La fuite

Chapitre 5 : Une rencontre aux côtes fracassées

Bon, bon, bon... Deux contre quatre... Le match n'aurait pas pu être plus équitable. Qui plus est, les crocs acérés des loups et leurs tailles ne leur accordaient aucuns avantages, voyons. Comment étions-nous sensés nous défendre face à cela. Nan, mais sérieusement ! Il n'avait pas été simple de se débarrasser de mon vieux copain Big Red Eyes, alors quatre loups n'en parlons pas.

Poignarder un homme en plein cœur n'était déjà pas chose aisée, alors un loup, bon courage.

Je choisissais tout de même de ne pas faire part de mon défaitisme à nos adversaires et dégainais mon arme. Meredith sembla en faire de même et sorti sa hache de sa ceinture.

En réponse, des grognements provenant des quatre créatures me parvinrent.

Si nous voulions avoir une chance de les atteindre, nous devions mettre pieds à terre. Cependant, me retrouver face à face avec un de ces métamorphes ne me faisait nullement envie. Je ne me laissais pas le temps d'y réfléchir, et accompagnée par Meredith, je sautai de ma monture et m'élançais sur le plus proche des quatre. Bien évidemment, il avait fallu qu'il soit aussi le plus gros, puisque la chance était toujours de mon côté. Mon adversaire à mon grand désarroi en fit de même. Je m'attendais à ce qu'il profite de mon attaque pour essayer de me déchiqueter les mollets, pour autant il avait pris la décision de me sauter dessus. Sans les crocs, on aurait pu croire à une peluche géante qui attendait les enfants pour les câliner, mais je n'étais pas une enfant, et les bruits que faisait le loup m'assuraient qu'il était bel et bien vivant au cas où j'en aurais douté.

Le choc fut particulièrement désagréable et mes pauvres petites côtelettes, encore fragilisées par l'incident Big Red Eyes n'avaient pas apprécié la rencontre avec le sol. Désormais, le loup me surplombait de toute sa hauteur, et son poids sur mon corps n'était pas une partie de plaisir. Faut dire que pour une peluche, il était vachement lourd, le bougre. Alors que je tentais vainement d'extirper mon épaule de sous sa patte afin de pouvoir me défendre et utiliser ma dague sur mon adversaire, un grognement provenant de sa mâchoire se fit entendre.

Alors que j'attendais un coup de crocs de sa part, j'entendis différents bruits de craquements, puis un homme aussi grand que les deux autres prit la place de l'imposant loup. Toujours très lourd au passage. Mes côtes ne s'en remettraient définitivement pas facilement. Les pauvres nécessiteraient différents types de soin, et pour s'en remettre la convalescence ne s'annonçait pas de tout repos. 

Je ne comprenais pas pourquoi il avait pris la décision de se métamorphoser, mais j'en profitais pour le repousser après lui avoir assené un coup de coude dans les côtes.

- Et oui, mon ptit pote, œil pour œil, dent pour dent.

Je n'étais pas rancunière, mais... Nan, c'était un mensonge, j'étais rancunière, voir très rancunière et mon nouvel ami allait le découvrir. On ne fracassait pas mes adorables côtelettes sans en payer le prix.

Cependant, l'homme était vif et avant même que je puisse me relever, je me retrouvais de nouveau à terre, cette fois le visage dans le sable. La sensation était tout sauf appréciable et j'essayais désespérément de me séparer de la poigne qui enserrait désormais mes deux poignets, mais rien ni faisait. L'homme était bien trop puissant et bloquait chacun de mes mouvements.

-Tu vas arrêter de bouger, oui ! Écoute au moins ce que j'ai à te dire.

- Si tu crois vraiment que je vais t'écouter énumérer les raisons pour lesquelles tu veux m'égorger, merci, mais je préférais me faire retirer les reins à la fourchette.

- Ça t'en arracherait un de ne pas être têtue pendant un inst...

Je ne lui laissais pas le temps de finir sa phrase avant de libérer ma jambe et lui administrer un nouveau coup dans l'aine. Mon attaque avait visiblement été efficace puisque j'entendis mon assaillant grogner et relâcher sa poigne de fer. Quitte à se faire écraser par quatre loups, autant leur donner quelques souvenirs.