Un début

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- Bien, avant de rentrer dans les détails, j'aimerais que vous m'expliquiez plus en profondeur la raison de votre visite. Les rapports que j'ai consultés manquaient de clarté. Par ailleurs, je ne peux m'empêcher de remarquer que vous souhaitez apporter des modifications à un accord signé il y a des années. Cela me paraît... inattendu, pour le moins.

- Évidemment. Il y a eu un accord initial, et il stipulait clairement que l'hôtel serait terminé dans les délais impartis. Nous parlons d'un projet en construction depuis plus de deux ans, sans que rien de concret n'ait avancé. À ce stade, il ne s'agit pas simplement d'une question de retard, mais d'une série de manquements graves.

- C'est une réaction compréhensible. Cependant, permettez-moi de clarifier : vous insinuez également que nous pourrions être impliqués dans un détournement de fonds ? C'est une accusation plutôt lourde, ne trouvez-vous pas ?

- Madame Castillo, les faits parlent d'eux-mêmes. Des millions ont été versés pour ce projet. Les fonds promis ont bien été débloqués, mais le chantier reste désespérément vide. Si ce n'est pas un cas de détournement de fonds, j'aimerais entendre une explication plausible. Vous devez comprendre notre perplexité face à cette situation.

- Donc, si je vous suis bien, vous affirmez avoir signé un accord en bonne et due forme pour la construction d'un hôtel, et pourtant, en cinq ans, il n'y a eu aucun progrès tangible. Et ce malgré des investissements colossaux qui semblent s'être volatilisés dans la nature. C'est bien cela que vous avancez ?

- Absolument, Madame. Et nous ne pouvons plus nous contenter de simples promesses.

- Très bien. Alors voilà ce que nous proposons : une enquête sera ouverte pour retrouver ces fonds et éclaircir ce mystère. Comme ce dossier m'a été confié récemment, je vais personnellement m'assurer de la supervision du projet, afin que tout soit mené à bien cette fois-ci. Nous pourrions également envisager d'envoyer une équipe indépendante sur place pour évaluer l'état actuel du chantier, je vous donne m parole que la construction ne dépassera pas quatre ans . Cela vous semble-t-il acceptable ?

- (Avec un sourire ironique) Ah, quatre ans ... Cinq ans déjà de perdus, et vous estimez encore avoir besoin de près de quatre années supplémentaires ? C'est hors de question. Nos investisseurs sont impatients, et l'inflation a explosé les coûts des matériaux. Si la somme initiale est insuffisante, il est évident que votre société devra couvrir ce déficit. Sans oublier les compensations que nous exigeons pour les dommages subis, et je vous préviens : Sa Majesté ne se contentera certainement pas de votre offre actuelle. Je parle de dédommagements bien plus conséquents que les 10 % que cette entreprise . Vous semblez oublier l'ampleur du préjudice que cette situation nous a causé.

- M. Fassi, je vais être franche avec vous. M. Smith, qui supervisait ce projet à vos côtés, a été démis de ses fonctions précisément pour ce genre de manquements. Nous avons réorganisé l'équipe et instauré des mesures de contrôle plus strictes. Je comprends que cela puisse paraître comme une atteinte à votre confiance, mais nous ne sommes pas ici pour ressasser le passé. Notre offre de 10 % de dédommagement est juste et réaliste compte tenu des circonstances. Et si cela ne suffit pas, nous sommes prêts à discuter de la possibilité de renforcer la supervision avec des experts de votre choix, qui seraient en charge de suivre le chantier jusqu'à sa finalisation.

- (Un rire incrédule) Une offre réaliste, dites-vous ? Voilà qui est intéressant. Vous proposez une compensation de 10 %, tout en sachant pertinemment que les pertes sont bien plus élevées. En outre, quatre ans supplémentaires ? C'est risible. Nous avons déjà essuyé suffisamment de retards et d'excuses. Il va falloir être bien plus convaincante si vous voulez que Sa Majesté envisage même de considérer votre proposition. Nous parlerons de dédommagements à hauteur de 30 %, au minimum, avec un engagement ferme sur une finalisation en moins de trois ans et demi . Sans quoi, je doute que cette conversation aille plus loin.

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