Chapitre 6 - Jessica

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3e jour de thérapie

— Vous vous souvenez de ce que vous m'avez dit, ce jour-là ?

Mme Nichols quitte son bureau pour s'installer à mes côtés. Pour une fois, j'ai décidé de changer et m'asseoir sur le canapé, plutôt que sur le siège habituel.

Elle secoue doucement la tête.

— Je vois beaucoup de patients, tu sais. Certes je me souviens de détails, mais il va falloir que tu m'éclaires un peu plus.

Son sourire complice m'invite à continuer.

— Allez, raconte, dit-elle avec un clin d'œil encourageant. Ne sois pas trop cruelle avec moi.





Je me tenais devant la porte de votre cabinet, vous étiez en retard, comme toujours.

En temps normal cela ne m'aurait pas dérangé, mais ce matin-là, il était déjà dix heures et je devais retourner en cours peu après. Heureusement, le cabinet était situé juste à côté de mon lycée.

Je ne vous connaissais que depuis peu, mais je vous appréciais déjà. Vous aviez accepté de me prendre en charge en secret, sans que mes parents ne soient au courant. Je me rappelle encore le moment où vous avez accepté ma demande, j'étais si heureuse je vous aurais sauté dans les bras si vous les aviez ouverts.

Dès le début, je me suis sentie à l'aise avec vous. Lorsque je vous parlais, vous souriiez en permanence, peu importe ce que je racontais. Vous m'avez donné le sentiment d'être écoutée pour la première fois de ma vie. Je vous avais déjà parlé d'Anna, parce que je vous faisais confiance, et vous m'avez immédiatement rassurée en me disant que s'il arrivait quelque chose de semblable, vous me croirez et votre porte serait grande ouverte pour m'accueillir. Cette simple promesse avait renforcé l'idée que vous étiez bien plus compétente que M. Kelley et que vous cherchiez véritablement à comprendre vos patients.


Mme Nichols se racle la gorge.

— Jessica, qu'est-ce qu'on a dit ?

— Je n'ai pas pu m'en empêcher, désolée. Ses méthodes étaient différentes des vôtres... C'est mieux ?

Elle esquisse en sourire et m'invite à continuer.





Je m'en souviens comme si c'était hier. Vous portiez un costume bleu, mais ce n'est pas vraiment important. Après que vous m'ayez invitée à m'asseoir, vous m'avez présentez vos excuse pour le retard, expliquant que votre rendez-vous précédent avait pris plus de temps que prévu. Vous m'avez promis de faire vite pour que je puisse retourner au lycée à l'heure.

J'étais anxieuse, assise sur mes mains, tandis que vous aviez les coudes posés sur le bureau, la tête appuyée contre vos poings. Votre regard était rempli de bienveillance.

— Comment vas-tu ? m'avez-vous demandé.

— Je vais bien, merci. Et vous ?

Vous avez rigolé et vous êtes calée dans votre siège.

— Oh, tu sais, dure journée. Voiture en panne, j'enchaîne les rendez-vous, et pour couronner le tout, j'ai tâché mon super chemisier avec mon café.

— Je vous plains, ai-je dit en ricanant. Ça doit pas être facile.

Vous avez feint l'exaspération avant de retrouver votre sourire.

— Maintenant que je t'ai raconté ma journée, c'est à ton tour.

Un peu gênée, j'ai détourné le regard vers la fenêtre, évitant de croiser le votre, et j'ai plaisanté.

MeurtrieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant