Chapitre 2 : Prisonnier A27

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Philo se réveille enfin dans le fond de la cellule. Il découvre autour de lui une salle peinte en mauve pâle. Il est toujours torse nu et les tatouages sur le dos de sa main, son torse et dans son cou le font encore souffrir. Malgré le peu de vêtements, il n'a pas froid, la cellule semble assez chauffée. Celle-ci comporte une sorte de bureau avec des angles très lisse, un tabouret enchaîné au pied plein du bureau et une sorte de lit y est accolé. Philo se lève lentement, les hématomes de sa débattue précédente le faisant encore souffrir. Il approche du bord du lit et découvre une porte transparente faite d'un plastique très solide et d'un double vitrage en verre.

Un écran s'allume alors au-dessus du bureau , présentant La Maîtresse. Elle est souriante, les cheveux relâchés et semble plus agréable. Mais ce n'est qu'une image qu'elle se donne, Philo le sait bien.

"Bonjour A27. Je tenais à vous dire que je vous ai trouvée très courageux tout à l'heure lorsque vous avez découvert la mise sous clé de la prisonnière X45. Vous semblez très proches tous les deux. J'ai donc un plaisir non dissimulé à vous apprendre qu'elle fait partie des premiers prisonniers que je vais interroger ce mois-ci. Mais ne vous en faites pas, vous me retrouverez vite également."

L'écran devient blanc, se mettant en veille. Philo approche de la porte de sa cellule. C'est une vitre amovible en double vitrage bloquée avec une barre en métal posée à l'horizontale à hauteur d'un mètre du sol.

"Il faut à tout prix que je sorte de là...

Alors ton souhait va être exaucé"


Un garde vient d'apparaître de l'autre côté de la porte. Il porte de long cheveux bruns tombant élégamment en fine mèche dans son dos et un court bouc couvre son menton, en opposé à sa petite moustache brune très fournie. Son regard est anormalement familier à Philo. Il ouvre la porte à Philo et lui indique le chemin pour son premier lieu de travail forcé.

"Où est enfermé X45 ? questionne pressement Philo.

Je n'ai pas le droit de te le dire A27."


Le garde, Nita d'après le nom inscrit sur l'épaule de sa veste en cuir grise, énumère à demie-voix les codes des cellules qu'ils croisent sur leur chemin, qui sont en ordre croissant. Ils se dirigent vers une porte au tournant de la cellule A99. Nita scanne son pass, une carte format carte bancaire, sur le lecteur qui sonne d'un "biiip" désagréable et ouvre une porte blindée.

Philo et Nita entrent dans la cour intérieure de la prison. Quelques autres prisonniers sont présents, à peine une dizaine, et ils balayent le sol plein de sable, de cendres et de poussière pour amener le tout dans de grands tonneaux. En approchant, Philo aperçoit une jeune femme attachée dans l'un des tonneaux. Elle semble être bâillonnée et a le teint maladif. Elle ouvre de petits yeux rouges nimbé de larmes vers le prisonnier. Ses cheveux ras noir sont parsemés de grains de sable.

"Pourquoi est-elle là ? demande-t-il.

C'est apparemment la punition réservée aux femmes de la prison. Elles sont condamnées à mort. La Maîtresse les violente avant de les faire installer dans les tonneaux de sable. Chaque jour, à midi, la Maîtresse vient voir si elles sont encore en vie. Au bout d'un an, si elles sont encore en vie, elles sont installées dans sa collection personnelle, apparemment."


Nita explique cela avec un tel détachement qu'il est à peine croyable. Pourtant la jeune femme est bien là, dans le tonneau. Le garde emmène Philo de l'autre côté de la cour et lui menotte un balai dans les mains.

"Rempli le tonneau de cette femme et tue la. Si tu es le responsable de sa mort, tu auras une journée de permission dans la Tour."

Philo observe un instant le balais dans ses mains sans réellement comprendre l'ordre. Il est trop occupé à penser à Romane. Et il a peur pour elle. Romane est en danger et il sait que pour le moment, il ne peut rien faire pour la protéger. Il est réveillé de ses pensées par une petite tape sur l'épaule de la part de Nita.

"Je sais pour X45, je te tiendrais au courant"

Philo lève les yeux vers le gardien et souffle un "merci" presque muet avant de se mettre au travail, commençant à balayer vers les tonneaux. A chaque arrivée aux tonneaux, il s'efforce d'éviter les regards suppliants des prisonnières installées dans le fond de ceux-ci.

Le Silence - La Tour de l'AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant