La Révolution n'a pas eu lieu.
Un mystérieux minerai a été découvert pendant les années folles et le royaume de France en tire toute sa puissance. Cette manne providentielle a permis de véritables miracles, mais la fracture entre les élus qui maîtri...
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Paris, 15 janvier 2027,
Comment prendre conscience que sa vie vient de sombrer dans un marasme plus sombre que le plus obscur des caniveaux parisiens ?
Voler un mendiant des quais de Seine paraît une réponse acceptable.
Je ne réfléchis plus, c'est mon instinct de survie qui a pris le dessus. Après avoir descendu les toits en empruntant maladroitement les gouttières et balcons de la façade arrière de mon immeuble, ou plutôt « ex-immeuble », je me suis retrouvée dans une ruelle, haletante, en robe de chambre, le visage ravagé par les larmes, assommée par les évènements qui avaient dévasté ma tranquille existence.
Les sirènes alentour ne me laissèrent pas le loisir de m'apitoyer. Les forces de l'ordre avaient essayé de m'éliminer quelques minutes auparavant. Il me fallait un moyen de me soustraire à leur regard, au moins le temps de pouvoir analyser la situation et de comprendre dans quelle panade je me retrouvais. Je devais me débarrasser de cette tenue trop voyante.
Un amas de poubelles et de détritus jonchait le côté du bâtiment. Une silhouette était allongée non loin de là, dans la pénombre. L'homme était vêtu de haillons et semblait assoupi sous une épaisse couche de cartons en guise de couverture. Quelques guenilles étaient suspendues au-dessus de lui, étendues sur un tendeur faisant office de fil à linge.
Je décidai de m'en approcher silencieusement, en essayant de contrôler les frissons qui me parcouraient le corps. Le vagabond ne bougeait pas. En quelques pas, je me retrouvai à ses côtés, suffisamment pour entendre sa respiration sifflante.
Affolée, je tendis une main tremblante vers l'une des frusques suspendues, un long manteau qui dans une vie antérieure devait ressembler à un pardessus tout à fait acceptable. Avec une précaution infinie, je retirai le vêtement et me reculai pour examiner ma prise. L'hygiène de la chose n'était pas douteuse, elle était abjecte. Il y a quelques heures, je n'en aurais même pas voulu comme serpillière. Mais je me résolus à l'enfiler et me surpris à apprécier la chaleur salutaire qu'il me transmettait. Au moins, ma robe de chambre rose serait dissimulée.
