Dark Spines [Tome 1]

Épisode 9 : Le motel

Mon souffle est brûlant et me fait mal lorsqu'il passe dans ma gorge. Ma course effrénée commence à causer des brulures à mes muscles tendus. Je suis toujours Kyle, qui sprinte jusqu'au bout de la ruelle, en me tirant avec sa main. Soudain, nous arrivons au bout de la ruelle qui débouche sur la route côtière devant notre immeuble. Kyle ralentit pour finalement s'immobiliser au coin, avant de jeter un coup d'oeil à l'avant du bâtiment. Il retire presque immédiatement sa tête avant de contracter violemment sa mâchoire. Il me dit, essoufflé par notre course : 

- Il y en a d'autres devant l'immeuble, il ne vont pas tarder à rappliquer. 

Avant que je ne puisse le demander quoi faire, Kyle s'élance dans la direction opposée pour longer les immeubles et s'éloigner le plus possible de nos agresseurs. Comme il tient toujours ma main, je suis ses pas en puisant dans le peu de réserves d'énergie que je possède encore. Derrière moi, j'entends les cris des hommes qui nous poursuivent. 

Arrivée à la fin du deuxième immeuble que nous longeons, Kyle bifurque brusquement dans une petite ruelle sur la droite. Je me retrouve embarquée à mon tour dans cette petite ruelle sombre assez peu accueillante. Je ne vais plus pouvoir courir très longtemps et Kyle le sais, puisqu'il ralentit légèrement le rythme, à l'approche d'un nouveau croisement. Là, il bifurque dans une nouvelle rue, puis dans une autre ruelle parallèle et nous débouchons enfin sur un petit parking encaissé entre plusieurs hauts immeubles. Kyle ralentit pour finalement s'adosser à un mur, et il lâche enfin ma main. 

Il prends une grande inspiration tandis que je fais de même, tout en m'adossant moi aussi à un mur. J'inspire pour calmer mon rythme cardiaque qui s'affole, et je tente d'éponger la sueur qui humidifie mon front. La terreur ne m'habite plus, puisque c'est désormais un sentiment de survie que je ressens. 

Je prends quelques instants pour reprendre mes esprits, et je fais un rapide point sur la situation. Mon pantalon en jean et mon tee-shirt me collent à la peau tant je transpire et mon souffle me brûle toujours la gorge, signe de mon intense effort. Kyle est à peu près au même niveau que moi, sauf qu'il est toujours torse nu et que du sang macule ses poings. QUEL BORDEL ! COMMENT AI-JE PU ME RETROUVER DANS UNE SITUATION PAREILLE ??? L'heure n'est pas aux questionnements mais plutôt à essayer de trouver un lieu où être en sécurité. 

Je vois que Kyle pense la même chose que moi puisqu'il tourne la tête vers moi avant de me dire, d'une voix rendue rauque par notre course :

- Il y a un endroit. Pas loin d'ici. Il faut s'assurer que nous les avons semés. 

J'acquiesce en silence, toujours essoufflée, et j'observe Kyle se diriger lentement vers l'entrée du parking. Il passe sa tête et attends plusieurs secondes avant de revenir vers moi et de m'annoncer : 

- Ils ne sont pas là, mais ils vont surement sillonner les rues pour nous retrouver, alors filons, et tâchons de trouver un endroit où se cacher. 

Encore une fois, je ne réponds pas, me contentant de faire un léger signe de tête. Puis, je me redresse, en ignorant tant bien que mal la douleur dans mes cuisses, mollets, et chevilles. Kyle s'engouffre vers l'entrée du parking, et je le suis en pressant le pas, pour me retrouver à sa hauteur. Nous sortons prudemment, et lorsque nous sommes sûrs que personne ne se trouve dans la ruelle, nous traversons la route pour aller dans une autre rue. Nous ne courons pas, mais la pression et la peur nous fait marcher plus vite que d'habitude. 

Quelques minutes après notre départ, nous nous engouffrons encore une fois dans une nouvelle ruelle, si bien que je n'ai plus aucune idée de l'endroit dans lequel nous nous trouvons, par rapport à l'appart. Les quartiers qui nous entourent sont beaucoup moins chics et illuminés que la zone côtière et j'avoue que les lumières blafardes des lampadaires ne me rassurent pas. Mais pur une fois, je décide de faire confiance à Kyle, qui semble connaître l'endroit puisqu'il bifurque à certains croisement, traverse des ponts, et passe de ruelles en ruelles comme s'il connaissait le quartiers comme sa poche.