Chapitre 24

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Joyce

- Je m'inquiète pour lui, lança Aithne les yeux pensifs.

De ma hauteur, je détaillais la belle rousse aux visages poupons. Les sourcils froncés, elle se mordillait l'ongle du pouce nerveusement. Ses yeux luisants regardaient vaguement le ciel, d'un bleu éclatant.

Devrais-je la câliner pour la réconforter ? Je n'étais que peu voir, aucunement à l'aise, à l'idée de ce simple geste d'affection. Mais si c'était ce dont elle avait besoin, à cet instant ?

Pourtant, mes doigts suitaient déjà et mon pouls s'accélérait dangereusement. Je soupirais et secouais la tête, le souffle court.

Ce ne sera pas pour aujourd'hui.

Je tentai de me distraire de mes pensées parasites et fixait le chêne qui surplomblait la modeste habitation de toute sa hauteur. Le vent soufflait agréablement sur les branches. Alors, je fermai les yeux pour apprécier ce doux spectacle qui me berçait presque.

Madame Rosetta, nous avait envoyé prendre l'air avant le repas, insistant pour que nous ne levions plus un petit doigt. Nous obtempérames, non sans quelques murmures insatisfaits.

- Il nous a habitué à plus de sang froid, c'est sûr, commençais-je. Mais, je trouve ça plus rassurant qu'il nous montre son choc, plutôt qu'il le cache.

Elle me fixait, dubitative.

- C'est quand même de Connal, qu'on parle, reprend t-elle. Et j'ai plus l'impression, qu'il ne l'a pas montré de bon coeur, sa panique. Ses yeux étaient vides quand il s'agitait, il avait l'air d'être complètement isolé, dans sa bulle.

- Je sais pas quoi te dire, bae. Ce qu'il a vécu est d'une violence innouie même pour un soldat. Il a failli y passer.

Je me pausai quelques secondes.

- On a tous failli y passer, en faite. C'est vrai, qu'en tant que militaire on est familier avec la mort, mais la frôler aussi brutalement. Y'a mieux comme situation que de se faire presser la gorge comme un citron, ajoutais-je sarcastiquement lui arrachant un léger rictus nerveux.

- Donc, non pour moi ce n'est pas choquant, poursuivis-je, qu'il ait si peu d'emprises sur ses émotions et réactions. Même pour un introverti comme lui qui met un point d'honneur à garder son calme. Pour l'instant, il n'y a rien d'anormal.

Elle détourna le regard, pas plus convaincu.

- Ecoute, je t'avoue que je suis à deux tensions depuis l'accident donc c'est possible que je te raconte du n'importe quoi. Alors le meilleur conseil que je peux te donner pour le moment, c'est de lui faire confiance. Connal a sa fierté, c'est vrai ; mais il sait aussi reconnaître quand ça ne va pas et c'est d'ailleurs aussi grâce à ça qu'il a pu nous aider à gérer le trop-plein jusqu'à maintenant.

Je replaçai une mèche blanche, derrière mon oreille.

- C'est un peu grâce à lui, qu'on a pas tous craqué sous la pression. Pourtant, lui aussi il devait la gérer.

Mon amie acquiesça.

- Ce que j'essaie de te dire, c'est que comme d'habitude si ça va pas et qu'il a besoin de temps, il saura le verbaliser et s'accorder cette petite pause pour revenir plus fort. Alors ne te prend pas trop la tête.

Elle hocha la tête et je la gratifiais d'un petit coup de coude amicale. Le maximum de contact que mon corps autorisait sans sonner l'alerte rouge.

- Rentrez mes enfants, vos amis sont là et tout est prêt, lança soudainement une voix familière.

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant