CHAPITRE 8

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-          Madame, je veux changer de place !

Daniel Craig 2.0 espérait que Madame Brown aurait pitié de lui, mais c’était mal la connaître.

-          Je peux savoir pourquoi, Jess ?

Il lui répondit comme si c’était une évidence :

-          Parce qu’Elizabeth me déteste !

Celle qu’il considérait comme son ennemie numéro 1 depuis peu, répondit à la professeure, un grand sourire aux lèvres.

-          Si je peux vous faire une suggestion, Madame. Mettez-le là-bas ! – elle désigna la table au fond de la classe et ajouta, c’est-à-dire le plus loin possible de moi !

Puis elle marqua une pause avant de reprendre :

-          Et pour ta gouverne, je m’appelle Betty ! Tache de t’en souvenir !

Ils se fusillèrent mutuellement du regard. Leur enseignante, qui les regardait se chicaner depuis plus d’une heure, anéantit leurs espoirs en une phrase :

-          Jess, tu restes où tu es. Vous allez arrêter, tous les deux ? J’ai l’impression d’être nurse dans un jardin d’enfant ! dis-t-elle exaspérée.

Marco, qui avait visiblement toujours quelque chose à ajouter, la soutenait :

-          Je suis d’accord avec vous, madame ! Ils sont insupportables !

-          Mais c’est votre faute ! Vous n’aviez qu’à le mettre ailleurs ! protesta Betty.

Elle leva les yeux au ciel, mais l’ignora et annonça finalement :

-          Sortez tous votre livre, page 21. Vous me faites les quatre premiers exercices et nous mettons en commun dans une demi-heure.

Jess alla se rasseoir et fit ce qu’elle demandait. Il voyait Betty fouiller dans son sac, à la recherche désespérée de son livre, qu’elle ne trouva pas.

Un léger rictus apparut sur ses lèvres lorsqu’il comprit qu’elle allait devoir lui demander de mettre le sien au milieu, afin qu’elle puisse suivre.

Mais ce ne fut pas le cas, du moins pas tout de suite. Il commençait à la connaître : elle était beaucoup trop fière pour lui demander un service.

Après plusieurs minutes à se tortiller sur sa chaise, elle le regarda et chuchota :

-          Je peux regarder ? S’il te plaît.

-          Non. Tu n’as qu’à avoir tes affaires – susurra-t-il au creux de son oreille

Il avait pris soin de bien articuler chaque mot prononcé.

Son sourire s’accentua un peu plus quand il vit le visage de sa voisine changer de couleur, et se déformer de colère. Il ne souriait même plus, mais riait ouvertement… c’était beaucoup trop drôle.

Elle lui montra son majeur et décala sa table de quelques centimètres.

Il se demandait alors comment il avait fait pour se mettre là-dedans. Et sa conscience le lui rappela : il avait fait ce qu’il savait faire de mieux ; l’imbécile avec Gwen.

Mais pourquoi diable l’avoir mis là ? Il aurait pu se retrouver à côté de n’importe quelle personne dans cette classe et il fallait que ça tombe sur cette peste… se disait-il.

Il observait, tout autour de lui.

Abigail parlait discrètement avec sa voisine Suzie. Sans doute se racontaient-elles les derniers potins…

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