Une sortie mais un retour particulier

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Ella
(Lundi)

- Maman a dit qu'elle viendrait te chercher ce soir lorsque tu rentreras de ta sortie. Elle t'emmènera à la maison avant qu'on parte. - me dit Lola, d'un gentillesse surprenante. J'acquiesce et vais à l'arrêt de bus.

Arrivée, toutes les filles de ma classe sont rangées dehors par deux. Je me joins au rang et écoute les consignes données par notre professeure d'anglais, Mme Berne. Après ce discours inutile, on prend place dans le car où je prends une place seule, ni trop au fond, ni trop devant. La route passe si vite que je n'ai même pas eu le temps de m'assoupir quelques minutes.
En descendant, Mme Berne nous confie à chacune un sac et nous souhaite bon courage. Cette journée ne s'avère pas être la pire puisque je n'ai pas de cours, mais elle est loin d'être la meilleure. Ma journée consiste à me baisser pour ramasser les déchets des autres. C'est pas mon job, bordel !
Je décide donc de m'éloigner de ma classe et de chercher de quoi m'asseoir. J'ai prévue de me reposer aujourd'hui.
Sur mon chemin, je ramasse quelques mégots et papiers pour faire mine de participer. Lorsque je trouve enfin un endroit convenable pour m'asseoir, je m'y pose, je rabats mes jambes dans mes bras et y pose ma tête. Je profite de ce moment de calme pour me vider l'esprit.
Mes paupières deviennent très lourdes et mon esprit dérive.
Soudain je me fais réveillée. Quelqu'un m'a lancé une bouteille en plastique vide. Je lève la tête et le voit, ricaner:
- Pourquoi vous avez fait ça ??!! - demandais-je ahurie.
- Tu as du travail il me semble. Même ça tu n'y arrive pas. -
Quel connard !

En me levant, il s'approche de moi et...
- Du calme ! J'enlevais juste une ronce de tes cheveux !! -
Il venait de lever la main près moi, et par réflexe, j'ai sursauté et je l'ai repoussé.  Je croyais qu'il allait me cogner, me frapper, comme mes parents...
- Désolée, je, je..., j'ai eu peur de, enfin de ... -
- Arrête de bégayer, je comprends rien !!-
- Désolée, j'ai juste eu peur. Je vais retourner ramasser les déchets des autres. - lui annonçais-je  pour mettre fin à cette humiliation et à cette gêne devenue pesante.

La nuit commence à tomber lorsque Mme Berne nous annonce notre retour. Je m'active à ranger mon sac avec les déchets que j'ai ramassé.
Grace à l'événement gênant de ce matin avec M. Caleb, je ne me suis plus reposée et j'ai pu ramasser une grande quantité de déchets.
Une fois mon sac rendu à Mme Berne, je m'installe à ma place de l'allée où je m'y endort jusqu'au retour. Je me fais réveillée par des filles qui ont décidé, en sortant, de me tirer les cheveux. Je me réveille alors en sursaut et me débat pour éviter qu'elles m'arrache trop de cheveux. 
Avant, je me demandais pourquoi je subis cette violence gratuite mais maintenant, je ne me pose plus cette question, j'endure.
Je sors donc du bus pour aller sur le parking. Je suis tellement contente que ma mère veuille me récupérer avant de partir en weekend. Lorsque j'arrive sur celui-ci, il n'y a aucun signe de ma mère ou même de Lola. Elles ont du avoir un contre temps. Je me pose par-terre, dos à un mur en pierre, en attendant d'apercevoir ma voiture.
La nuit est presque complètement tombée et toutes les filles de ma classe sont parties. Il ne reste sur le parking plus que 3 voitures. Elles doivent sûrement être aux professeurs pas encore partis.
- Qu'est que tu fous là !! Il est presque 19h !- me demande une voix trop familière.
Je tourne la tête, surprise de ne pas avoir entendue la personne s'approcher. Cette personne, c'est Caleb. Je lui réponds, en essayant de me relever pour être moins impuissante:
- J'attends ma mère. Elle a du avoir un imprévu.- je ne crois, moi-même, plus à cette version. Lola c'est foutu de ma gueule ce matin en me disant que ma mère allait venir me chercher.
- Ça fait presque 1h qu'on est rentré. Elle a du sûrement t'oublier. - ricane t'il
- Non ! Elle ne m'a pas oublié, elle a dû avoir un imprévu- me défendis-je en me dirigeant à l'opposé. -
- Tu vas où ? - me demanda-t-il froidement
- Bah je rentre chez moi. -
- Tu veux te faire kidnapper ou quoi ! J'te raccompagne. - rétorqua-t-il sans me laisser le choix.
- Par..., pardon ??- demandais-je surprise
- Tu m'as bien compris, je ne te laisse pas rentrer chez toi à pieds, seule, à 19h, dans le noir. -
- Non, c'est bon, j'vous assure, ça va être rapide. J'ai l'habitude !- négocie-je pour m'éviter un temps de gêne supplémentaire à ses côtés.
- Tu crois que je te laisse le choix ? Suis-moi, j'vais pas te kidnapper ! -

Je le suis donc, sans un mot, en comprenant que c'est peines perdues de batailler avec lui. Il me mène jusqu'à sa voiture qu'il déverrouille à distance. Je m'installe sur le siège passagers inquiète et embarrassée. Le reste du trajet se fait sans un mot.
Arrivée devant chez moi, je le remercie de m'avoir raccompagnée. Ma mère, mon beau-père et ma belle-sœur sont déjà partis. Il sort à son tour de la voiture et me suis jusqu'à la porte d'entrée. J'insère, un peu tremblante, la clé dans la serrure mais la porte ne se déverrouille pas. J'essaye de tourner la clé mais en vain. La porte reste fermée.
- Même ça t'y arrive pas ! - me dit-il en m'arrachant, d'un geste brusque, la clé de la main. Je sursaute de nouveau.- Putain mais t'es casse-couilles. - souffla-t-il en voyant mon réflexe .
Il essaya rapidement de ouvrir la porte mais en vain.
- On dirait que maman et papa sont partis en t'enfermant dehors.. - m'annonça-t-il comme s'il s'adressait à une enfant.
- C'est pas mon père !!!-
- Du calme, on dirait un pit-bull ! Bref, ils reviennent quand ? -
Je mentis:
- Bientôt.-
- « Bientôt » c'est dans combien de temps ?-
Réalisant qu'il compte attendre que mes parents reviennent, je décide de lui dire la vérité.
- Demain soir ...
- Demain soir ! -
- Vous inquiétez pas, je vais aller dormir chez une pote -
- Premièrement, je ne m'inquiète pas, je veux juste pas être accusé de complicité d'enlèvement ou de non-assistance à personnes en danger. Deuxièmement, j'tai déjà dit que je déteste les menteurs. T'as pas de potes ! -
- Non mais je vais trouver une solution.-
- Si ta solution c'est de dormir dans la rue ou dans ton jardin, c'est pas une si bonne solution que ça. Il annonce de pleuvoir cette nuit.-
Il a touché dans le mille: ma solution c'était de dormir dans mon jardin.
Il ajoute désespéré:
- T'es une des pire élève que j'ai connue dans ma carrière. Par contre tu dors sur le canapé ! -
- Quel canapé ? -
- Mais t'es vraiment pas futée toi ! Le canapé de chez moi . -
- Euh, non, c'est bon, je vais trouver une alternative ! -
- Grouilles ton cul, j'ai pas que ça à foutre d'attendre une meuf dans le déni de sa situation !-
Comprenant qu'il a raison, je remonte dans sa voiture sans un mot.

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