Jordan

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J'ai toujours aimé la politique. 

C'est vrai, j'ai toujours apprécié les grandes figures dans les grands débats, tergiversant sur de grandes choses. Aujourd'hui, puisque c'est mon tour, je suis ravi d'avoir réussi à ressentir ce dont j'avais toujours cherché – en vain. Difficile de mettre des mots là-dessus. 

Mais quand le président de la République a annoncé la dissolution de l'Assemblée Nationale à l'écran, le premier sentiment qui a embaumé l'air de notre salle a était semblable à celui de la réussite. 

Notre coupe du monde à nous, avec le destin de notre côté. 

Je me suis toute de suite dit que les cartes n'étaient pas encore jouées. Mes yeux étaient embués. Certains ont besoin d'adrénaline dans leur vie pour vibrer et moi, j'ai trouvé la mienne dans la politique. Des moments comme ceux-là qui sont d'une telle importance qu'ils en deviennent bizarrement minimes et insignifiants.

Nolwenn a des mèches de cheveux qui ont envahies la moitié de son profil et l'empêchent de voir convenablement. Elle est assise à côté de moi, si excitée qu'elle ne tient même plus assise devant l'écran de la télévision, ses petites mains frêles tapotant entre entre elles, réalisant la nouvelle. Elle se tourne finalement vers moi après un moment, ses yeux noisette m'agrippent comme la peste.


- Je suis si heureuse, s'exclame-t-elle avec joie.

- Et moi alors !


Le petit comité présent est composé de fidèles à notre parti. Parmi les grosses têtes se trouve certains Lepen ; Olivier ; Tanguy ; et beaucoup d'autres. Tous applaudissent comme si nous fêtions une victoire, même si dans notre milieu nous savons très bien que ça l'est un peu déjà.


- Je suis fière de toi, me glisse-t-elle.


Son ton sincère m'arrache un vrai sourire pendant que je pose ma main dans son dos pour la rapprocher et lui voler un baiser comme réponse. 

Nolwenn sent toujours bon, son défaut est sûrement d'être un peu trop coquette à mon goût. Sinon elle m'a toujours soutenu ; je lui dois beaucoup. Même tout.

- Jordaaan ! Hurle Marine en arrière-plan.

Pris de surprise, la quarantenaire m'oblige à me lever pour l'encercler. Ma présence est imposante comparé à la sienne.


- J'ai presque envie de remercier Macron.

- Pour une fois que j'apprécie le personnage, j'ironise dans ses bras.


Mon mentor éclate de rire et finit par me libérer.

Tous ces visages ont l'air d'une plénitude quinquante, totalement ravi du sors de cette soirée qui s'annonçait d'un mauvais œil – et mon cœur est plus léger à cette vision. C'est pour cette raison que je ne veux pas les décevoir. 

Je ne peux pas. Il faut que je sois à la hauteur. 

Mes pensées dérivent malgré moi. 

Je suis si rassuré de les voir comme ça, pourtant, je ne peux m'empêcher d'anticiper le pire. 

Ça serait mentir de dire crier victoire avant l'heure. Ça reste un long chemin rempli d'embusques qui nous attend et qui, tout de même, ne nous garantira pas l'issue de secours – je le sais si bien.

Union d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant