ARTISTA [EN PAUSE]

Chapitre 10 | Test

BONNE LECTURE !

Young - Vacations

Kara

— C'est une belle toile. Je vous en donne 100 000.

Les voix derrière cette porte me font trembler. Je m'éloigne parce que je refuse d'entendre à quel prix il décidera de vendre l'œuvre sur laquelle j'ai passé des jours à peindre.

Je tremble de colère. Parce qu'il m'utilise pour son profit, alors que ce n'est pas à moi de rembourser les dettes de cet enfoiré de patron.

Je suis en colère contre Diego, contre lui. Je ne sais même pas comment il s'appelle alors que ça fait bien des jours que j'erre dans une seule et unique pièce pour exprimer mon art.

Encore et encore.

Une porte claque. Il fait rapidement son apparition. Ma pièce est juxtaposée à son bureau, du moins je suppose. Une porte nous sépare...

— 475 000 euros. Je pensais que c'était médiocre, mais au final ça plaît à certains.

Ses pas claquent contre le sol.

— Kara ? Me demande-t-il en voyant que je ne le regarde toujours pas.

Je n'ai même pas envie de croiser son regard. Des larmes de frustration glissent le long de mes joues.

475 000 euros.

Ce que j'aurais pu gagner mais que je ne toucherais jamais. Autant d'argent alors que je travaillais dans le but de me faire 1600 voire 1700 euros.

La vie ici est tellement chère... Et lui se fait autant d'argent avec un simple tableau ?

— Tu n'es pas d'humeur aujourd'hui.

— Comme chaque jour en votre présence. Je crache rageusement.

— Je te fais tant d'effets que ça ?

— Effet indésirable ? Oui.

Un rire malsain se fait entendre.

— Trêve de colère. Aujourd'hui tu vas m'accompagner.

— Je n'irais nulle part.

— Commence déjà par me regarder quand tu me parles.

Je tourne la tête pour le confronter.

— Ne me regarde pas avec autant de colère. Ça me donne envie de continuer à t'enfermer ici.

— Alors continuez, je n'irais nulle part !

Sa marche est lente dans ma direction. Lorsqu'il arrive tout juste face à moi, il me regarde de sa hauteur.

— Tout juste un mois, et tu me vouvoies encore. Kara, on a dépassé ce stade.

Ce stade ? Il n'y a aucun stade entre nous.

— Si tu n'es pas d'humeur à parler je repasse plus tard, lorsque t'auras décidé de te calmer.

L'espace qui sépare nos deux visages me rend folle, je pourrais bien lui mettre un coup de tête. Mais je crois que je supporterais moins la douleur que lui...

— Tu ne parles pas beaucoup en ma présence. Alors que dans mon dos, tu n'hésites pas à cracher tout ce qu'il te vient en tête.

Comment sait-il ?

— Tu es surveillée. Chacun de tes gestes sont vus et entendus. Alors je t'en prie, exprime ta pensée, je ne serais plus surpris.

— Je veux m'en aller.