Chapitre 1

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Je ne veux plus de cette vie. Maman m'a dit un jour que si je suis en vie c'est parce que Dieu lui avait fait un cadeau et m'avait estimé digne de ce présent, mais il a dû se tromper. Je ne mérite pas cette vie.

Le ciel commence à se teinter de couleur rose, tandis que les premières étoiles commencent à faire leurs apparitions. Nous sommes le trente mars, l'air n'est pas très chaud mais il l'est suffisamment pour porter une simple veste. Mais bon, peu importe que l'air soit chaud ou froid. Ça n'a plus d'importance. Ce soir est mon dernier soir.

J'ai dix-sept ans, mais j'ai vécu jusqu'à l'heure une vie misérable à laquelle j'ai décidé de mettre fin. Depuis les huit mètres de haut de mon immeuble, le vent souffle fort, mais la vue est imprenable. Je m'autorise à admirer le coucher du soleil une dernière fois. Je ne me souvenais pas que le ciel se teintant ainsi d'un tel rouge pouvait être aussi magnifique. Je reste ainsi immobile jusqu'à ce que le soleil disparaisse, remplacé par la nuit.

Le ciel commençant à devenir violacé faisant apparaître les premières étoiles de la nuit, je fais un pas. Deux pas. Puis trois. Le vide se tient juste à mes pieds. Je respire calmement, afin de mettre de l'ordre dans mes idées qui ne sont plus très claires tant le désordre est ancré en moi. Mais je ne peux plus reculer c'est la seule solution, de toute façon personne ne veut m'aider alors autant m'aider moi-même. J'ai appris que dans ce monde cruel, nul ne peut nous apporter ce dont on a besoin, nous ne pouvons que le faire par nous-même.

Alors que je m'apprêtais à me laisser emporter par le vent, je sens comme une présence à mes côtés. Je décide de jeter un coup d'œil rapide afin de voir de qui il s'agit. C'est une grande surprise de voir Nathanaël se tenir ici. Sur ce toit. Je reconnaîtrais sa silhouette entre mille. Après tout, avec son mètre quatre-vingt cinq il ne passe pas inaperçu je dois dire. Ses cheveux bruns lui encadrant parfaitement son visage aux traits fin et raffiné se balancent dans le vent. Ses yeux habituellement empli d'une haine sans fin sont à présents dénué de toute expression. Seul le vide et le néant se reflètent dans ses iris noisettes. Nathanaël et moi étudions dans le même lycée mais pas dans la même classe. Il est réputé pour être une brute sans cœur. Il faut dire qu'à la moindre bagarre au sein du lycée, Nathanaël en faisant parti à chaque fois. Mais le Nathanaël qui est là n'est pas le Nathanaël du lycée.

Je décide de m'approcher de lui doucement pour ne pas lui faire peur. Je ne sais pas si il a remarqué ma présence ou si il a juste décidé de m'ignorer. Mais je ne peux pas le laisser là et simplement regarder, je dois agir il faut que je fasse quelque chose. Je suis maintenant qu'à quelque mètres de lui. Je me racle doucement la gorge et essaie de lui parler.

« - Hum, s-salut, tu veux bien reculer un peu s'il te plaît ? C'est dangereux de se tenir aussi prêt.

Je ne maîtrise pas bien ma voix. Je tremble mais impossible de savoir si c'est de nervosité ou bien de peur qu'il ne s'élance dans le vide. Peut-être même un peu des deux. Nathanaël sursaute légèrement au son de ma voix. J'en déduis donc qu'il ne m'avais réellement pas vu. Il tourne subitement la tête vers moi. Je peux à présent voir l'entièreté de son visage. Celui-ci habituellement fermé laisse apparaître une expression si triste que j'en suis moi-même troublé. Je me ressaisis vite au son grave de la voix de Nathanaël.

- Qu'est-ce que tu fous là ? Tu ne devrais pas être ici. Rentre chez toi et dégage.

Je suis encore plus troublé par le ton froid et distant avec lequel il viens de m'adresser la parole. Mais dans un sens il a raison. Je ne devrais pas me trouver ici. Les gens normaux ne viennent pas sur le toit de l'immeuble à la tombée de la nuit. Mais lui non plus ne devrait pas se trouver là. J'essaie de lui répondre avec une voix stable et ferme.

L'inévitableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant