DilEmma

Chapitre 38 (hot) : Deuxième clap

« Coupez ! »

Un coup de massue n'aurait pas pu être plus violent. La réalité assomma les deux femmes. Elles l'avaient jusque-là reléguée en second plan, à peine perceptible. Il fallut quelques secondes à Emma pour reprendre ses esprits et réaliser que rester plus longtemps sous les draps serait particulièrement suspect. Elle en sortit donc la tête et recouvrit son corps, soudain terriblement gênée de sa presque nudité dévoilée publiquement. Un sentiment que partageait Jo, pourtant plus habituée à ce genre de situation. Quoique...

En réalité, jamais elle n'avait réellement ressenti cela lors d'une scène. Jamais elle n'avait cessé d'interpréter... Elle avait beau avoir fait des efforts surhumains pour se réfréner tandis qu'Emma réveillait un ardent désir dans chaque cellule de son corps, elle se doutait que le résultat face caméra devait être plus convaincant qu'il n'aurait dû. Elle fit tout ce qu'elle put pour balayer la moindre réflexion de son esprit, mais la gêne l'envahit jusqu'au sommet de son crâne. Une gêne qui atteignit son paroxysme lorsque Claire fit son apparition, un sourire mutin aux lèvres...

« Wow ! Girls... that was amazing ! A croire que vous vous êtes entraînées... ajouta-t-elle malicieusement en jetant un rapide coup d'œil du côté de Maryline, cachée en coulisses. »

Emma voulut disparaître et s'enfonça un peu plus dans le matelas et le drap. Jo n'en menait pas large non plus, et toutes deux évitaient de croiser le regard de l'autre.

« On va définitivement garder cette prise comme trame principale pour le montage, mais on va avoir besoin d'un ou deux autres plans qu'on ne pouvait pas faire sans gêner le champ ».

Puis elle se tourna vers le cameraman et lui indiqua un placement dans la pièce, avant de retourner contrôler avec lui sur l'écran l'angle par rapport à la prise précédente.

« Attends... ça veut dire qu'on va devoir recommencer ? s'inquiéta Emma, paniquée à l'idée de soit se laisser à nouveau complètement emporter, soit ne pas parvenir à feindre l'intensité des émotions qu'elle venait de ressentir.

- Je crois bien, oui... et en même temps, je pourrais faire ça toute la journée, lui glissa Jo, dont l'excitation n'était pas assouvie et la démangeait dangereusement. »

Emma rougit face à ses paroles. Elle aussi ne demandait qu'à « faire ça » toute la journée, mais pas forcément devant des caméras... et si elle n'avait pas été une femme mariée.

Deux assistantes arrivèrent, peignoirs à la main, afin d'aider les actrices à sortir du lit. Johanne l'enfila à la vitesse de l'éclair afin de cacher ses sous-vêtements humides, et les deux femmes se rhabillèrent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire afin de cacher les traces de leur « crime ». Pourtant, elles ne cessaient d'échanger des regards discrets et de goûter l'autre du bout des yeux.

La réalisatrice revint vers elles et leur expliqua rapidement les séquences sur lesquelles elle voulait s'arrêter. Le début en faisait partie, mais elle souhaitait également d'autres plans dans le lit pour voir davantage la « frimousse » d'Emma qui était restée hors caméra une grande partie de la précédente prise. Malgré cette longue coupure dans leur élan, les deux femmes n'eurent aucun mal à se jeter à nouveau dans les bras l'une de l'autre, goûtant au délice de cet amour interdit rendu possible par leurs personnages. Elles savaient que tout ceci n'était pas moral, mais elles préféraient ne pas trop y penser : Laura et Cécile s'embrassaient, s'aimaient, et Jo et Emma devaient leur donner vie, rendre ces sentiments crédibles. Elles devaient s'embrasser, quoi qu'il arrive, qu'elles le veuillent ou non. Ce n'était pas la peine de réfléchir au fait que oui, justement, elles le voulaient.