CHAPITRE - 1 𝐊𝐀𝐓𝐇𝐄𝐑𝐈𝐍𝐄

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«𝐈𝑙𝑠 𝑚𝑒 ℎ𝑎𝑛𝑡𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑐𝑒𝑠𝑠𝑒. 𝑅𝑜𝑢𝑣𝑟𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑖𝑐𝑎𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒𝑠 à 𝑝𝑒𝑖𝑚𝑒 𝑟𝑒𝑓𝑒𝑟𝑚é𝑠. »


J'aime la pluie, le bruit de l'eau qui claque contre la fenêtre de ma chambre est réconfortante.

Seul réconfort pendant cette nuit où les hurlements de mes parents se font entendre malgré la porte qui me sépare d'eux. Maigre protection face à leur colère, celle-ci même est dirigé vers moi, vers mon existence même. Une existence que je n'ai pas choisis, par ailleurs, mais que je subis tout de même.

J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et laisse la musique m'envahir. Pendant ces moments-là, j'ai l'impression d'être dans une bulle, loin, très loin du monde. Je me sens protégée du monde extérieur, de toute cette cruauté. Une barrière se dresse entre moi et le reste du temps. J'ai l'impression d'appuyer sur un bouton " pause ". Tout s'arrête le temps d'un instant, puis ma musique se fige, et je me noie dans ma solitude.

Je me cale confortablement contre mes coussins et observe la pluie avec " Birds of a feather " dans les oreilles.  La musique m'apaise, elle répare les débris de mon cœur brisé.

Elle l'a embrassé sous mes yeux. Je suis persuadée qu'elle a entendu mon cœur éclater dans ma poitrine, ils l'ont tous entendus.

Je les déteste.

Pourquoi la vie m'enlève tout ceux à qui je m'attache ?

Le destin s'acharne sur moi, les coups me laissant détruite, telle une poupée désarticulée. Je ne suis qu'un objet de plus dans leur filet, une bouche trou, utile que dans le besoin d'un bouc-émissaire pour expulser leur colère.

Mes dents se plantent dans ma lèvre inférieur et je tire violemment la peau morte autour de mon index.

— Aïe, je lâche en mettant mon doigt dans ma bouche pour essuyer la légère goutte de sang qui s'est échappé.

J'entends des coups contre la porte, je tressaille, appréhendant la suite.

— Katherine ! Ouvre cette foutue porte ! hurle mon père.

Je connais déjà la suite, c'est comme si je regardais un film que j'avais déjà vu une centaine de fois.

Tout se déroulera au ralentit, la douleur sera éphémère. Enfin celle sur mon corps, la douleur dans mon cœur, elle, est indélébile.

- Si tu n'ouvres pas cette porte, je la détruirai, et toi avec ! s'époumone mon géniteur.

Je m'exécute et il s'avance vers moi en titubant, il a bu.

Je ne veux pas devenir alcoolique, je ne veux pas devenir comme lui. Un monstre.

Il laisse éclater sa colère à coup de vocifération.

Mon esprit se déconnecte totalement du monde, je vois sa bouche s'ouvrir et se refermer mais aucun son ne m'atteint. Ma mère apparait derrière lui, elle ne bouge pas quand il fait brutalement claquer sa main contre ma joue. Ni quand il enchaîne avec un coup de poing dans le ventre. J'aimerais dire qu'elle a peur, mais en vérité je pense qu'elle n'en a juste rien à faire. Elle reste là, silencieuse.

Être silencieux face au mal d'autrui, c'est être complice.

Mais l'être humain est mauvais, ils veulent se faire passer pour les gentils, mais les véritables méchants dans les contes de fées, c'est eux.

OBSESSION MALSAINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant