Rencontre

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Comme chaque fin de journée, Hana se préparait pour son service. Il était 17h, et son travail au bar commençait dans une heure et demie. Elle fila sous la douche avant d'appliquer un peu de maquillage, qui dissimulait à peine les cernes sous ses yeux. Ce maquillage, plus un cache-misère qu'une coquetterie, était devenu une routine quotidienne.

En se regardant dans le miroir, elle se perdit un instant dans ses pensées. Derrière ses cheveux couleur miel et ses yeux d'un bleu intense, elle rêvait de rencontres fortuites et de moments volés. Hana, malgré sa discrétion et son apparente froideur, avait toujours nourri l'espoir qu'un jour, elle rencontrerait l'amour. Un homme différent des autres, qui la remarquerait dans la foule, qui verrait au-delà de ses airs réservés. Dans ses rêves, ils marchaient ensemble le long du fleuve Han, main dans la main, sous la lueur argentée de la lune. Un homme qui, sans un mot, lui témoignerait toute son affection par la simple douceur d'un baiser. C'était un idéal romantique, une image floue qu'elle chérissait en secret. Mais chaque soir, la réalité la ramenait à son rôle de barmaid, dans un monde où l'amour semblait bien lointain.

Elle attacha rapidement ses cheveux, enfila un pantalon large noir et une blouse assortie. Pas de fioritures, juste du pratique. Après avoir pris ses affaires, elle attrapa ses clefs, mit ses baskets et sortit de son appartement modeste. La course pour attraper son bus, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, et la musique qui l'accompagnait jusqu'à La Rose Noire faisaient partie de son rituel. Perdue dans ses pensées, Hana s'imaginait encore parfois être cette héroïne de roman, celle que la vie paraissait avoir oubliée, mais qui, au détour d'un soir, rencontrerait son destin.

Arrivée au club, elle déposa ses affaires dans son vestiaire, enfila son tablier et accrocha son badge à sa poitrine. La Rose Noire, avec ses chandeliers en cristal noir et son bar en marbre étincelant, représentait à la fois sa prison et son échappatoire. Ce lieu d'apparat où tout n'était que luxe et discrétion contrastait avec la simplicité de son quotidien. Hana avait trouvé, derrière ce comptoir, une certaine sécurité, une barrière invisible la protégeant des clients exigeants et des regards insistants.

La soirée commença doucement, comme souvent. La musique, une mélodie envoûtante de jazz mêlée à des notes électroniques, accompagnait les premiers clients. Hana, bien qu'absorbée dans son travail, laissait parfois son esprit s'égarer. Les conversations se faisaient de plus en plus animées, et rapidement, la salle fut remplie de rires étouffés, de discussions feutrées et de verres qui s'entrechoquent. Ce soir, l'ambiance était particulièrement dense. Le bar ne désemplissait pas, et Hana, concentrée sur les commandes, enchaînait les cocktails sans relâche.

Puis, au moment où elle prend enfin une petite pause pour se servir un verre d'eau, quelque chose change. Une présence inhabituelle, un frisson presque imperceptible parcourt son dos.

Il est là.

Elle l'a remarqué quelques fois auparavant. Un homme dont l'aura impose un respect silencieux et une certaine tension dans l'air. Habituellement, il se tient à l'écart, dans une des banquettes les plus isolées du club, et quelqu'un d'autre commande toujours pour lui. Mais pas ce soir. Ce soir, il est debout, devant elle. 

Il est grand, imposant, et son regard perçant se pose sur elle avec une intensité qui la déstabilise un instant. Mais Hana se ressaisit. Elle a appris à ne jamais laisser ses émotions transparaître, à rester discrète, invisible presque. Alors, avec son sourire professionnel, elle s'avance vers lui.

– Un whisky, sec, n'est-ce pas ?, dit-elle avec un sourire poli.

L'homme sourit légèrement, un sourire en coin, presque amusé.

– Exact. Comment l'avez-vous su ?

– C'est mon travail de me souvenir des préférences de nos clients réguliers. Vous venez ici depuis quelque temps déjà, répondit-elle en gardant son sourire.

Il la fixa un instant avant de répondre, ses yeux sombres scrutant les siens.

– Vous êtes ici depuis longtemps ?

– Ça va bientôt faire trois ans, répondit-elle en lui servant son verre. Et vous, vous semblez bien connaître l'endroit.

– Disons que j'apprécie l'ambiance. C'est... discret, rétorqua-t-il en prenant une gorgée.

– Oui, la discrétion est notre priorité. Chacun peut se sentir à l'aise ici.

Il la fixa avec intensité, et sa question suivante la prit de court.

– Et vous, Hana, vous sentez-vous à l'aise ici ?

Le cœur de la jeune femme manqua un battement. Elle resta un instant silencieuse, cherchant ses mots.

– Je suppose que oui. Ce travail me permet de rencontrer beaucoup de gens intéressants... et puis, je n'ai pas à me plaindre du salaire.

L'homme hocha la tête, mais ses yeux ne la quittaient pas.

– Vous avez sûrement des histoires fascinantes à raconter.

Elle sourit timidement, détournant le regard.

– Oh, je ne suis qu'une observatrice ici. Les histoires, ce sont celles des autres.

– Une femme comme vous doit pourtant avoir bien plus à raconter que vous ne voulez le dire, murmura-t-il, sa voix teintée de mystère.

Hana esquiva, se recentrant sur son rôle de serveuse.

– Votre boisson, monsieur. Profitez-en.

Il la fixa une dernière fois, son sourire toujours présent.

– Merci, Hana. Je suis sûr que nous aurons d'autres occasions de discuter.

– Je suis ici presque tous les soirs, répondit-elle avec une pointe d'humour, tentant de cacher son trouble.

Il se leva lentement, se dirigeant vers une table dans un coin isolé.

– À bientôt, murmura-t-il en disparaissant dans l'ombre du club.

La soirée suivit son cours, mais l'interaction avec cet homme restait gravée dans l'esprit d'Hana. Il y avait chez lui quelque chose d'indéfinissable, un mystère qu'elle ne pouvait ignorer. Quelques heures plus tard, alors que la nuit avançait, Hana le vit à nouveau. Deux hommes étaient venus à sa table. Une enveloppe fut discrètement glissée dans sa main, et l'homme la rangea dans la poche intérieure de son manteau. Hana détourna le regard, mais son esprit bouillonnait de questions.

Le club se vidait peu à peu, et Minjoon, le directeur, fit un tour rapide près du bar.

– Tout va bien, Hana ? demanda-t-il en observant la salle.

– Oui, tout se passe bien, répondit-elle, ses pensées encore tournées vers l'homme mystérieux.

Minjoon jeta un coup d'œil dans la direction de celui-ci, puis hocha la tête, comme s'il comprenait sans qu'elle ait à dire un mot.

Une fois la nuit terminée, Hana rangea son tablier et ses affaires avant de quitter le club. En sortant, elle sentit la fraîcheur de la nuit la frapper, un souffle glacial qui lui fit un bien fou après l'agitation du bar. Elle enfonça ses écouteurs dans ses oreilles et commença à marcher vers chez elle, ses pensées encore tournées vers cet homme et cette étrange rencontre.

Mais alors qu'elle avançait dans les rues désertes de Séoul, un frisson d'inquiétude la traversa. Une sensation désagréable, comme si quelqu'un la suivait. Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Personne. Pourtant, ce sentiment ne la quittait pas. Elle accéléra le pas, son cœur battant plus fort, et ne s'arrêta qu'en arrivant devant la porte de son petit appartement.

Elle entra précipitamment, fermant la porte derrière elle avec un soupir de soulagement. Peut-être que ce n'était qu'une illusion. Probablement. Mais la sensation persistait. Après avoir rapidement mangé, elle s'allongea devant la télévision, le visage encore marqué par cette soirée intense. Ses pensées se perdirent dans la fatigue, et elle s'endormit, toujours hantée par l'ombre d'un homme qu'elle ne connaissait pas... encore.

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Voici le premier vrai chapitre, qui est ce mystérieux homme ? Comment trouvez vous le début de cette histoire ? N'hésitez pas à donner votre avis et voter pour l'histoire. 

Le reste arrive rapidement. 

L'héritage du passé ☆ StrayKids☆ BangChanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant