Chapitre 4 | To hide.

66 16 16
                                    

ꨄ Alina ꨄ

Russie

Manoir Federov

16h21

Assise sur un banc dans le jardin, je commence une nouvelle lecture après avoir terminé Orgueil et Préjugés.

Les livres sont pour moi un refuge, un espace où je me sens véritablement moi-même. Mais soyons réalistes :

Je ne serai jamais aussi forte et courageuse que ces héroïnes littéraires.

Il est aussi évident qu'aucun protagoniste ne viendra changer ma vie en quelques chapitres.

En fin de compte, la lecture me permet d'échapper à la dure réalité de mon existence.

Page après page, je suis transportée dans un autre univers.

Je lis depuis l'âge de 9 ans. Depuis toujours, la lecture est mon ancrage, et mes seuls amis sont les livres. Je n'ai pas eu de vie sociale ni d'interactions avec d'autres personnes, à l'exception de ma famille.

Si l'on peut vraiment parler de famille.

À 12 ans, j'ai dû suivre l'école à domicile. Comme j'apprends rapidement, j'ai terminé mes études à 16 ans, mais je ne suis jamais allée à l'université.

À quoi bon ?

Un bruit sourd me tire de ma lecture, et je reconnais immédiatement la voix de ma sœur aînée.

Curieuse de connaître la source de ces cris, je me lève à contrecœur de mon siège et me dirige vers le bruit.

Mes pas me conduisent directement à la grande cuisine, où plusieurs employés observent une petite silhouette en larmes.

— Bon sang, tu ne pouvais pas faire attention à où tu mets les pieds, imbécile ? s’écrie Morgan en s'adressant à un petit garçon qui garde la tête baissée, s'excusant d'une voix tremblante.

— Pardonnez-moi, mademoiselle, je voulais simplement apporter une tisane à ma mère, dit l’enfant apeuré.

— Je ne veux pas de tes excuses ! Bordel ! s'exclame ma sœur en élevant la voix. Tu sais combien coûtent ces vêtements ? Bien entendu, tu ne le sais pas, et tu te permets de les salir avec cette boisson écœurante.

L'ensemble bleu nuit de Morgan est taché d'une substance vert foncé qui doit sûrement être la tisane de l'enfant.

La main de ma sœur se lève soudainement pour s'abattre sur la joue du petit garçon, mais j'accours et stoppe le geste de Morgan.

— Morgan, c'est juste un enfant ! m’écrié-je en me mettant entre eux.

Elle retire sa main de la mienne, me laissant une brûlure sur la joue, ma tête penchée sur le côté, et mes lunettes tombent violemment au sol.

Elle m’a giflée.

— Ne me touche plus jamais, dit-elle avant de repartir, me laissant humiliée devant tous les employés de mon père.

Avec les yeux larmoyants, je ramasse mes lunettes et les remets aussitôt. Puis je me tourne vers le petit garçon. Sa tête est toujours baissée, alors je prends son visage entre mes mains et essuie ses larmes.

J'aurais aimé que quelqu'un fasse de même pour moi.

— Ne t'inquiète pas, elle ne pourra plus te faire de mal, le rassuré-je en caressant ses cheveux.

SES ÉMOTIONS Où les histoires vivent. Découvrez maintenant