Le crissement des chaînes frappant le sol résonne dans le grand hall du bâtiment. De nombreuses personnes enchainées avancent dans un lieu obscur et sinistre.
Dans un rang de prisonniers, un homme court, tentant de s'enfuir. Une femme se précipite derrière lui et lui tire dans le dos avec un tazer. L'homme est électrocuté et projeté au sol. Mais il continue de ramper vers la grande porte à deux battants. La femme lui assène plusieurs coups de matraque électrique avant de se dresser, lever un revolver sur sa nuque et l'abattre. Elle s'accroupit dans la mare de sang qui commence à se former et porte son regard sur la main de l'homme.
"A27 !"
Elle clame le code dans un sourire de triomphe. Deux soldats accourent pour débarrasser le corps sur un brancard. Celui-ci disparaît dans une poubelle assez vite et est incinéré dans les ordures.
Durant cette intervention, le silence règne, grave. La femme vient vers la tête du cortège de prisonniers et monte sur une estrade face à eux, impériale. Elle porte une chemise noire sans manche proche du corps, le tissu de son large jean est taché de sang et des coquilles en polycarbonate protègent ses genoux. Son visage anguleux est affiné par un nez mince. Son grand regard vert est encadré par une longue mèche de cheveux brun et le reste de ses cheveux et retenu en une queue de cheval montée haute sur l'arrière de son crâne. Pour terminer ce portrait malfaisant, elle porte plusieurs tâches de sang au bord des lèvres, comme si, à l'image d'un vampire, elle avait bu le sang de ses victimes.
"Bienvenue à la Tour de l'Aiguille. Je suis La Maîtresse. Vous êtes ici pour répondre à des crimes de grande gravité. La plupart d'entre vous ne comprendront pas pourquoi ils sont ici et tenteront de s'enfuir. Je vous annonce tout de suite que toute tentative sera vaine."
À cette phrase, chaque prisonniers acquiesce doucement, se remémorant l'assassinat qui vient d'avoir lieu.
"Le protocole d'entrée dans notre prison hautement sécurisée est très simple, mais je dois tout de même vous l'expliquer. Nous allons vous tatouer votre code de prisonnier sur le dos de la main, ceci sera désormais votre identité. Ce tatouage sera également effectué dans votre cou et sur votre torse. Après cela vous serez emmené dans vos cellules. Vous serez levés à 5h et emmenés aux travaux forcés. Et vous retournerez à vos cellules à 22h. Ce seront vos gardiens qui viendront vous chercher pour vous emmener manger ou faire les commissions, ou après une convocation de ma part. Vous n'avez aucun droit hormis celui d'exécuter les ordres. Sur ce, je vous souhaite à nouveau la bienvenue. Au revoir."
Dans les colonnes de prisonniers, deux se regardent, encore sous le choc. L'un est blanc comme neige, paniqué et inquiété. Une touffe de cheveux brun frisé. Des yeux fins de lynx. Des épaules musclées au mieux par la pratique des armes médiévales. Ayemeric.
L'autre le soutient, une main sur son épaule. Des cheveux de la couleur des nuages d'orages et des tempêtes de neige. Un regard brun perçant. De grands bras musclés par les arts martiaux. Philo.
Ayemeric, le regard perdu, souffle doucement pour se calmer. Il lève doucement son regard vers Philo, qui semble plus serein que son ami.
"Qu'est-ce que... qu'est-ce qu'on fait là ?
Je te répondrai en temps et en heure, promis. Mais c'est un peu délicat, je dirais.
Comment ça ?
J'ai une idée de la raison de ma présence ici, mais pour toi par contre..."
Ayemeric est le premier des deux à passer au tatouage. Un panneau lui indique de retirer son t-shirt, ce qu'il fait donc, les mains tremblantes. Il s'assoit sur le fauteuil dégarni où il n'y a d'apparent que le fer de la structure du fauteuil. Trois tatoueurs armés de leurs machines attendent tandis que deux gardiens approchent pour lier les poignets et les chevilles du jeune homme au fauteuil. Une fois Ayemeric immobilisé, les trois tatoueurs approchent et commencent à dessiner au feutre le code que Ayemeric portera sur sa peau.
Pendant que les trois tatoueurs s'appliquent sur sa peau, Ayemeric gémit et grogne à cause de la douleur des aiguilles qui lui injectent l'encre sous la peau pour la première fois.
Le dernier tatoueur passe enfin le tissu imbibé d'huile essentielle pour aider à cicatriser les croûtes que vont produire les tatouages. Le jeune homme, le visage encore rougis par les larmes de douleur, se lève doucement et est poussé par les gardiens vers un rang de prisonniers tatoués. Il tremble de douleur et d'anxiété.
Dans le rang voisin, une jeune femme attire l'attention de Philo. Une touffe de cheveux rousse. Le regard bas perdu. Un air enfantin au visage. Des épaules fines. Des jambes agiles.
"Romane..."
La découvrir ici lui coupe le souffle d'étonnement. Il ne peut croire que la petite jeune qu'il aime tant est ici.
"Romane !"
L'appel est maintenant plus franc. Ayemeric se retourne et remarque lui aussi la présence de leur jeune amie. La rouquine lève la tête. Deux gardiens poussent Philo à avancer pour le tatouage. Il résiste à leur poussée et tente de garder la rouquine dans son champ de vision. Les gardiens poussent à nouveau mais rien n'y fait. Pour le dissuader de se rebeller, les gardiens tentent de le frapper, mais Philo leur renvoie immédiatement leurs coups. Une fois partiellement libéré de ses gardiens, Philo avance vers Romane.
"Philo !"
La jeune va avancer vers lui. Les gardiens du côté de Romane, sentant l'agitation et voyant leur prisonnière vouloir sortir du rang, tirent sur ses chaînes pour l'emmener avec eux. Malgré sa faible musculature, elle résiste à ses gardiens. Un troisième gardien arrive alors pour frapper à la batte électrique le moins robuste des deux prisonniers. Elle arrive vite au sol, le dos rouge. Philo vient la protéger de son corps en se mettant au-dessus d'elle, prenant les coups à sa place. Le regard qu'ils échangent alors tous les deux dans ce cocon de sécurité est à la fois empli de peur et d'assurance. Ils savent que tant que l'un est là, l'autre est en sécurité.
"Assez !"
Le cris de la femme fait cesser tout mouvement aux soldats. Elle leur signifie de relever les prisonniers et s'approche d'eux. Romane porte un filet de sang coulant de sa lèvre inférieure. La femme approche si près de Romane que celle-ci peut voir les variations de couleurs dans ses pupilles. Elle vient alors lécher le sang sur le menton de la jeune adulte.
"Lestez la" ordonne la femme aux gardiens de Romane.
Ceux-ci attachent de lourdes menottes de plusieurs kilos pour chaque bracelets aux poignets de Romane. Une chaîne de même gabarit est attachée autour de son cou et ses chevilles connaissent le même sort. Ils la laissent tomber à genoux et sa tête est emmenée au sol avec le poid de la chaîne à son cou.
La femme se tourne alors vers Philo, un grand sourire au visage alors que celui-ci est frappé de stupeur par la situation de sa jeune amie. Elle lui attrappe vivement le menton. Il tente de reculer, s'enfuir de la prise de la femme.
"Un bel homme. Dommage, tu aurais été parfait dans ma collection."
Philo n'a pas le temps de réfléchir aux paroles de la femme qu'il reçoit une piqûre de tranquillisant dans le cou et est traîné par des gardes sur le fauteuil de tatouage. Toujours conscient mais incapable de se débattre, il regarde avec impuissance les tatoueurs approcher de lui. Les tatouages sont effectués assez rapidement et il est finalement assommé par une deuxième dose de tranquillisant.
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Le Silence - La Tour de l'Aiguille
Science FictionPhilo et Ayemeric se retrouvent prisonniers sous la garde de La Maîtresse. Découvrant la présence de leur amie Romane, ils vont tout faire pour s'échapper de ce lieu de torture. Quitte à se battre jusqu'à la mort... mais ils ne seront pas seuls !