je suis seul, vraiment seul (future)

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Cher toi, cher moi,
je ne sais plus trop. Je me souviens, il y a 3 ans lors de mon dernier rendez vous chez ma psychologue, Mme Martine, elle m'avait conseillé d'écrire dans un petit carnet tout ce qui se
passait, de bon ou de mauvais dans ma vie. Je dois dire que mon anxiété semble moins présente depuis que ce carnet me permet d'écrire des lettres sans réel destinataire.
Je ne sais pas trop par où commencer mais je crois que je dois commencer par te dire que je suis seul.
Bon j'étais déjà seul avant mais je veux dire seul, vraiment seul. Seul dans ma ville, seul dans ce pays, seul au monde !
Je peux comprendre que cela puisse paraître fou mais je pense réellement être le dernier être humain sur terre ! Je crois qu'il est temps que je te donne le contexte.

Mercredi matin : le monde tournait encore.
La planète était fatiguée certes,
les glaces étaient presque toutes fondues certes,
il ne devait y rester que quelques espèces d'animaux et quelques forêts certes,
mais les hommes étaient encore la.
Mme Martine était encore la, en face de moi, dans son bureau. Ma femme était dans le métro, mon voisin regardait la télévision en profitant de sa retraite et le président préparait son discours pour la COP 122.
Le monde allait mal mais le monde tournait.

Mercredi après midi :le président annonce les grandes lignes qui vont être discuter lors de la réunion. La météo française annonce de grandes inondations un peu partout, la météo de
Guyane annonce un grand ouragan, la météo de Thaïlande annonce un séisme d'envergure encore indéterminée et l'Australie publie encore un article sur la disparition d'une espèce et le manque de nourriture pour les animaux.
C'est vrai qu'on aurait du s'inquiéter, se demander si cet enchaînement de catastrophe ne serait pas fatal à l'humain mais le fait est que nous étions habitué. Nous n'avions plus peur des colères de
notre terre.
Cette après midi, Mme Martine conseille son dernier client de la journée, ma femme se dirige vers la station de métro, mon voisin pose ses mots croisées et allume la télévision et notre président
débat avec le président de Russie à propos de leurs dépenses énergétiques. Je crois que tu commences à comprendre : l'humanité n'a pas survécu à toutes ces déferlations.
Néanmoins, ne crois pas que l'humanité soit morte toute entière le mercredi soir. Non, nous étions encore quelques milliers de survivants.
Je pense que nous aurions pu s'unir, mourir un peu plus tard, retarder la faucheuse, en avançant tous ensemble, en prenant la Terre par la main, dans un élan de solidarité entre membres de cet écosystème qui devint si fragile.

Jeudi matin: Mme Martine m'a appeler pour annuler les prochains rendez vous, ma femme n'est toujours pas rentrée à la maison après l'inondation de la station javel près de la scène, mon voisin regarde la télévision horrifié de la catastrophe.
Moi, je prend un médoc et je prend ma voiture pour me diriger vers l'endroit le plus sur que je connaisse, la Beauce.
Ce matin la, un hashtag est crée sur Twitter avec une multitude de personnes de différentes langues qui échangent sur ce traumatisme général. 3 heures plus tard, dans les environs de 11h30, un suicide collectif est discuté.
Les vidéos d'information et les posts se diffusent et se multiplient à vitesse grand V.
Il y a maintenant une date, une heure, un lieu. Ce soir à 19h00, des milliers d'êtres humains se jetterons du plus grand immeuble autour d'eux
Moi, je ne participe pas à ce grand acte humaniste tragique. A ce moment la, je pense qu'ils sont fou et que beaucoup d'entre eux ne le feront pas. Mais tu te doute bien de toute façon que si j'écris cette lettre c'est que je n'ai sauté d'aucun bâtiment

Jeudi après midi : une journaliste peu connue mais encore en vie annonce la mort de dizaine de centaine de milliers de personnes et surtout celle de notre président et de son équipe.
Cette après midi, à l'écran, la journaliste se met à pleurer et annonce sa participation au suicide collectif.
Après cela, je me souviens m'être dit qu'au final, peut être qu'il y aura plus de personnes que ce que je pensais par terre le vendredi matin. Je reprend un médoc.

Ce soir la je n'ai pas oser regarder par la fenêtre, de peur de voir des centaines de personnes se jeter de leur toit. Même sans la vue, je peux entre le fracas glaçant de leur os en masse et la pluie laver le sang de ces pauvres gens. Je reprend un médoc.
Je crois qu'en prenant ces médocs, j'espérais faire une overdose et arriver au bout de ce
cauchemars mais cela n'est pas arrivé. Je me suis couché, je me suis endormi et je me suis réveillé, bien vivant

Vendredi matin: il n'y a plus de Mme Martine, j'ai reçu sa lettre de suicide à elle aussi.
Mme Martine n'aura plus de client. Je ne serait plus un client. Le client de personne.
Il n'y a plus ma femme, son corps doit être au fond de la scène. Je l'imagine tel Camille, verte, gonflée, défiguré.
Il ne doit sûrement plus y avoir mon voisin, ce pauvre petit vieux n'a pas du le supporter, je n'ai plus de nouvelle.
Mon voisin est mort. Ce cher Edmond était vieux, il ne vivait plus que de jeux
mobiles, de télévision et de rêves de sa jeunesse. Il était vieux, il allait mourir un jour.
ça n'a pas aidé, on l'a pas aider
il est mort.

il n'y a plus de président, nulle-part, aucun n'a voulu assumer après ces catastrophes.
Plus personne ne répond sur la hashtag Twitter
Je décide de faire un tour dans le village où je réside dorénavant. Je regarde par les fenêtres, il y a des gens morts dans certaines maison, parfois les parents et les enfants sont allongés au sol dans les bras les uns des autres
Je crois que la plupart des gens ici étaient calfeutrés chez eux depuis mercredi matin. Et puisque cela fait plusieurs années que l'on ne boit plus que de l'eau en brique à cause de la pollution de l'eau du robinet, tous ces gens dans les maisons ont du rester sans eau ni nourriture et sont morts chez eux.
N'empêche, je trouve ça beau de mourir en famille. Je pense que j'aurais préféré mourir avec ma femme dans les bras.
Elle aussi sûrement l'aurait voulu.

Vendredi après midi : je visite tous les magasins, je prend des briquettes d'eau par centaines ,de la nourriture à base de sucre, de conservateur, à peu près tout en boîte de conserve et environ 5 barres de savon.
Je retourne dans ma maison de campagne, j'allume la télévision: rien.
Je regarde mon téléphone : rien.
A La radio: rien
Je reprend un médoc.
Je suis seul, vraiment seul

Georges Le-blond, ton fidèle anxieux seul, vraiment seul



🌸Note de l'auteur🌸: encore une fois, j'ai un peu de mal avec l'orthographe, vraiment désolée s'il y a des fautes 😭
Pour ceux qui se demande, "Camille" est une référence au roman Thérèse Raquin par Émile Zola.
Enfin !!! Cette nouvelle est la première que j'ai jamais écrite ! C'est celle qui a fait que George existe ! J'ai mis énormément de temps à l'écrire , désolé 😭🙏
1230 mots

Je suis George Où les histoires vivent. Découvrez maintenant