L'héritage du passé ☆ StrayKids☆ BangChan

Bar

Les jours qui suivirent sa rencontre avec Chan, la routine d'Hana changea imperceptiblement. Chaque soir, au club, il s'installait au même endroit, sans jamais déroger à son rituel. À peine franchissait-il la porte qu'Hana savait qu'il se poserait au bar. Comme un automate, elle lui servait son whisky, le liquide ambré coulant dans le verre sans un mot échangé. Chan restait là, silencieux, observant la scène autour de lui, son regard parfois absent, parfois perçant, toujours insondable. Il ne disait rien, ne faisait rien d'extraordinaire, mais sa simple présence avait une sorte de poids tangible sur Hana.

Avec le temps, leur silence s'était ponctué de bribes de conversation. Pas grand-chose, au début : quelques commentaires sur la musique, une remarque sur l'agitation du club. Pourtant, peu à peu, Chan commençait à poser des questions. Il laissait Hana parler, s'épanouir dans ses réponses, sans pour autant révéler quoi que ce soit sur lui. Lorsqu'il abordait un sujet personnel, elle se sentait souvent sans mots, se rendant compte que sa vie lui semblait soudain bien fade, bien insignifiante face à l'aura mystérieuse de cet homme. Malgré ça, elle avait envie de lui dire plus, de montrer qu'elle n'était pas aussi transparente qu'elle le pensait.

Mais les soirs étaient désormais accompagnés d'un sentiment de malaise. Lorsqu'elle rentrait chez elle, la nuit semblait plus lourde, les ombres plus menaçantes. Elle avait cette impression dérangeante d'être suivie, comme si des yeux invisibles la guettaient dans l'obscurité. Ce n'était jamais confirmé, mais l'instinct était là, palpable. C'est pour cette raison qu'elle avait décidé de suivre des cours de self-défense. Elle avait appris à manier un couteau et avait toujours sur elle une bombe au poivre, parée à toute éventualité. Mais malgré cette préparation, chaque retour chez elle la laissait sur les nerfs, incapable de se détendre.

☆

Ce soir-là, Chan était toujours au bar lorsque les derniers clients quittèrent le club. La Rose Noire se vidait peu à peu, l'écho des conversations mourant lentement. Hana nettoyait le comptoir avec une attention particulière, ses gestes mécaniques, absorbée par ses pensées. Alors qu'elle s'apprêtait à fermer le club, Chan se leva, brisant la routine avec une certaine gravité dans son regard.

— Hana, j'ai besoin de ton aide.

Elle s'immobilisa, surprise. Chan ne l'appelait jamais par son prénom, encore moins pour lui demander quelque chose d'aussi direct. Elle le regarda, fronçant légèrement les sourcils.

— Quelle sorte d'aide ? demanda-t-elle, méfiante.

Chan jeta un coup d'œil autour de lui avant de sortir un petit bout de papier de sa poche, qu'il posa sur le comptoir. Il baissa la voix.

— Demain soir, minuit. À cette adresse.

Hana prit le papier d'une main hésitante, jetant un coup d'œil à l'adresse écrite dessus. Elle hésita un instant, pesant ses mots.

– Pourquoi moi ? Et pourquoi devrais-je te faire confiance ?

Chan planta son regard dans le sien, ses yeux sombres et perçants.

– Parce que je n'ai confiance en personne ici. Et tu es la seule qui reste à l'écart, la seule qui observe sans juger.

Il y avait dans son regard une urgence qui troubla Hana. Mais elle n'était pas dupe. Travailler à La Rose Noire lui avait appris à être prudente, à ne jamais se mêler des affaires des clients. Pourtant, quelque chose en elle était curieuse, peut-être même attirée par ce mystère.

– Très bien, je viendrai, mais si jamais ça sent le piège, je me défendrai. Je ne suis pas aussi vulnérable que tu pourrais le croire.

Un sourire furtif étira les lèvres de Chan, comme s'il avait attendu cette réponse.