Chapitre 2

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 Les portes de l'ascenseur finirent par s'ouvrir sur le couloir joliment décoré de tableaux, après une bifurcation sur la gauche, le couple arriva à proximité de l'appartement 206 de Donna. Rhabillés à la va-vite, loin de leur tenue habituelle tirée à quatre épingles, les mariés s'empressèrent tout en essayant d'être discrets de rentrer à l'intérieur. La nuit était tombée depuis plusieurs heures, ils n'avaient pas envie de réveiller tout l'étage. Collés l'un à l'autre, Harvey ne cessait de parcourir de baisers le cou de sa femme qui essayait tant bien que mal de trouver son trousseau de clés dans son sac.

- Harvey... deux secondes, s'il te plaît, demanda-t-elle essayant de résister à nouveau aux assauts de son époux.

- Je ... t'accorde... une seconde, répondit-il occupé à être le plus proche possible de Donna.

- J'ai intérêt à être efficace, sourit-elle. Enfin, les voilà.

- Tu vois, tu peux tout faire, renchérit Harvey en suivant sa femme dans l'entrée cramoisie de l'appartement.

- Ah je ne sais pas. Donna se retourna et enlaça à son tour son époux. Peut-être que The Donna est épuisée, qu'elle n'est plus toute jeune pour répondre à l'insatiable Monsieur Specter.

- Je ne crois pas, non, parce que l'âge n'entre pas en compte quand deux personnes qui s'aiment autant en ont envie toutes les deux.

- Ah oui, on en reparlera quand on aura dépassé un certain âge et qu'on se déplacera en déambulateur, plaisanta Donna. Émue, elle redevint sérieuse en répétant ces mots « quand deux personnes s'aiment autant »

- Je ne dis que la vérité, je le jure. L'avocat leva la main parodiant le geste.

- C'est malin ... Moi, je croyais que tu bluffais pas mal... non ?

- Dans la vie en général mais pas sur mes sentiments pour toi. Tu es la personne la plus importante de ma vie, tu l'as toujours été, Donna .

- Le mariage, ça vous change un homme, s'écria-t-elle pince sans rire. Tu n'aurais jamais réussi à être aussi en phase avec ce que tu ressens.

- Une très belle femme rousse m'a dit un jour qu'elle était fatiguée de me voir déconnecté de ce que je ressentais là. Harvey prit la main de Donna et la posa sur son cœur. Et elle avait entièrement raison.

- C'est une femme de très bon conseil, tu devrais l'épouser.

- Je crois que je vais y songer ... Ah mais non ... Trop tard, c'est déjà fait, madame Specter.

Il l'embrassa avec envie, elle y répondit avec entrain, leur baiser s'intensifia de plus en plus, chacun ayant soif de l'autre. Ces deux personnes n'étaient pas prêtes à se lasser l'une de l'autre. Ils avaient du temps à rattraper, des jours, des mois, des années... treize longues années à étouffer leurs sentiments. Cette nuit-là fut courte mais tellement intense qu'ils ne s'endormirent qu'aux premières lueurs de l'aube. Ce fut Harvey qui émergea le premier, il avait une longue journée qui l'attendait, il devait mettre tout en ordre avant son départ du cabinet. Mais avant cela, il pensa à sa femme, allongée à côté de lui, il scruta son visage parsemé de tâches de rousseur, elle était tellement belle, désarmante de sensualité et surtout armée d'une telle sérénité. Tandis qu'il l'observait dormir, le soleil commença à pointer le bout de son nez, vint caresser le visage de sa femme, perçant les rideaux gris de cette chambre, théâtre de leurs amours. Avant qu'elle ne se réveille, son époux se leva du lit et alla commander le petit- déjeuner. Commander à vrai dire plutôt faire venir un serveur d'un restaurant le plus chic de la Grosse Pomme. Il lui devait un service après qu'il l'ait sorti d'un mauvais pas. Il raccrocha son téléphone et se glissa à nouveau sous les draps reprenant sa contemplation. Quelques minutes passèrent, puis son épouse ouvrit les yeux, chercha du regard Harvey et rencontra le sien teinté de malice.

- Bien dormi ? Cette question fut accompagnée d'un doux baiser.

- Dormi... je ne sais pas... mais oui, je vais bien... pourquoi tu souris ?

- Parce que... Il se reprit. Pour rien.

- Harvey... J'ai un truc qui cloche. Elle toucha ses cheveux et se rendit compte que ses cheveux roux partaient dans tous les sens. J'ai compris. C'est de ta faute, monsieur Specter, si je ressemble à un épouvantail au réveil.

- J'assume complètement, cela valait le coup, affirma-t-il fier.

- Moi pas. Elle prit un miroir dans le tiroir de sa table de chevet. Vraiment pas... Elle se redressa, prête à sortir du lit.

- Où tu vas ? La retint Harvey.

- Me recoiffer un minimum.

- Tu ne vas nulle part, madame la coquette.

- Parce que tu n'es pas soucieux de ton apparence, peut-être.

- Non, pas du tout, c'est le métier qui veut ça.

- Menteur.

- Bon oui, j'avoue, reconnut son époux, j'aime prendre soin de mon apparence.

- On est d'accord donc tu me comprends. Il faut se lever ... Oh mon dieu, il est déjà cette heure-là, on a une tonne d'affaires à régler aujourd'hui.

- Du calme, Donna, on sera tous les deux en retard pour une fois, la Terre ne va pas s'écrouler parce qu'un couple de jeunes mariés a fait la grasse matinée.

Des bruits contre la porte retentirent.

- Qui cela peut être à cette heure-ci ?

- Tu attends quelqu'un, Donna ?

- Non, je t'assure que non.

- Ne me dis pas que c'est Louis.

- Pourquoi Louis viendrait aujourd'hui, il a d'autres chats à fouetter avec l'arrivée de Lucy et l'hospitalisation de Sheila.

- J'en sais rien mais on ne va pas tarder à le savoir.

- Harvey, attends, j'arrive.

Elle enfila sa nuisette en soie et suivit son époux.

- Room service, s'écria un jeune homme noir.

- Je n'ai pas ça dans mon immeuble, dit Donna surprise avant de comprendre. Harvey, ne serais-tu pas responsable par hasard de ce service ?

- Je plaide coupable, merci Anthony, c'est parfait. Il ponctua son remerciement de quelques billets puis poussa le chariot près de la table du salon. Il recula la chaise de la table et invita sa femme à s'asseoir.

- Tu es fou. Tu ne devrais pas prendre ce genre d'habitude, je risque d'y prendre goût.

- De ce côté-là, pas de danger, il y a d'autres habitudes plus agréables.

- Si c'est à quoi je pense, Harvey, tu vas patienter car là, j'ai vraiment faim.

- Je reconnais que moi aussi et c'est vrai que le temps défile à toute allure.

- Le temps s'écoule vite quand le bonheur est là.

Ce fut au tour de Donna de déposer un baiser sur les lèvres de son époux. Ils prirent leur petit déjeuner, elle alla sortir une robe noire de son placard pour son dernier jour au cabinet, Harvey avait laissé un costume ou deux et quelques affaires dans l'armoire de sa compagne. Il ne restait plus qu'aux amoureux à prendre une douche, à se préparer et à se rendre au cabinet.

- Donna, vas-y, honneur aux dames.

- Quelle galanterie, Harvey et si on y allait à deux, lui proposa-t-elle d'un air coquin.

- On va vraiment être très en retard, là, affirma Harvey.

- Tu renoncerais à cette proposition indécente ? Continua-t-elle en faisant glisser sa nuisette au sol.

- Si tu me prends par les sentiments... Il rejoignit rapidement sa femme sous la douche et à nouveau, ils unirent leurs corps sans regrets. Le cabinet pouvait attendre leur venue encore un peu d'autant plus que toute une panoplie de formalités administratives les attendait... Et puis, zut, au diable les affaires ! Ils avaient bien le droit de profiter de leur nouveau statut de jeune couple, Louis comprendrait.

Une nouvelle vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant