- Vous avez fait quoi ?! – s’exclama Charlie les yeux ronds.- Eh bien…
Betty triturait nerveusement ses mains. C’était un reflex quand elle était stressée ou anxieuse… ou qu’elle avait fait une grosse bêtise.
En l’occurrence, ce qu’elle venait d’avouer à Charlie, c’était une grosse bêtise.
Cette dernière replaça une mèche de ses cheveux blonds derrière l’oreille, et reprit plus calmement.
- Toi et Marco, vous avez… - elle mima ce qu’elle n’osa pas prononcer
- Non, mais presque…
Betty souffla un grand coup.
- Je ne sais même pas comment ça a pu se produire. J’imagine qu’il devait y avoir une espèce de tension dans l’air, parce que quand j’ai refermé la porte, nous nous sommes jetés l’un sur l’autre…
- Betty, vous ne vous connaissez même pas…
- On ne l’a pas fait. J’ai refusé.
Même si elle ne le lui disait pas, Charlie la jugeait profondément. D’aussi loin qu’elle se souvienne, son amie avait toujours été idéaliste et extravertie.
Elle voyait le monde d’une manière très spéciale, et avait pour règle de ne pas respecter les normes et les conventions qu’elle jugeait « trop stupides » pour elle.
Mais surtout, elle faisait tout comme bon lui semblait ; c’est-à-dire tout ce qui lui passais par la tête, peu importe l’avis des autres.
Alors il ne fallait pas s’étonner. « C’était sûr que quelque chose de ce genre allait lui arriver » se dit Charlie.
- Charlie ?
Elle tourna la tête.
- Oui ?
- Dit quelque chose, s’il te plait…
- Comment ça s’est terminé ?
- Il s’est excusé d’avoir voulu aller trop vite. Ensuite, j’ai allumé la télévision et nous avons regardé Santa Barbara tout l’après-midi.
- Alors ça va, non ?
Elle essayait de dédramatiser la situation. Après tout, ça ne s’était pas mal terminé, pas vrai ? C’était même moins grave que ce qu’elle avait pu s’imaginer.
- Essai juste de ne pas aller trop vite. Vous venez de vous rencontrer alors vous avez le temps… ça serait idiot de griller les étapes
Betty hocha la tête avant de changer de sujet.
- Et avec tes parents, tout va bien ?
Cette question la replongea dans l’horreur qu’avait été son début de soirée. Quand elle était rentrée de la bibliothèque, les hurlements de son père venaient de s’arrêter. Les sanglots de sa mère quant à eux, étaient facilement audibles depuis la chambre parentale.
Malgré l’illusion de famille parfaite qu’elle essayait de donner, les Crawford allaient très mal depuis plusieurs mois maintenant. Car Sean Crawford, lorsqu’il était là, faisait vivre un enfer à sa femme et sa fille. Il se mettait dans une colère noire pour n’importe quelle broutille du quotidien.
Une casserole mal rangée, une fenêtre ouverte ou une trace de doigts sur un verre…tout était un prétexte pour déverser sa rage sur quiconque se trouvait dans son chemin.

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LE RAYON VERT
Roman pour Adolescents" C'est un minuscule point vert, très rare [...] une légende dit que lorsqu'on l'aperçoit, alors d'un coup, tout s'éclaire dans la vie de celui qui l'a trouvé. " _____________ 11 septembre 1988. C'est la rentrée dans la petite ville de Whispering B...