Épisode 8 : Nuit ardente

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Déjà cinq jours se sont écoulés depuis la soirée avec Eva, de laquelle je suis rentrée presque complètement bourrée à deux heures du matin, ce qui m'as valu de vives remarques de la part de mon colocataire. Depuis, il ne s'est rien passé de palpitant dans ma vie. Le lendemain de la soirée, je n'ai rien fait si ce n'est passer la journée avachie dans mon lit devant Netflix. Le jour suivant, je me suis ressaisie et j'ai pris la décision de faire du sport sur le balcon de l'appart, lorsque Kyle s'en est allé. D'ailleurs je n'ai toujours aucune idée de ce que fait Kyle durant ses journées. Comme toujours, il n'est pas très communicatif, et nous ne nous sommes quasiment pas parlé depuis la soirée chez Riley. 

Tout comme aujourd'hui d'ailleurs, puisqu'il est parti de l'appart, le regard glacial, en claquant violemment la porte derrière lui. Je ne compte plus les fois où il fait ça, si bien que mon envie de lui demander les raisons de son agacement disparaît petit à petit. 

Malgré tout, il ne me reste que quelques jours avant mon entrée en école d'art, et je me dois d'être fin prête. Ce matin, j'ai décidé de me donner un bon coup de pied au cul, et j'ai peint presque toute la journée. Mes toiles ne ressemblent presque à rien, tant il y a de couleurs, de mélanges de styles différents, et de couches de peinture. Mais je suis tout de même satisfaite de moi et je m'empresse d'envoyer mes nouvelles oeuvres à Vanessa, avec qui j'ai repris contact ce matin. 

Elle m'as elle même avouée être assez stressé à l'approche de cette rentrée, et je ne peux que comprendre ce sentiment, qui devrais m'habiter également mais qui pourtant, est absent depuis quelques temps. Je suppose qu'avec toute l'agitation des derniers jours, mon esprit n'est plus tout à fait consacré à l'art et aux études. C'est pourquoi ce matin je me suis imposée un rythme de création artistique. Je veux repeindre comme avant, et stresser comme avant que j'arrive à Miami. J'ai donc posée une réponse rationnelle sur chacune des questions existentielles qui me taraudaient. J'en suis arrivée à la conclusion que si Kyle était désagréable, c'est que c'est un connard que je ne dois pas approcher, que la présence de son arme dans son placard est tout à fait normale puisque plein de citoyens des États-Unis possèdent une arme légalement. Et enfin, mon impression qu'Eva me cachait quelque chose n'est qu'une preuve qu'une fois de plus, je suis parano. 

Ces réponses personnelles m'ont fait un bien fou, et j'ai pu me reconcentrer sur ma véritable passion : la peinture. Ce récapitulatif fait, je retourne au moment présent, lorsque j'entends la clé de l'appart tourner dans la serrure. Un Kyle presque moins énervé que d'habitude passe la porte. Il jette ses lunettes sur la table, avant de s'enfermer dans sa chambre, sans un mot. Je ne m'attendais pas spécialement à un quelconque salut de sa part, sachant que j'ai déjà eu droit à un vague "bonjour" ce matin. 

Loin de me soucier de ce qui le tracasse, je passe la soirée à lire, mon casque sur les oreilles, dans le sofa du salon. Les baies vitrées sont ouvertes, et je profite de la fraicheur de la soirée. Malgré l'heure tardive, la lumière de la ville répand son aura blanchâtre dans le salon, baignant la pièce d'un halo laiteux. Je tourne les pages de mon livre, inlassablement, jusqu'à tomber sur la fin du chapitre. Je consulte mon téléphone pour savoir l'heure, et minuit approchant, je décide de migrer vers ma chambre pour aller me coucher. Après avoir vérifié que toutes les ouvertures sont bien fermées, je me dirige vers ma chambre, et ferme la porte derrière moi. Comme à mon habitude, je jette un coup d'oeil à la porte de Kyle, et à mon grand étonnement, aucun raie de lumière ne filtre en dessous de la porte. Je suppose qu'il est déjà endormi, ce qui me surprend. 

J'éteins les lumières après m'être changée. Je fixe le plafond éclairé par les quelques rayons de lumière blafards qui filtrent à travers le volet, et je plonge dans un profond sommeil quelques instants après. 

*

Au beau milieu de la nuit, je suis réveillée par des bruits sourds qui s'intensifient. Je n'y prête que peu d'attention, pensant que ce sont les voisins qui font une fête improvisée ou je ne sais quoi. Mais les bruits ne s'arrêtent pas et j'ouvre les yeux, contrarié. Qui ose me déranger en pleine nuit ? Je peux me révéler très désagréable dans ce genre de cas, et je décide de me lever, d'enfiler un jean, prête à aller sur le pallier pour protester. 

Dark Spines [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant