Interfectivus amor

Killer #4

Alors que je sortis de la cabine, je croisai un regard hautain et apathique. Bien sûr, il fallait que je tombe sur lui. Il était adossé contre le mur. Je ne lui prêtai que peu d'attention pendant que je me dirigeais d'un pas lourd et chancelant vers l'évier crasseux. De mes deux mains, je m'agrippai à celui-ci étant donné le peu d'énergie qu'il restait dans mes membres. Mes phalanges s'en retrouvèrent blanches alors que mon intention n'était pas de me crisper et de mettre autant de force dans cette action anodine. En croisant mon reflet dans la glace, je vis non seulement Nightmare qui me suivait du regard, mais aussi moi-même dans un état plus déplorable que je n'aurais aimé l'admettre.

"T'as oublié ça." Déclara-t-il en exposant à ma vue un de mes biens.

Je détournai mon regard de son reflet, entreprenant de me rafraîchir le visage en espérant avoir meilleure mine. Mais c'est alors que je réalisai que ça n'aidera pas à grand-chose. Bien que l'eau retira la traînée de salive le long de ma bouche et les larmes accumulées dans le coin de mes yeux, mes cheveux, mon regard et mon teint étaient ce qui me donnait cet air tant piteux. J'essayais en vain de rendre mes cheveux potables, mais comme précisé précédemment, mes efforts étaient vains. Bien que désormais, on aurait cru que, moi, je ne savais pas faire mes cheveux.

"C'était pas très élégant les bruits que tu faisais là-bas." Je suivis son regard et remarquai qu'il fixait la cabine que j'occupais auparavant.

"Sans blague." Commentais-je d'un ton sarcastique alors que les parois de ma gorge brûlaient.

Mon cœur se mit à battre plus vite sans que je puisse y faire attention. Pourtant, il tambourinait si puissamment que l'écho de ses battements retenti dans tout mon cœur, laissant derrière eux un tremblement léger mais constant sous chaque centimètre de ma peau. Mais, bien trop occupé à fixer l'homme qui se déplaçait de la cabine à moi, je ne remarquai même pas les discrètes secousses dont j'étais pris.

"Tu devrais regarder tes messages, je pense que c'était important."

Je pris mon téléphone de ses mains. Ce n'est que plus tard que je remarquai qu'il était bien étrange que celui-ci soit en possession de mon portable, un bien que je ne quittais que très rarement. Mais comme il s'était présenté à moi dans le but de me le rendre, je n'y avais pas plus réfléchi que ça.

C'était en le déverrouillant et en y analysant le contenu que je remarquai que Nightmare avait bel et bien raison en ce qui concerne l'importance des messages que j'avais reçus. Je toussais, essayant de me débarrasser de l'acidité qui agaçait ma gorge, puis mis mon téléphone à son immuable place.

"J'y vais. À toute." Le saluai-je sèchement étant donné la désagréable sensation que je réanimai à chaque parole.

Je marchais vers la sortie. Je ne pris même pas la peine de me retourner, mais je sentais très clairement son regard sur moi et c'était pesant, plus pesant que je ne l'avouerai.

En un claquement de doigts, je me retrouvais en face de ma classe d'histoire. Je faillis entrer sans prendre la peine de toquer mais heureusement, je rattrapais de justesse cette inattention de ma part. J'étais si livide il y a un instant, cette marche m'avait en quelque sorte dézombifié ; je dirai même réanimer. Le vieux professeur beugla, m'autorisant l'entrée.

J'analysais la salle, marmonnant une excuse à peine audible. Je ne vis aucune place vacante jusqu'à qu'un élève délesta une chaise de son sac. Je me dirigeai donc tout naturellement celle-ci. Le cours reprenait déjà mais je n'étais pas en état d'y participer activement.

"Dis ! T'aurais pas de l'eau ?" Chuchotai-je à l'intention de l'élève à mes côtés.

"T'aurais dû répondre à mes messages." Murmura-t-il d'un ton monotone tout en fixant le tableau, mais le connaissant comme si je l'avais mis au monde, je n'eus aucune difficulté à comprendre la réalité cinglante que cachait ce ton.