Dans la continuité de mon book de conseils et articles autour de l'écriture, je vous propose dans celui-ci des portraits d'auteurs et des critiques de livres pour enrichir un peu plus votre culture littéraire et découvrir des personnalités sympathiq...
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Hello, hello !
Nouvelle chronique pour la dernière masse critique Babelio de cette demi-année. J'ai reçu à chroniquer un essai de Marta Segarra, Humanimaux : Où placer les frontières de l'humanité ?, considéré comme un ouvrage de référence sur l'anti-spécisme, notamment.
C'est un sujet qui m'intéressait beaucoup. On y parle des limites entre l'animal humain et l'animal non-humain d'un point de vue scientifique, social, culturel, philosophique, et d'à quel point il est acceptable de considérer l'homme comme un animal comme les autres. Inévitablement, on y aborde de nombreuses thématiques attendues sur ce sujet, allant de la consommation de viande, à l'usage des animaux dans les élevages ou la science, des différences de considération entre nos animaux domestiques et ceux pour lesquels nous avons peu d'intérêt, comme les insectes et les poissons. On y parle aussi d'humains qui traitent d'autres humains comme des animaux, dans le cas de l'esclavage ou du nazisme.
La lecture a été très enrichissante et donne beaucoup à réfléchir sur la place de l'homme en tant qu'espèce, en tant qu'individu, mais aussi sur des choses auxquelles on ne pense pas forcément, comme sa place dans la chaîne alimentaire ou si l'art est uniquement une caractéristique humaine. Le sujet est dans l'ensemble bien maîtrisé, avec de nombreuses références littéraires, cinématographiques et des témoignages de scientifiques qui ont dédié leur vie à tenter de comprendre le fonctionnement de certains animaux, et notamment les grands primates, dont on dit si proche et si éloignés de nous à la fois.
Pour autant, je pense qu'il faut prendre beaucoup de recul sur les propos du livre. Déjà, clairement, le propos n'est pas neutre. Certains passages sont très, très orientés et critiquables. Je pense notamment à un passage sur l'usage des animaux en tant que compagnon de travail qui n'aborde que le dressage chez les chiens, et par exemple pas l'éducation positive qui est largement privilégiée. La domestication des chiens y est décrit comme une relation abusive de l'homme sur le chien, alors que l'éducation positive base tout sur une relation de confiance à niveaux certes inégaux, mais beaucoup moins violente quand dans les vieilles inepties sur le dressage canin (genre le dressage de César Millàn qui base encore son dressage sur le fait qu'il y a une hiérarchie de meute pour un chien, ce qui a largement été démenti par la science depuis).
De même, bien sûr, le livre s'oppose fermement à la captivité des animaux, dans les cirques, on est d'accord, mais aussi dans les zoos, en oubliant bien au passage toute la partie sauvegarde d'espèces en danger qu'on ne retrouve quasi plus à l'état sauvage. J'ai trouvé ici aussi la vision des zoos assez datées et trop orientée avec des discours qu'on retrouve chez Peta notamment, mais qui manquent de beaucoup de nuances.
Le point qui m'a le plus dérangé en revanche, c'est les comparaisons constantes, pour tout et n'importe quoi, avec l'esclavage, le racisme ou le nazisme. Dans certains cas, ça se justifie, notamment pour parler de la notion de travail. Mais alors comparer l'abattage des vaches au traitement des personnes juives pendant le nazisme, ça ne passe vraiment pas. Par ailleurs, il y a quelque chose qui a dû coincer puisque même l'auteur a tenté de se justifier maladroitement sur ce passage que j'ai trouvé honnêtement assez choquant et très abusé. C'est loin d'être le seul passage comme ça, et je pense qu'il y avait d'autres exemples à utiliser sur ces points qui sont bien moins questionnables niveau moralité.
Dans l'ensemble, une bonne lecture donc mais qu'il ne faut pas accepter aveuglément comme vérité absolue, et qui est même critiquable sur de nombreux points. C'est bien pour enrichir ses connaissances sur le sujet, mais je pense que lire d'autres livres plus neutres sur le sujet reste indispensable pour vraiment avoir tout le tableau.
