Interfectivus amor

Killer #2

Je me surpris moi-même, je ne pensais pas me rappeler un jour de cette musique dont je ne connaissais ni l'auteur, ni la durée. La dernière fois que j'avais dû l'entendre c'était il y a au moins 2 ans si ce n'est plus.

Je me sentis soudainement bien trop mélancolique.

N'appréciant guère ce sentiment amer, je décidai de me changer les idées. Je sortis mon téléphone et regardais les messages que j'avais reçus. Hier, après être rentré des cours, j'étais directement tombé de fatigue. Et il était évident que, ce matin, je n'avais pas pu regarder mes nouveaux messages au vu de mon retard. J'avais donc raté une conversation de groupe des plus intéressantes.

Un message attira mon attention. Un magnifique "Qu'est-ce que ça peut vous faire d'en apprendre plus sur ma vie privée ? Et puis allez vous faire foutre." Dust dans toute son élégance.

À part ce passage, la conversation était plutôt riche et presque tout le monde s'était prononcé par rapport aux thématiques abordées : ma préférée était celle abordant l'amour. Tout le monde sauf Nightmare et moi. Je dormais à ce moment et Nightmare avait certainement mieux à faire, selon ses principes. Malgré cela, mieux à faire ou non, les messages échangés ne pouvaient pas laisser indifférents. Ils suscitaient au questionnement. Habituellement, je n'aurais pas dit vouloir participer à ce genre de conversations ou même y trouver un quelconque intérêt, mais il fallait admettre qu'une fois plongé dans la lecture d'un tel débat, on n'en sortait plus.

"Boo." Prononça une voix sans timbre, espérant sûrement me faire peur.

À mon plus grand regret, je fus pris d'un bref sursaut. Je faillis faire tomber mon téléphone mais je réussis de justesse à le réceptionner. Nightmare se tenait la tête à l'envers juste devant mon visage, un regard impassible était tout ce qui constituait son expression. Je voyais bien pour la première fois ses deux yeux. Une frange asymétrique couvrait systématiquement son œil droit et au passage la partie droite de son visage.

Sa peau bicolore attira mon attention pourtant je me retins de tout commentaire. Je peux assurer que si la situation était autre ainsi que mon interlocuteur, j'aurais dû me faire violence pour ne pas complimenter cette caractéristique ou pour juste cacher mon émerveillement. Mais l'idée de lui faire ce privilège me rebutait et mon pouls avait beau s'être accéléré, ce n'était seulement pour laisser place à une réaction que je ne pouvais contenir et qui se trouvait être la colère.

"Dégage de là, Nightmare !"

Alors que je m'apprêtais à le tirer vers le bas afin qu'il tombe la tête la première, il disparut. Je levai la tête et le vis accroupi sur le muret auquel j'étais adossé. Il buvait d'ailleurs une brique de… jus de fruit, je suppose ?

"Tu lis quoi ?" Demanda-t-il sûrement par pure politesse ou ennui.

Je m'énervais et éteignis mon téléphone qu'il regardait d'un œil indiscret. Je fermai les yeux afin de revenir au calme. Lorsque je les ouvris, Nightmare était descendu du muret et s'installait à mes côtés sur le banc. Il était dos à moi.

"Qu'est-ce que tu bois ?" Demandais-je, intrigué.

"Du lait." Me répondit le dos face à moi en haussant les épaules.

Je me retins de rire aux éclats bien que cela était difficile. Je ne m'imaginais pas ce genre de réponse surtout venant de Nightmare. Il m'entendit pouffer et me jeta son berlingot à moitié vide sur la tête. Je finis donc avec mon pull et une partie de mes cheveux trempés.