Chapitre 5 : Permission provisoire

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Le regard bas, Philo pose sa pelle au sol. Il a achevé la mission qui lui a été donnée. En cinq jours, il a réussi à donner la mort à la prisonnière du tonneau. La femme a été noyée sous le sable et la poussière. Sur la fin, il ne voyait même plus ses yeux suppliants constellés de poussière.

Nita est arrivé peu de temps après. Il applaudissait. Le reste des prisonniers a jeté un regard haineux à leur camarade. Personne encore n'avait rempli un tonneau aussi vite, personne n'avait encore assassiné une innocente aussi vite. Mais Philo avait besoin de cette permission, pour Romane et Ayemeric. Le dos voûté par la honte que lui procure les applaudissements de Nita, il suit son garde en silence hors de la salle.

"Où est Romane ? Tu devais me tenir au courant !

Je fais comme je peux je te ferais dire. J'ai pas pu accéder à l'espace des prisonnières de premier rang, là où elle est. Je ne peux rien te promettre ou t'assurer, mais elle est obligatoirement en train d'être torturée par la Maîtresse.

Il faut la faire sortir de là, ordonne Philo."

Ils entrent dans une antichambre et avancent en silence jusqu'à une porte blindée. Arrivé devant la porte, Nita fait scanner son matricule et la porte s'efface, s'enfonçant dans le sol pour les laisser entrer.

L'espace dans lequel entre le prisonnier est très luxurieux. Les meubles en marbre bordent les murs. Un somptueux bureau en bois d'acajou est au centre de la pièce. Derrière, sa tortionnaire se tient debout, le sourire aux lèvres.

"Bienvenue dans mon bureau A27 !

Bonjour.

On m'a rapporté que tu avais rempli le tonneau qui t'a été attribué en un temps record. Personne encore n'avait fait aussi vite, félicitations !

Merci... grogne t-il dans sa moustache

Pour te féliciter, je t'offre un jour de permission et la faveur de ton choix.

Je veux voir Romane."

La femme sourit, l'air espiègle. Elle claque des doigts et le garde Justinien apparaît subitement à ses côtés. Elle lui chuchote une chose à l'oreille et celui-ci repart de la même manière qu'il est arrivé.

Il revient quelques instants après, tirant une chaîne continuant sur deux mètres derrière lui. Romane apparait, transformée par la torture. Son visage et son corps creusé font peine à voir. Elle tremble et vacille à chaque pas. Son regard est tourné vers la femme mais perdu dans le vide. Le garde lie la chaîne qu'il a à la main au bureau de la femme puis disparaît.

"La voici devant toi A27, la jolie X45. Tu voulais lui dire quelque chose je suppose ?

Romane ! Regarde moi s'il te plaît..."

Il vient délicatement saisir la main frêle de la demoiselle. Elle lève des yeux rouges et brillants vers son ami. Elle a pleuré pendant toute la nuit. C'est là qu'il remarque du sang séché sur la commissure des lèvres de la jeune fille.

"On va rentrer chez nous, je te le promets, chuchote t-il.

Je... Pas... Besoin... La Maîtresse m'aime... Soin de moi... murmure et bégaye la jeune fille alors qu'une larme coule de sa paupière.

Je vais nous sauver Romane, je te le promets, souffle l'homme en caressant les cheveux de la jeune fille."

Au contact de la main de son ami, le regard de la jeune fille prend un autre aspect. Sa voix également, comme robotisée.

"J'appartiens à la Maîtresse. Je ne partirai pas sans son autorisation. Je suis à elle"

Entendant ces paroles, Philo, choqué, fait un pas de recul. Sidéré, il laisse lui aussi s'échapper une larme. Justinien revient chercher Romane et elle disparaît avec lui. Un cris d'horreur arrive à l'ouïe fine de Philo avant que la porte ne se ferme.

Le Silence - La Tour de l'AiguilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant