Killer #1

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Je secouais la grille.

"Hé merde..."

Je longeais le mur à ma droite en traînant des pieds. Je sortis mon téléphone. 8 h 28. Je devais attendre 1 heure dehors pour seulement 8 minutes de retard. Les délégués devraient vraiment essayer d'en parler avec les professeurs au lieu de préparer des activités à dormir debout.

Une fois arrivé au bout de ce mur, je pus voir des imbéciles : l'un sous un arbre et l'autre sur un banc. Je me dirigeai vers eux.

"Ooooh salut le puceau ! Mal dormi ?" M'annonça l'imbécile avec qui je m'entendais le mieux.

C'était un garçon plus grand que moi de quelques centimètres qui était rempli de tocs. Il était métis et avait des yeux vairons. Sous chacun de ses yeux se trouvait une tache de naissance qui formait trois lignes verticales descendant jusqu'à ses joues. Il avait des tresses africaines bleues, rouges et jaunes. Ses vêtements étaient deux fois trop larges pour lui et il portait toujours une écharpe bleu foncé dès que l'automne montrait le bout de son nez.

"Va te faire foutre Error." Le remballais-je alors que la situation nous amusait tous deux. "Sinon depuis quand tu sèches Cross ?"

"Je sèche pas. Tu veux que mon père me tue ou quoi ? Je commence plus tard aujourd'hui."

Je vins m'installer à même le sol juste à côté du banc.

"Les bads sont pas aux complets." Constatais-je à haute voix.

Trois sur six était notre nombre. Autant dire que le calme régnait comparer à d'habitude.

"La vieille chèvre a dit à Nightmare qu'il serait renvoyé s'il ratait encore une heure de son cours ce trimestre. Après bon, c'est pas comme si il traînait vraiment avec nous habituellement." Me répondit Error.

Il n'avait pas tort. Nightmare n'était pas du genre à s'attacher émotionnellement aux autres, un vrai loup solitaire. Je suis presque certain qu'il fait ça pour paraître mystérieux. Cependant, quelque chose attirait mon attention. Renvoyer pour si peu ? Je n'y croyais pas. C'était beaucoup trop gros comme sanction.

"Elle abuse pas un peu ?"

"C'est que quelques jours."

"Mais son frère a tapé une crise pour que ça arrive pas." Compléta Cross.

Pas étonnant venant de monsieur cucul la praline. Par contre, étonnant qu'il ait cédé à un de ses caprices. Bref, on s'en fout de ses affaires de famille.

Nous passâmes l'heure à discuter sans but. Avec Cross, nous dûmes le laisser à contrecœur afin d'assister à nos cours. Dans mon cas, je n'étais certainement pas un bon petit élève mais rater les cours n'était pas mon comble.

J'entrais dans la salle de chimie. Les autres élèves de l'option entraient les uns après les autres. Je m'installais à une place au hasard. Mon coude sur la table et la tête posée sur ma main, je regardai les élèves entrer. Mes heures d'options étaient peut-être les heures de cours qui m'intéressaient le plus. Et puis il se passait parfois des pitreries dans ces cours ce qui mettait de l'animation.

Je sortis de la salle de classe. J'attendis devant la salle de classe que la foule d'élèves se dissipe. Je mis ma main dans ma poche droite et me mis à tripoter ce qui se trouvait dedans. Un élève vint à côté de moi et regarda d'un air distrait ceux qui passaient dans le couloir.

"Merde... J'me suis coupé !" Râlais-je en me mettant à sucer mon sang.

"Le pauvre bébé veut un bisou magique ?"

Je dévisageais celui à mes côtés. Il ne me prêta pas attention et se contenta d'avaler quelque chose que je n'avais pas identifié. La meilleure réponse que l'on puisse donner à un imbécile est le silence. Je décidai donc de ne plus jamais lui adresser la parole de toute ma vie même si cette réponse ne pourra égaler sa bêtise.

Les couloirs étant vidés de la plus grande partie des élèves, mon compagnon et moi nous en allèrent. Nous fîmes route dans le silence le plus total. Mon sang n'arrêtait pas de couler. L'entaille ne paraissait pourtant pas si profonde que ça.

Alors que je me questionnais sur ma blessure récente, un juron me ramena à la réalité.

Dust était assis sur le muret qui séparait l'école du reste du monde. Je montais sur le banc puis le regardai. Il regardait nerveusement son téléphone.

"Ces enculés se sont tirés j'sais pas où. T'as de la batterie ?"

Il rangea son téléphone et me regarda. Je sortis mon téléphone. Je composais le numéro d'Error. Je mis le haut-parleur et ensuite déposais le téléphone entre nous deux.

Une première sonnerie...

Une deuxième sonnerie...

Une troisième sonnerie...

"Bonjour. Vous êtes bien sur le répondeur d'Error. Veuillez laisser un message ou me rappeler plus tard."

Un signal sonore se fit entendre. Je raccrochais.

"Appelle Nightmare pour voir." Me proposa-t-il.

"Il est tout le temps en silencieux. Il risque pas de répondre."

Mon téléphone sonna. Je me hâtai de répondre et mis celui-ci à mon oreille.

"Killer à l'appareil, j'écoute."

Dust se fouta de ma gueule en entendant ma façon automate de répondre. Je lui lançai un mauvais regard puis l'ignorai.

"Qu'est-ce qu'il - OH PUTAIN !!!! VAS-Y !!"

Ce n'était pas la voix d'Error que j'avais au téléphone. Je n'eus même pas le temps de dire un mot qu'un brouhaha énorme se fit entendre. J'éloignai le téléphone de mon oreille. Le vacarme que j'entendais de l'autre côté de l'appareil était tel que je ne pouvais le supporter. Dust me regarda avec insistance puis je mis le haut-parleur. Il comprit vite ma réaction.

Je raccrochai. Dust passa par-dessus le mur afin de se retrouver sur le trottoir. Je ne perdis pas de temps et l'imitais. Mon compagnon décida d'aller se dégourdir les jambes. Moi, je préférai rester là où j'étais.

J'observai les passants. Ils n'étaient pas vraiment intéressants. Cela m'ennuyait. Je décidai donc de me concentrer sur mes pensées plutôt que sur ces inconnus.

Ma pensée s'arrêta sur un souvenir mélancolique.

Je me mis à fredonner une vieille musique entraînante que je n'avais pourtant jamais entendue.

Interfectivus amor Où les histoires vivent. Découvrez maintenant