[Open Strange Doors] La grande année des goètes - Searth S. Cabal

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Hello, hello !

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Hello, hello !

C'est la chronique d'une énorme brique que je viens vous présenter aujourd'hui : La grande année des goètes de Searth S. Cabal, chez les éditions Open Strange Doors.

Touché par une maladie incurable, Angus Grey, héritier d'une famille de puissants goètes, des sorciers, décide de tromper la mort coûte que coûte. Pour sauver sa vie, il lie son destin à celui d'un familier, Karb, un démon avec qui il partage désormais son essence vitale. Poussé par une ambition hors du commun, il décide de mettre les dons de son nouvel allié au service de Maleachi, un maître goète qui cherche à faire tomber Rome entre les mains des sorciers, fatigué par des années de persécution et de meurtres.

Malheureusement entre eux se dresse Bartley Blyth, un prieur à la recherche du pardon, qui doit délivrer à Rome une relique puissante, alors même que la place de pape vient de se libérer. Sa route va croiser celle d'Angus, pour le meilleur et pour le pire. Un prêtre damné et un homme maudit peuvent-ils vraiment se lier d'amitié sans conséquences ?

Tous ensemble vont changer la face du monde, tant bien que mal.

Cet énorme roman de près de 800 pages appartient au genre de la fantasy historique. Pour ceux qui l'ignorent, il s'agit d'un sous-genre de la fantasy qui à la manière de l'uchronie, vient modifier des événements historiques sous le prisme d'un surnaturel normal pour les personnages. Nous nous trouvons ici au XVIe siècle, juste après une grande chasse aux sorcières qui a coûté la vie à de nombreux goètes, et différentes factions vont se battre pour détruire l'Eglise catholique (ou la sauver) malgré leurs très nombreuses différences. L'intrigue se passe en trois parties et sur trois pays : l'Angleterre, la France et l'Italie, donc on voyage aussi pas mal !

Le roman est aussi par de nombreux aspect un roman de fantasy de moeurs ou de cour. Il contient peu d'action et présente davantage des guerres de pouvoirs par les mots et les rangs sociaux. La majorité de l'intrigue s'effectue par le dialogue, à l'exception de rares passages cinématiques qui sont excellents et m'ont par deux fois décrocher la mâchoire ahah.

Ce que j'ai beaucoup adoré, c'est que le personnage principal est un anti-héros, et un vrai. Il est détestable, il est égoïste, il est ambitieux, il est lâche, il abuse son démon et ne cherche qu'une seule chose durant toute l'intrigue : sauver sa peau. Et il va le payer très très cher, tout au long de l'histoire. La conclusion de son intrigue est tout bonnement abominable, mais extrêmement bien trouvée. C'est rare qu'un personnage que je n'aime foncièrement pas me fasse aimer un texte à ce point. C'est une pourriture, à tous les points de vue, mais ça le rend presque attachant.

Le personnage le plus attachant cela dit reste son démon, Karb. D'abord aussi naïf qu'un nouveau né, on le voit doucement évoluer au fil de l'intrigue et gagner en puissance. D'abord personnage secondaire et quasi-invisible, il va prendre de plus en plus de place dans l'intrigue jusqu'à se faire personnage principal, alors que ce n'était pas gagné. J'ai trouvé ce procédé d'écriture très intelligent. C'est en plus avec Karb qu'on a les meilleures scènes de ce roman, puisqu'il est à la fois une force émotionnelle et une force humoristique dans le récit. Il vient alléger les choses quand la tension est élevée, et il peut au contraire provoquer le drame quand il y a besoin. C'est un personnage extrêmement attachant, important et très très bien travaillé.

A côté de ça, j'ai un peu moins accroché aux autres personnages. J'ai trouvé que Bartley Blyth et Malaechi manquaient parfois de grosses nuances dans leurs discours. Ils sont trop blancs ou noirs.

L'intrigue autour de Bartley Blyth est intéressante, mais souffre d'un grand nombre de flous et d'inconsistances qui rendent son histoire difficile à suivre. J'ai aussi trouvé que la fin de son histoire avait été assez bâclée et manque de conséquences. De manière général, il est trop en arrière dans l'intrigue, on est parfois surpris de voir son histoire évoluer parce qu'on a oublié son existence mdr.

Quand à Maleachi, c'est un méchant au final assez ordinaire. Certes, il a des motivations, mais dans l'ensemble c'est quand même vachement "agrougrou je veux tout le pouvoir pour moi et détruire l'Eglise *insérer rire démoniaque*". J'ai eu un peu de mal à le trouver crédible, et pareil, sa conclusion est beaucoup trop rapide et décevante après tout le bazar qu'il a causé. Je n'ai pas aimé non plus les inconsistances de son personnage et ses crises de colère qui sont souvent à la limite de la paranoïa et pas tout le temps justifiées. J'ai eu un peu de mal à le cerner.

Mis à part les mages de la cabale de Maleachi qui sont plutôt intéressants, j'ai trouvé que la plupart des autres personnages étaient assez oubliables et ne faisaient que rallonger une intrigue qui n'avait vraiment pas besoin d'être ralongée. Il y a beaucoup de longueurs dans l'histoire et de moments pas forcément très intéressants. J'avoue avoir passé quelques scènes parce qu'elles m'ennuyaient profondément également. Je pense qu'il aurait fallu plusieurs fois aller à l'essentiel dans l'histoire afin de ne pas trop faire retomber le rythme de l'histoire, ce qui est arrivé à plusieurs endroits. Certaines intrigues secondaires ne sont vraiment pas nécessaires et en plus n'aboutissent à rien, comme cette pseudo histoire d'amour entre Valère, une des mages de la cabale et Maleachi, qui non seulement sort de nulle part mais retombe sur Angus, alors même qu'il est assez clair que le personnage n'a aucun intérêt pour la romance (dommage que ce soit un sale type, j'aurais presque été heureuse de cette représentation aromantique ahahah). Du coup j'avoue n'avoir pas compris pourquoi il était essentiel que cette scène existe alors qu'elle n'a aucun, mais alors aucun lien avec tout ce qui se passe. Et il y en a plein d'autres de petites scènes similaires qui mises bout à bout auraient fait gagner au moins une centaine de pages à l'histoire je pense.

Dans l'ensemble, j'ai quand même passé un très bon moment de lecture. Le style est très bon, mais aussi très exigeant et complexe. Ce n'est clairement pas un roman que je conseillerai à des personnes qui débutent la découverte de la fantasy. Il faut aimer les romans qui papotent beaucoup, il faut aimer les intrigues de cour complexes, et il faut aussi aimer les combats de pouvoirs et les combats religieux, puisque c'est le cœur de l'histoire. Il y a d'excellents passages et d'autres moins bons, ce qui me laisse une impression globalement mitigée, quoique plus positive que négative.

Je vous recommande de le lire par vous-même pour vous faire votre propre opinion ! C'est une sacrée épopée !

GRAINES D'AUTEURS | Tome 2 | Interviews d'auteurs & chroniques de livresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant