Chapitre 2

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Paris, 10 février 1920,

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Paris, 10 février 1920,

Lorsque l'on était originaire d'un petit hameau provincial, les premiers jours à Paris représentaient une véritable épreuve, oscillant constamment entre l'émerveillement et le dégoût. Même Grenoble, dont Jean-François avait fréquenté les bancs de l'université, faisait figure de modeste bourgade à côté de la capitale. Le jeune homme s'imaginait parfois tel un explorateur, digne de Darwin, arpentant les artères labyrinthiques de Paris comme certains taillent leur sentier dans de lointaines jungles tropicales.

Certes, les édifices et la foule l'impressionnaient, mais que dire du bruit ? Le martèlement continuel des sabots qui frappaient le pavé chaque heure du jour et de la nuit l'assourdissait. La cacophonie anarchique des moteurs crachant une fumée noirâtre et nauséabonde le tourmentait. Les sollicitations horripilantes des vendeurs à la sauvette et les sifflets provocateurs des belles-de-nuit l'importunaient. En partie parce que, concernant ces derniers, il n'avait aucune idée de l'attitude à adopter. Son éducation puritaine et son instruction consciencieuse ne l'avaient pas préparé à cela.

Le Quartier latin, siège de l'élite scientifique du pays, paraissait plutôt calme en ce jour. Le froid matinal avait chassé les étudiants. Pourtant, c'était à peine si Jean-François en sentait la morsure. Ses préoccupations étaient toute autre.

Il arriva devant un portail de métal flambant neuf. Au-delà de ces grilles s'étendait l'Institut du Radium, objet de ses convoitises depuis le début de son entrée à l'université. Le jeune homme pénétra dans la petite cour pour se diriger vers la porte du laboratoire de radio-physiologie. Il allait frapper, mais se ravisa, vérifia son nœud papillon, lissa avec application ses moustaches brunes, et inspecta son costume gris. Après avoir dégluti, il leva la main pour se signaler, tout en prenant conscience de son pouls anormalement élevé.

La porte s'ouvrit à ce moment-là. Une femme menue d'une bonne cinquantaine d'années, vêtue d'un ensemble noir et austère, se trouvait face à lui. Elle examina le jeune homme statufié, sans mot dire. En comparaison avec son mètre quatre-vingt-dix, cette dame paraissait minuscule. Ses cheveux gris attachés en chignon dégageaient un visage qui avait dû être rond et plein de vie, mais une existence ascétique et consacrée au grand œuvre scientifique avait laissé son empreinte sur elle. Était-ce le prix à payer pour être devenue la première femme à mettre l'académie des Nobels à ses pieds ?

Le Nouvel ÉlémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant