Chapitre 6

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Aujourd'hui, le ciel pleure.

Des gerbes d'eau s'échouent sur le rebord de ma fenêtre que je fixe, morne.

Plus rien n'a d'importance hormis cet horizon gris qui supplie le soleil de revenir.

Il est midi et toujours en pyjama licorne bleu pastel, je contemple le vide de ma vie.

Mes mouvements turbinent à trois à l'heure tandis que mes yeux peinent à chasser le sédatif ingurgité plus tôt dans la nuit pour enfin s'endormir.

Pourquoi la tristesse existe t-elle ?

Nul doute que cette conversation mentale aurait pu durer des heures si seulement un idiot trempé jusqu'au os n'avait pas sonner à ma porte.

— Juan. Quelle bonne surprise. m'exclamais-je en ouvrant le battant

Ses pupilles noires passèrent au crible mon corps et il secoua nonchalamment la tête, propulsant des gouttes de ses cheveux à mon parquet -comme un vulgaire chien-.

Querida, tu sais que je n'ai rien contre les soirées déguisées mais celle-ci n'en ai pas une, tu sais.

— Quelle soirée ?

— Anniversaire de Mads, ami en commun... Tu t'en souviens ? soupira t-il

Merde.

— Finalement, je n'y vais plus. Le temps m'a découragé. soupirais-je en pointant ma fenêtre

— Tu en es certaine ? Parce que cela te ferait un bon moyen de décompresser

Il n'a pas tort le boug.

Quelques coups de mascara plus tard, je finis d'appliquer mon rouge à lèvres, Juan toujours derrière la cloison de la salle de bain.

— Tu n'as pas bientôt fini ? râla t-il comme un gosse en voiture

— Si, c'est bon, c'est bon. J'arrive.

Perchée sur de hauts talons argentés, je le rejoins enfin, non plus en pyjama licorne mais dans une robe ajustée de la même couleur.

Ses cils papillonnèrent et il sembla prêt à me dire un mot quand aussi sec, il ferma sa bouche et me conduisit à la fête. En silence. Durant tout le trajet.

— Tout va bien ? m'enquis-je néanmoins à un feu rouge

— Oui.

Froid, rapide, efficace.

— Ça n'a pas l'air. me moquais-je en fixant ses phalanges sur le point d'exploser tant elles serraient fort le volant.

— Mêle-toi de ton joli petit cul.

Je me racle la gorge, pour le coup coite et nous arrivons enfin au lieu de rendez-vous.
Tout paraît paisible dans cette demeure au premier abord, mais si vous fixez vraiment bien le parking jonché de voiture ou l'herbe grouillante d'étudiants en pétard, vous comprendrez.

Ici, la fête bat son plein.

Docilement, je marche sur les pas de Juan, comme si je n'étais pas déjà venue moi-même au moins une dizaine de fois.
Je crois que ses larges épaules qui se pavanent devant moi me rassurent.

J'ai un roc auquel me raccrocher.

— Hey ! Mais qui voilà ! Juan Perez et la plus sublime fille du coin ! Alors mec, tu as enfin officialisé ?

Le maître des lieux se tenait avachi dans le hall, un bras sur une rambarde d'escalier et l'autre sensuellement enroulé autour d'une taille de guêpe.

— Arrête de dire des conneries Mads et retourne vomir ton trop-plein d'alcool. rétorqua mon cavalier à présent pour sûr bien irrité.

Sans hésitation, je lui pince méchamment les côtes.

— Merci de nous avoir invité Mads. Un très joyeux anniversaire à toi. corrigeais-je mieilleusement

Puis, aussi rapidement que possible, nos silhouettes prirent la poudre d'escampette pour aller recueillir des rafraîchissements en touts genres dans la cuisine.

— Juan, bière ?

— Non merci. Je n'ai pas soif.

Sa voix m'indiqua qu'il n'avait toujours pas décoléré pour je ne sais quelle raison et je fus bien tentée d'apaiser mon ami mais une jolie brune s'invita dans la pièce, un sourire jusqu'aux oreilles et le ventre plus gros qu'un airbag.

Ma respiration se bloqua et le moment présent s'effaça pour ne laisser place qu'à mes cauchemars enfouis depuis six ans :

《 — Maman, je suis enceinte. sanglotais-je

— Pardon ?

Son regard impitoyable toisa mon corps frêle pour s'arrêter sur mon ventre.

— Répète petite sotte !

— Je suis enceinte...

— Avorte !

Le ton était sans appel.

— Je ne peux pas.

— Je suis ta mère Zara Hernandez, tu me dois obéissance ! Tu m'entends ?!

Sa main aiguisée agrippa une poignée de mes cheveux frisés, et je lâchais un cri bestial.

— Ton père était un homme bon et tu l'as tué, il est hors de question que cette chose survive à sa place !

—Je ne peux pas, gémis-je encore, tant de souffrance physique que mentale, ce sont des jumelles.

— Oh miséricorde !

Elle abandonna enfin mes mèches mortes, avalant difficilement sa salive :

— Elles vont tout détruire, voler ce que j'ai créé : ton magnifique corps va devenir gonflé et dysharmonieux et tu ne t'en prendras qu'à toi-même.
Sors de chez moi. ajouta t-elle

—Mais je...

—Sors ! 》

Ma mère a pleuré ce jour-là.
Mais sûrement pas autant que moi, seule, à la rue, enceinte de mon propre père.

La pluie s'était calmée dehors mais la tempête venait elle, à peine de ravager mon visage.
Et c'est ainsi, épuisée par mes souvenirs et meurtrie de l'intérieur que je m'évanouis, au milieu de cette soirée d'anniversaire.

•••

Beaucoup de révélations d'un coup, certaines plus ou moins floues...

Mais que cachent encore nos protagonistes ? 🤭

Rendez-vous aux chapitres suivants pour le savoir 😊

Amicalement, Luna

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 29 ⏰

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