Chapitre 3

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Je m'éveille lentement, lovée dans une couette ma foi bien confortable, quelques mèches collant à mes joues.  La lumière tamisée enflamme à peine mes iris à coup sûr soulignés de mascara dégoulinant.

Le silence matinal se heurte à un ronflement régulier qui emplit la chambre, rendant l'atmosphère réconfortante.

Ouf, je ne suis pas tombée sur un psychopathe.

Désireuse de reprendre au plus tard le fil de ma vie, je reste dans ce lit moelleux, allant jusqu'à me nicher contre le bel inconnu encore endormi. Il grogna comme surpris de ma présence tandis que d'une main douce, j'effleure ses boucles brunes.
Sa tête enfoncée paresseusement dans l'oreiller blanc m'attendrit plus que je ne voudrais l'admettre et métamorphosa mon cœur en un essaim de papillons.

— Mais comment diable fait il pour dormir sur le ventre ? murmurais-je

Ses omoplates étaient dessinées par la légèreté de la literie allant jusqu'à dévoiler la respiration soupirante qui abaissait sa cage thoracique signe que ses rêves étaient parfaitement agréables.

Au moins, certains ont droit à de beaux fantasmes.

Un gargouillement sonore me ramena à moi, mon ventre réclamant sa dose de caféine.
Je m'extirpe donc des draps une jambe après l'autre, ma peau se couvrant immédiatement de chair de poule.                                                                                    En effet, mon épiderme nu ne semblait guère apprécier les températures hivernales danoises et c'est alors que je dus noter ma tenue identique à la veille, ma robe mauve bien en place.

Il faut vraiment que je revoie ma manière de batifoler.

Ma mémoire me jouant des tours, je me sentais légèrement vaseuse ce qui confirma l'essentialité de ma quête nommée : machine à café ! Vite !

Il fallait avouer que cet appartement était propre et bien rangé.
Le couloir que je longe est décoré de multiples cadres photo, l'un représentant un garçonnet qui cuisine avec son père, l'autre une boule de poils blanche aboyant gaiement et cætera...
L'envie de chercher du regard une quelconque présence féminine me titilla, mais par respect, je refrène ma curiosité mal placée.

— Fais comme chez toi surtout.

Grave, voilée comme polie sur les bords, cette voix appartient à...

— Juan ?

Je fais volte-face pour confronter mon regard cacao au torse athlétique de mon ami, tout juste couvert d'un bas de jogging, sa tignasse sûrement bien emmêlée par ma faute.

— Désolée, rosis-je, je cherchais la cuisine et...

— Relaxe querida, tu peux admirer Juan junior autant que tu le veux. En attendant, je vais préparer le petit déj, wienerbrød, ça te dit ?

Je me pourléchais les babines d'avance.

— Toi, tu sais comment parler aux femmes.

— Surtout aux morfales dans ton genre. me taquina t-il

— Ah ah ah, très drôle.

Je le suivis bougonne jusqu'à la pièce voisine où d'un mouvement de tête, il m'invita à m'asseoir sur un fauteuil de velours bleu.
Pendant ce temps, il s'activa aux fourneaux me laissant m'émouvoir de sa grande carrure qui me cajolait avec de bons petits plats.

Pour passer les minutes, je lui offris mon aide dans la préparation de nos cafés fumants.
Même si ce n'était sûrement pas une idée de génie étant donné l'étroitesse de l'espace de circulation et nos corps qui se frôlent malencontreusement à chaque mouvement esquissé.

— Zara je vais commencer à croire que tu me fais du rentre-dedans. lança t-il au bout du troisième accrochage de manière innocente, mais la pique trouva sa cible puisque je me mis à frémir à son contact.

— Écoute, je ne sais pas ce que nous avons partager cette nuit mais à mes yeux tu restes un ami et...

—Tout doux, nous n'avons rien fait. m'interrompit-il, si ce n'est que je t'ai ramené à l'appart' car tu étais épuisée et trop inconsciente pour continuer à flirter avec un imbécile.

— Je...

— Il n'y a pas mort d'homme, trancha t-il encore, nous avons dormi chacun de notre côté. Tiens, c'est prêt.

J'accepte l'assiette qu'il me tend, honteuse d'être à l'origine de cette tension accumulée de si bonne heure.

— Merci.

De mes dents tremblantes, je mordille ma lèvre inférieure non-certaine de la démarche d'excuses à suivre.

Pourquoi je gâche tout à chaque fois ?

— Hey querida, son genou s'entrechoqua au mien, ne te fais pas de bile. Tout va bien.

Il sourit, caressant ma nuque du dos de sa main chaude.

— Tu te souviens la première soirée à laquelle nous nous sommes rencontrés ?

— Celle sur la plage ?

— Ouais, tu étais tellement ivre que tu m'as confondu avec le frère de ton amie.

— Et je t'ai passé le savon du siècle.

— Carrément ! rit-il à gorge déployée, mais je ne t'en ai jamais tenu rigueur.

Il embrassa ma tempe.

— Parce que tu devais avoir une bonne raison pour défoncer ce mec.

— J'étais une vraie tigresse.

— Je n'aurai pas dit mieux.

Son regard devint électrique, attisant chaque parcelle de mes joues cramoisies.                                     

Il est un ami, clarifia ma bonne conscience en litanie. Un ami !

Mais l'expresso que je sirotais goulûment ne rendait que plus fiévreux mon désir de consolation corporelle en enflammant ma langue déjà meurtrie.

Un ami.

Que ressentons-nous lorsque l'on se perd dans des bras de quelqu'un, sans remords, sans peur ?

Mais écoute moi, non ? se désespéra franchement ma voix intérieure

— Je te ramène chez toi ?

La magie se brisa comme une boule de cristal. En mille morceaux. Droits dans le cœur.

— Non, rassure-toi. Il vaut mieux que je rentre à pied. Seule.

•••

La réécriture me démange mais promis, je vais tenir bon 😂☀️

Luna

Je suis humaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant