Chapitre 4

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Comment ne pas faillir à son rôle d'ami protecteur lorsque notre dite amie et son parfum vanillé à la bergamote se tient à quelques millimètres de vos lèvres, ses iris reflétant un désir à mourir sur-le-champ ?

Comment, je vous le demande.

En se comportant en connard.

La porte d'entrée claque et sa silhouette satinée fuit par l'embrasure. Je me sens misérable. Le café entre mes mains a refroidi et dans un geste rageur, je le jette dans l'évier.

Qu'est-ce que j'étais sensé faire, hein ?

Je fulmine, ma main astiquant cette tasse avec bien trop de ferveur. Et ce qui devait arriver arriva ; la tasse cassa. Entre mes doigts.

Merde.

Je compresse ma plaie sanglante grâce au torchon de vaisselle qui ne devait pas être bien propre.

Un génie, tu es un génie Juan Perez.

La douleur s'intensifia après quelques minutes et le bout de tissu semblait à présent volontairement teint en bordeaux.

La paume contusionnée, je sortis donc de mon logement à la vitesse de la lumière pour rejoindre celui de la voisine qui m'ouvrit avec autant de passion que si elle avait affaire à un voleur.

— Bonjour Madame Pedersen, je...

— Oh juste ciel !

Elle couvrit ses lunettes vert bouteille de ses deux mains dégarnies, comme outrée par ma présence.

— Habillez-vous, habillez-vous, voyons !

Ah, ça.

— En fait, j'ai besoin de votre aide pour me prodiguer les premiers soins. tentais-je

Un doigt ridé après l'autre, elle déboucha sa vue puis finit par pousser un hurlement d'horreur face à mon membre meurtri.

— Mon tapis ! Mon tapis ! Il est imbibé d'hémoglobine, mais zut alors, ne restez pas plantez là ! Vous aggravez la situation.
Seconde porte à droite : la salle de bain.
Attendez-moi sans toucher à rien, le temps que je nettoie mon pauvre paillasson, mon préféré, celui qui m'accueille chez moi depuis au moins dix ans. se lamenta t-elle

Malgré son air affolé, elle ne sembla pas plus se préoccuper de mon sang qui coulait toujours abondamment et traçait un chemin funèbre jusqu'aux sanitaires.

Une véritable scène de crime, je vous le dis.
Et quand je pense que dans l'affaire, ce serait moi le tueur de la petite vieille.

Les dents serrées pour retenir un grognement de douleur, je sentais mes muscles se contracter en réponse, tendant chaque parcelle de ma peau au point d'élargir la plaie déjà béante.

Calme-toi Juan. Tranquille.

La poche arrière de mon jean vibra, sortant la pauvre victime que j'étais de sa bulle méditative.

Est-ce qu'il est arrivé quelque chose à Zara ?!
Merde, je savais que j'aurais dû la raccompagner.
Je suis stupide.

Je décroche, le combiné instablement tenu dans ma main non-dominante :

《 — Juan, tu es le pire connard de la Terre.

Bonjour à toi aussi.

— Écoute Mathilde, je suis désolé mais ce n'est pas le moment...

— Tu n'as jamais été désolé Juan, pas plus lorsque tu m'as trompé que lorsque tu me devais des explications !
Je t'ai attendu pendant trois heures hier soir, gémit-elle, mais tu ne m'as jamais rejointe et lorsque j'ai demandé au barman s'il avait eu vent de ta présence ; devine ce qu'il m'a rétorqué ?

Tu es parti avec une autre femme avant mon arrivée ! Alors oui, bien sûr que ce n'est pas le bon moment ! Cela ne l'est jamais pour ceux qui couchent avec d'autres femmes que la leur ! 》

Des pas disgracieux s'approchèrent et la silhouette sénile de ma voisine s'imposa :

— Bon, Môsieur le blessé de guerre, à nous.

Je raccroche au nez à ma correspondante comme si j'avais le feu aux fesses et tends ma paume blessée à la nouvelle arrivée.

— Merci. bredouillais-je ailleurs

Mathilde. Mathilde. Mathilde. Mathilde. Mince.

•••

Alors comme ça Juan à plusieurs facettes  ?

J'avoue avoir hésité à faire son point de vue mais l'information croustillante en valait la peine 🤗

À demain, Luna ☀️

Je suis humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant