Chapitre 5 - Rencontre littéraire (1ère partie)

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Après le déjeuner, Solène se précipite dans la bibliothèque bien décidée à percer les secrets de ce mystère qui lui embrouille le cerveau depuis quelques jours.

En arrivant dans la salle, elle prend quelques minutes pour admirer les centaines d'ouvrages qui se dressent devant elle dans un alignement parfait. Au centre de la pièce se trouvent un guéridon et deux fauteuils qui invitent à la lecture, quelques portraits de famille sont posés sur un petit meuble près de la fenêtre, en s'y approchant, elle reconnait sa tante et son oncle. L'endroit est chaleureux et d'un calme absolu.

Elle parcourt les étagères en effleurant du doigt le cuir des manuscrits en rêvant de posséder, dans sa future demeure, une pièce aussi belle et fournie de livres en tout genre. D'ailleurs, elle a déjà commencé une collection, beaucoup d'encyclopédies et autres recueils scientifiques évidemment, mais elle apprécie aussi de temps à autre des romans épiques ou des biographies.

— Bien ! Par où commencer ? se questionne Solène à haute voix. Voyons, je me dois de réfléchir de façon pragmatique et organisée. Il semblerait que les sentiments amoureux aient un impact sur les sensations physiques. Peut-être devrais-je tout d'abord consulter un manuel sur l'anatomie ? Ou alors ...

— Il me semble Mademoiselle, que vous devriez plutôt vous diriger vers les livres de psychologie si vous souhaitez étudier cette thématique, intervient une voix forte et masculine.

— Mon Dieu, vous m'avez fait peur, Monsieur, sursaute la jeune femme.

Solène se retourne brusquement, la main sur le cœur. Elle découvre alors, dans l'encablure de la porte, un homme fort impressionnant. Vêtu d'une redingote bleu marine, ni cane ni chapeau à la main, il semble être apparu comme par magie dans le salon.

—Veuillez m'en excuser Mademoiselle. Ce n'était pas intentionnel, je vous l'assure. Je passais dans le couloir quand je vous ai entendu parler et j'avoue que votre réflexion m'a ...

— Et à qui ai-je l'honneur Monsieur, je vous prie ? Demande promptement Solène en analysant l'homme qui se trouve devant elle. Il a un visage familier, mais elle n'arrive pas à faire le lien avec une de ses connaissances. N'est-il pas indélicat de solliciter une dame de la sorte sans se présenter ?

— Vous avez raison, je manque à mes devoirs. Mais comme je vous le disais, vos réflexions personnelles m'ont interloqué. Êtes-vous réellement en train d'étudier la question des sentiments amoureux perchée sur une échelle à quelques centimètres du sol ? s'amuse l'homme.

Il ne semble pas décidé à se présenter, ce qui agace particulièrement Solène qui n'apprécie pas qu'on l'ait dérangé dans ses recherches. Et comme à son habitude dans ce genre de situation, elle se braque et ne maitrise plus son langage.

— Est-ce que cela vous pose réellement problème, Monsieur ? On m'a donné l'autorisation d'être ici et pour ma part je ne vous autorise pas à juger du bien-fondé de mes lectures. De plus je ne connais toujours pas votre identité. Veuillez, je vous prie, vous annoncer, sinon j'appelle le personnel à mon secours.

— À votre secours !? Vous sentez-vous autant en danger en ma présence Mademoiselle ? Je vous en prie, convainquez-moi du contraire.

L'homme s'est maintenant approché de la fenêtre qui donne sur le parc et regarde au loin d'un air rêveur. Solène en profite pour l'observer plus attentivement. Il a fière allure. Ses cheveux bruns un peu longs forment des petites boucles dans le creux de son cou. Il est grand et semble fort autant par la largeur de ses cuisses que par la taille de ses mains. Ses déplacements sont sûrs et imposants, la jeune femme suit chacun de ses mouvements jusqu'à ce que son regard croise de nouveau le sien. Il lui donne l'impression de vouloir lire dans ses pensées, mais lorsqu'elle veut résister à cette emprise, elle est surprise de constater qu'elle reste pétrifiée, ou plutôt happée.

— Donc, Mademoiselle, reprend-il, que cherchez-vous dans cette bibliothèque ? Ne devriez-vous pas occuper votre temps à des ouvrages de broderie, la musique ou encore la promenade ?

— Je pense que la lecture est un passe-temps bien plus intéressant, Monsieur, s'offusque Solène.

— C'est bien la première fois que j'entends une jeune femme s'exprimer ainsi. J'ai plutôt l'habitude de côtoyer des demoiselles naïves et dénuées de conversations. Ce qui ne me dérange pas vraiment soit dit en passant, précise-t-il en se chuchotant à lui-même.

— Et bien sachez Monsieur qu'il existe également des femmes qui apprécient la lecture, les découvertes et l'étude des choses de la nature par exemple.

— Manifestement. Et donc vous étudiez l'amour ?

Solène descend de son échelle, un livre contre sa poitrine et l'homme se rapproche d'elle maintenant. Le bruit de son manteau dans cette pièce si calme fait frissonner la jeune femme.

Elle ressent de nouveau cette sensation d'emprise, elle a peur et en même temps elle ne veut pas fuir. L'homme lui prend le manuscrit d'entre les mains en lui frôlant légèrement les doigts. Un frisson lui parcourt le bras et le visiteur s'en rend compte. Il semble ne pas être surpris de cette réaction et sourit même devant le désarroi de Solène.

— Vraiment vous avez peur de moi ma chère ? lui demande-t-il en la voyant prendre rapidement de la distance avec lui.

— Pour la dernière fois, qui êtes-vous, Monsieur ? questionne Solène tremblotante

— Baptiste D'Allaincourt, déclare-t-il

Solène s'apprête à faire une légère révérence ens'annonçant également lorsqu'elle comprend.

Liberté et destinée  [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant