dans sa chambre, mes pasrésonnant lourdement sur le sol de pierre.

La pièce est faiblement éclairée par la lumière blafarde du matin, filtrant à peine à travers les lourds rideaux de velours bleus. L'odeur de la chambre est familière, un mélange apaisant de lavande et de cèdre, mais aujourd'hui, quelque chose semble différent. Peut-être est-ce le silence inhabituel, ou l'absence de cette ambiance vide et sinistre dû au manque de décorations qui émane habituellement de cet espace.

Sarinah se retourne dans son lit pour se cacher sous sa couverture, ses gestes lents et fatigués contrastant avec son agilité habituelle. Elle paraît si petite et vulnérable sous les draps épais, une vision qui aurait pu m'émouvoir si je n'étais pas d'humeur taquine. Je m'approche doucement, mes bottes en cuir crissant à peine sur le sol, et m'allonge à côté d'elle, un sourire espiègle sur les lèvres. Je ne le fais pas par envie pure, ni par tendresse. Non, c'est un désir tout autre qui m'anime, un désir de l'embêter, de la tirer de son sommeil, de la voir protester faiblement avant de céder, comme elle le fait toujours.

Ces derniers mois, je pourrais même dire cette dernière année, ça a été ma plus grande passion. Une activité vraiment parfaite, un petit rituel quotidien qui n'a cessé de m'amuser. Depuis que nous avons commencé cette étrange collaboration, ou devrais-je dire cette coexistence forcée par moi-même, elle est devenue ma distraction favorite.

— Debout, Kraken ! dis-je d'une voix enjouée, espérant la faire réagir.

Elle me tourne le dos, encore camouflée par les draps, les plis du tissu se formant autour de ses formes fines. Il est vrai qu'après l'expédition que nous avons faite dans le Monde des Fées, j'aurais pu la laisser se reposer un peu plus longtemps, mais l'heure n'est pas au repos total. Chaque minute passée nous conduit droit vers une fin dramatique si nous ne réagissons pas plus vite, si nous ne prenons pas les mesures nécessaires pour prévenir ce qui se profile à l'horizon.

Je pose mes mains sur son dos, ses omoplates saillantes sous mes paumes, et la secoue vivement, espérant un sursaut, une protestation. Mais elle ne réagit toujours pas. Je tente alors une autre approche, plus drôle pour moi, beaucoup moins pour elle. J'attrape ma dague accrochée à ma ceinture, un objet qui a vu plus de batailles que n'importe quel soldat de mes troupes, et commence à frotter la lame sur les draps, à les percer en divers endroits avec une précision calculée. C'est un jeu pour moi, un moyen de l'inciter à réagir, de réveiller la combattante en elle. Pourtant, aucune réaction, même lorsque je la manque de peu.

Je ne peux pas dire que je commence à m'inquiéter, mais un léger sentiment d'inconfort s'insinue en moi. Habituellement, elle finit toujours par réagir, par protester, par tenter de riposter même si elle sait qu'elle n'a aucune chance. Mais là, rien. Si elle ne réplique plus, c'est moins amusant, car je possède moins d'excuses pour la malmener. Cela me prive de cette petite excitation, de cette tension entre nous qui, d'une certaine manière, donne un sens à nos journées.

— Crapule ? je l'appelle en déchirant les tissus qui la couvrent, un peu plus fort cette fois.

Je la retrouve livide, son visage d'habitude si plein de vie est maintenant pâle, ses lèvres desséchées, et une fine couche de sueur couvre son front. Son état est alarmant, bien plus que ce à quoi je m'attendais en entrant dans la pièce.

— Oh putain, t'es malade ! J'avais prévu une activité matinale des plus merveilleuses et il faut que tu sois dans un état pareil ! Plus agaçant, il n'y a pas, dis-je, incapable de masquer la frustration dans ma voix.

De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant