ARTISTA [EN PAUSE]

Chapitre 7 | Dette éternelle

BONNE LECTURE !

Falling — Harry Styles

Kara

Je le regarde dans l'incompréhension. Je ne comprends pas.

— D-des œuvres ?

— Ouais, ma cargaison. Où il l'a foutu, hein ? Tu dois forcément savoir, entre deux pipes ça se dit ce genre d'infos non ?

Je n'ose toujours pas lui dire que je n'ai eu aucune relation mais même si je le faisais il ne me croirait pas.

— Je n'en sais rien !

Sa mâchoire se contracte. Il se lève et s'approche dangereusement de moi. À quelques centimètres de mon visage, le sien me fusilla du regard.

Je vois qu'il n'a plus la patience de m'écouter, pourtant, je ne dis que la stricte vérité.

— Dis-moi, tu veux souffrir ?

— Non ! Je regrette mais je ne sais vraiment rien... Je ne travaille même pas à plein temps dans ce foutu bar ?!

— Arrête de te foutre de ma gueule. Un week-end c'est déjà suffisant pour avoir ce genre d'informations. Où. Est. Ma. Putain. De. Livraison.

Pour une raison que j'ignore, probablement l'adrénaline, je le regarde droit dans les yeux. La peur au creux de mon estomac ne s'estompe plus depuis mon arrivée.

— Les seules œuvres que je vois, ce sont les miennes. Je sers des verres et ça s'arrête là, je ne sais rien, rien du tout à propos de ce...

Ma mâchoire se contracte, j'aurais dû quitter ce maudit boulot.

Une idée me vient, subitement, comme une illumination. J'ouvre les yeux, après des jours ici.

C'est des œuvres qu'il veut ?

— Je peux en faire.

Un rire mesquin se fait entendre. Ce n'est pas seulement lui, mais le chien de garde qui tient ma porte en joug aussi.

— Ce n'est pas parce que tu es dans une école de qualité que tes œuvres le sont. Tu n'es personne. Tu entends ça ?

Il cherche à me détruire, évidemment qu'il ne va pas valoriser mes pensées retranscrites par le biais de ma créativité.

— L'art est abordable pour tout le monde, il suffit juste d'être ouvert d'esprit.

Son sourire disparaît. Son sérieux refait surface. Son expression devient plus dure, comme s'il s'apprêtait à me réprimander.

— Il n'y a pas de limite, ni d'échec dans l'art. Même si le succès parvient des années plus tard, il finit par arriver. Mort ou vivant, l'art se transmet dans les générations qui se succèdent et laisse une trace indélébile dans ce tableau qu'est le monde.

Ses yeux m'analysent en silence tandis que le rire du garde continue de résonner.

— Qu'est-ce que tu en sais toi de l'art, tu n'as encore rien vu. Me dit-il.

— Ce n'est pas seulement voir en quelque chose, c'est aussi le ressentir. J'ai vu très peu d'œuvres mais mon esprit est suffisamment renseigné pour en créer. Il suffit d'avoir un peu d'imagination et...

Je n'avais pas remarqué mais ses yeux ont divagué sur le mur l'espace d'un instant. Observant les croquis que j'ai fait à la va vite avec ce crayon très mal taillé...